Laboratoires Oméga, qui emploie 265 personnes dans la production de médicaments injectables génériques à Montréal, a été achetée par Juno Pharmaceuticals, une entreprise établie à Toronto.

Juno Pharma, dont les activités se limitaient jusqu’à présent à l’importation, devient ainsi un acteur assez considérable dans le marché canadien des médicaments génériques injectables (des produits utilisés couramment dans les hôpitaux pour de nombreux traitements).

« C’est notre première acquisition de brique et de mortier », a dit à La Presse Mark Mantel, PDG de Juno. « Avant l’acquisition, la part de marché d’Oméga était d’environ 10 %. Avec la part que Juno apporte, on est à approximativement 17 % pour les injectables », dit M. Mantel.

Juno a été fondée en 2011 et a pris de l’expansion récente au Canada en obtenant des licences d’importation pour des produits en risque de pénurie sur le marché canadien. Elle a des ententes d’approvisionnement avec des fournisseurs étrangers et a des activités au Royaume-Uni, en Australie et en Afrique du Sud, entre autres.

Investissements envisagés

Juno projette des « investissements substantiels » pour augmenter la capacité de l’usine montréalaise, afin de combler ce que M. Mantel appelle les « importantes pénuries de certains médicaments » injectables au Canada. Juno veut aussi fournir des solutions orales.

Selon lui, une centaine de médicaments de ce genre ont des problèmes d’approvisionnement récurrents au Canada. Il envisage de 10 à 15 embauches à Montréal d’ici 3 à 5 mois. À plus long terme, cela dépendra. Juno pourrait aussi investir ailleurs au Canada.

Juno envisage de lancer une centaine de produits au Canada pour la gestion de la douleur, des solutions orales, des vaccins contre les allergies, des produits pour le diabète et favorisant la perte de poids, en plus du lancement d’offres uniques touchant le secteur dentaire, cosmétique et de la santé animale.

Oméga vend déjà presque 100 médicaments génériques injectables différents, qui sont couramment utilisés dans les hôpitaux. Selon son président, le Montréalais Bruce Levins (qui devient directeur de l’exploitation de Juno), ses produits les plus connus sont l’octréotide, un médicament qui modère les nausées et autres effets secondaires digestifs des traitements oncologiques, et la naloxone, un médicament contre les surdoses d’opioïdes.

Prix d’achat non divulgué

Oméga, fondée à la fin des années 1950 par François Angers, avait été vendue en 2014 à l’américaine Sagent Pharmaceuticals, qui allait elle-même être acquise par la Japonaise Nichi-Iko en 2016.

La vente annoncée lundi est la seconde en moins de trois mois.

Nichi-Iko, qui a connu de lourdes pertes ces dernières années, a dû vendre ses opérations nord-américaines dans le cadre de sa restructuration l’hiver dernier. Sagent et Oméga ont été vendues le 1er mars à une société coquille de Singapour, Ellimist Singapore PTE, contrôlée par Ravi Penmetsa, un entrepreneur pharmaceutique indien. Ellimist était déjà en contact avec Juno pour lui revendre les actifs canadiens.

Le prix de la vente à Juno n’a pas été divulgué. M. Penmetsa conserve une participation minoritaire dans Juno, a indiqué M. Levins.

Selon la revue spécialisée Generics Bulletin, Oméga avait des actifs nets de 124 millions de dollars canadiens au début de l’année et avait généré des revenus annuels de 68 millions et des profits d’exploitation annuels de 3 millions en date du 31 mars 2023. Generics Bulletin ajoute qu’Oméga avait été vendue à Nichi-Iko pour environ 85 millions US en 2014.