L’action de Logistec s’est appréciée de près de 30 %, mardi, en réaction à la mise sur pied d’un comité spécial chargé d’évaluer les options stratégiques de l’entreprise montréalaise de services maritimes et environnementaux.

Un actionnaire institutionnel n’a pas caché sa surprise d’apprendre que l’actionnaire de contrôle de Logistec – la famille du fondateur – est maintenant disposée à vendre ses actions.

« Je ne m’attendais pas à ça du tout », dit le gestionnaire de portefeuille Stephen Takacsy, de la firme montréalaise Gestion Lester.

Stephen Takacsy dit toutefois connaître depuis un bon moment la frustration des actionnaires et de la famille Paquin devant l’évaluation du titre malgré la performance financière « intéressante » de l’entreprise. « Ça fait 17 ans qu’on détient le titre, et il n’a jamais été aussi bon marché. »

Cet expert affirme que l’entreprise est bien gérée, en plus de compter sur deux « super business ». D’un côté, il y a les services maritimes, de l’autre, les solutions environnementales.

« Ça vaut deux fois le prix lorsque tu regardes les comparables », soutient Stephen Takacsy.

Le titre de Logistec a touché son plus haut niveau en cinq ans durant la séance de mardi avant de clôturer à 55,75 $ à la Bourse de Toronto. Ce prix donne une valeur boursière de plus de 700 millions à Logistec.

Logistec a laissé savoir au début du long week-end que la famille Paquin a informé le conseil d’administration de son intérêt à vendre ses actions. C’est d’ailleurs une des filles de feu Roger Paquin – fondateur de Logistec – qui dirige l’entreprise.

La décision des Paquin d’exprimer leur intérêt à vendre a ainsi rapporté sur papier à la famille une soixantaine de millions en une journée. La participation de la famille dans Logistec vaut aujourd’hui approximativement 320 millions.

Plusieurs scénarios sont envisageables avec l’examen des options stratégiques.

La vente de l’entreprise en entier à un seul acheteur, la vente d’une seule division et la vente des deux divisions à deux acheteurs différents sont des possibilités.

Il va y avoir de l’intérêt. Il ne fait aucun doute.

Stephen Takacsy

Ce dernier précise que les infrastructures sont fortement demandées et que le secteur environnemental est « hot », c’est-à-dire qu’il a la cote en raison de l’attention grandissante accordée aux facteurs ESG (environnement, social et de gouvernance) par les investisseurs.

La division environnementale se spécialise dans la gestion des sols contaminés et du traitement de l’eau. « Logistec est dans un sweet spot », dit Stephen Takacsy.

« Les activités de Logistec peuvent générer encore beaucoup de croissance. Il y a de belles possibilités. »

L’action de Logistec vaut 80 $, selon lui.

Les investisseurs ne reconnaissent pas la « véritable » valeur, à son avis, pour plusieurs raisons.

Il souligne d’abord qu’aucun analyste n’offre le suivi officiel des activités et ajoute que Logistec demeure un titre de petite capitalisation dans un secteur « négligé » avec des activités mal comprises par les investisseurs.

Stephen Takacsy affirme que les investisseurs connaissent peu le secteur maritime et la gestion de terminaux portuaires. « Mais il s’agit d’infrastructures. Ça vaut cher. Mais c’est aussi peu excitant que l’arrimage, aux yeux de certains », dit-il.

Logistec a dégagé un profit net en hausse de 18 %, à 54 millions, en 2022 sur un chiffre d’affaires en hausse de 21 % qui a frôlé les 900 millions. Le milliard de dollars de revenus est à portée de main.

Perturbations

Le secteur des services maritimes a manutentionné des volumes de marchandises historiques l’an passé en raison des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement.

Les activités dans le secteur environnemental ont été bâties de presque zéro et génèrent aujourd’hui un chiffre d’affaires supérieur à 330 millions.

La famille Paquin cherche une façon de mieux refléter la valeur, selon Stephen Takacsy.

La liste des acquéreurs potentiels compte, d’après lui, des noms comme Waste Connections, Green for Life (GFL Environmental), Brookfield Infrastructure, des grandes caisses de retraite, des grandes entreprises américaines ou européennes ayant des technologies vertes, et même une entreprise de génie-conseil comme WSP.

Deuxième actionnaire en importance chez Logistec, derrière la famille Paquin, la Caisse de dépôt et placement du Québec est prête à collaborer au processus enclenché.

« Si les actionnaires souhaitent poursuivre dans cette direction, la CDPQ – dans son souci continuel de promouvoir des intérêts québécois – souhaite faire partie de la solution », commente simplement la porte-parole, Kate Monfette.

Madeleine Paquin dirige Logistec depuis 27 ans et est membre du conseil depuis 36 ans. Sa sœur Suzanne est aussi membre du conseil d’administration de Logistec depuis 36 ans et dirige une entreprise de transport maritime détenue en partie par Logistec. Leur sœur Nicole est, quant à elle, administratrice chez Logistec depuis 19 ans.

Logistec n’a pour l’instant pas l’intention de commenter, à moins que les circonstances ne le justifient.