Airbus se prépare à accroître son empreinte à Mirabel avec la construction d’un centre de livraison pour les A220, un chantier de plusieurs dizaines de millions de dollars, a appris La Presse. L’avionneur européen importe au Québec un outil utilisé dans ses autres centres de production dans le monde.

Ce projet en est à ses balbutiements, mais la multinationale a obtenu toutes les autorisations nécessaires pour aller de l’avant. Le coût des travaux pour la structure est estimé à environ 44 millions de dollars et le maître d’œuvre du chantier est Magil Construction. Ce montant ne comprend pas tout ce qui concerne l’outillage de ce nouveau complexe. L’investissement total pourrait être plus élevé.

L’actionnaire majoritaire de l’ex-C Series de Bombardier ne cache pas son intention d’agrandir les installations situées dans les Laurentides.

« Notre accélération de cadence de production est connue, dit la cheffe des communications d’Airbus Canada, Annabelle Duchesne. Oui, nous avons des projets d’agrandissement du site. Nous allons procéder à des annonces en temps opportun. »

Pour les constructeurs d’avions, un centre de livraison est l’endroit où une compagnie aérienne devient officiellement propriétaire d’un appareil. Ce processus se concrétise au terme de plusieurs jours d’inspections et de vols. On inspecte par exemple l’intérieur de la cabine et la peinture pour repérer les défauts et effectuer les retouches.

À Mirabel, cette étape se fait à l’intérieur des hangars actuels. Étant donné qu’Airbus ambitionne de produire mensuellement 14 avions à Mirabel et à Mobile (Alabama) d’ici 2025 – année où l’A220 doit en principe sortir du rouge –, l’avionneur a besoin d’espace supplémentaire consacré à l’assemblage d’appareils.

Décision récente

Puisque ce projet d’expansion verra le jour sur les terrains de l’Aérocité internationale de Mirabel, le constructeur d’avions avait besoin du feu vert d’Aéroports de Montréal (ADM), lequel a été obtenu le 10 juillet dernier. L’organisme à but non lucratif a conclu que le bâtiment n’aurait pas d’« effets négatifs importants sur l’environnement ».

D’après nos informations, le hangar du centre de livraison, qui pourra accueillir deux appareils, aura une superficie d’environ 48 000 pieds carrés (4460 mètres carrés). On prévoit aussi y aménager une « annexe de bureaux » de quelque 12 250 pieds carrés (1138 mètres carrés) sur deux étages. Le hangar devrait être équipé d’installations électriques et mécaniques et d’un système de récupération d’huile, notamment. Il n’a pas été possible d’obtenir plus de détails pour l’instant. On peut cependant présumer que de nouvelles embauches seront nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des activités.

L’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), qui représente les salariés d’Airbus à Mirabel, n’avait pas eu vent du projet sur lequel travaille Airbus. Informé des détails entourant ce nouveau centre de livraison, l’agent d’affaires Éric Rancourt a indiqué que le syndicat comptait suivre ce dossier de près.

« Nous n’avons pas toutes les informations, mais c’est certainement quelque chose qui sera abordé dans les négociations entourant le renouvellement de la convention collective après la saison estivale », a-t-il indiqué, au cours d’un entretien téléphonique.

Le contrat de travail des membres de l’AIMTA à Mirabel vient à échéance à la fin de l’année.

Un autre outil

Ce centre de livraison constitue un deuxième investissement d’envergure effectué par Airbus à Mirabel en peu de temps. À l’hiver 2022, l’avionneur de Toulouse avait inauguré une chaîne de préassemblage à Mirabel. Cet espace sert notamment à installer le câblage électrique, les planchers et d’autres modules dans les fuselages qui se retrouvent ensuite sur les chaînes d’assemblage.

L’augmentation de la cadence de production de l’A220 est essentielle à la rentabilité de ce programme dans lequel le gouvernement Legault a remis 380 millions l’an dernier. Les difficultés d’approvisionnement donnent cependant des maux de tête à Airbus, qui semble avoir des difficultés à appuyer sur l’accélérateur. En 2022, 53 exemplaires de l’A220 avaient été remis à des clients, soit seulement 3 de plus que l’année précédente.

Cette année, les six premiers mois se sont également déroulés sous le signe de la stagnation. De janvier à juin, les livraisons sont demeurées identiques à la même période il y a un an, soit 25 appareils.

Avec la collaboration d’André Dubuc et de William Leclerc, La Presse

On modernise aussi des installations en aéronautique à Mirabel

Moins connu qu’Airbus, le fabricant de pièces Sonaca Montréal a aussi des projets dans les cartons. L’entreprise modernisera son usine de Mirabel dans le cadre d’un projet totalisant 12,3 millions. Elle aura un coup de pouce d’Investissement Québec – le bras financier de l’État québécois – qui lui prêtera jusqu’à 2,8 millions. « Cet appui du gouvernement du Québec va permettre à Sonaca Montréal d’augmenter sa capacité de production, d’améliorer sa productivité et de réduire son empreinte environnementale », affirme le directeur général de Sonaca Montréal, Jean-François Quinton. L’effectif de la société est d’environ 220 personnes. Environ 45 personnes devraient s’ajouter grâce au projet de modernisation. Sonaca Montréal fabrique des pièces d’aérostructure de grande dimension comme des panneaux d’aile et d’empennage. Elle compte notamment Bombardier, Gulfstream, Embraer et Boeing parmi ses clients.

En savoir plus
  • 1,3 milliard
    Investissement initial de Québec dans l’ancienne C Series
    Source : gouvernement du Québec
    25 %
    Pourcentage du programme de l’A220 qui appartient à l’État québécois
    Source : gouvernement du Québec