(Saint-Eustache) Le contrat décroché par Nova Bus afin de livrer jusqu’à 1230 autobus urbains électriques aux sociétés de transports du Québec n’est pas uniquement gage de stabilité pour son usine de Saint-Eustache. C’est aussi une carte de visite unique pour le constructeur, qui espère continuer à accumuler les commandes pour son modèle LSFe+ entièrement alimenté à l’électricité.

« C’est sûr que nous sommes encore plus crédibles, lance la vice-présidente aux ventes et au marketing de l’entreprise, Mylène Tassy, en entrevue, lundi, après l’annonce officielle de l’entente. Ce n’est pas 10, 15 ou 20 autobus, mais 1229. C’est énorme ! Imaginez ce que cela fera pour les autres occasions que nous convoitons au Canada et aux États-Unis. »

Dans l’usine de Saint-Eustache, en banlieue nord de Montréal, les informations révélées par La Presse le 15 avril dernier ont été confirmées : un contrat d’environ 2,2 milliards afin de livrer des LFSe+ à neuf sociétés de transport – dont Montréal, Laval, Longueuil et Québec – ainsi qu’à exo, qui exploite des services d’autobus dans la région métropolitaine. La commande est financée à hauteur de 1,1 milliard par Québec, tandis que 780 millions proviennent d’Ottawa. Les sociétés de transport allongent ensemble près de 235 millions. La portion ferme du contrat concerne 339 LFSe+ et s’accompagne de 890 options.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le contrat à Nova Bus a été annoncé en conférence de presse. De gauche à droite : Marc Denault, président de l’Association du transport urbain du Québec et de la Société de transport de Sherbrooke, Christos Kritsidimas, chef des affaires juridiques chez Nova Bus, Benoit Charette, ministre québécois de l’Environnement, Dominic LeBlanc, ministre fédéral des Affaires gouvernementales, Geneviève Guilbault, ministre québécoise des Transports, et Éric Alan Caldwell, président du C.A. de la Société de transport de Montréal.

Les livraisons devraient débuter vers 2025 et s’échelonner sur deux ans.

Chez Nova Bus, qui a livré ses premiers modèles électriques l’an dernier, la commande, qualifiée d’« historique » par l’entreprise, tombe à point. Elle permet de maintenir plus de 700 emplois à Saint-Eustache en plus d’accélérer le virage électrique à l’intérieur de l’usine. On continuera de construire des modèles alimentés avec du carburant, mais les versions électriques prendront bientôt beaucoup plus de place sur la chaîne de montage.

« Il s’agit d’un changement de paradigme pour nous également, dit Mme Tassy. C’est l’aboutissement de ce que l’on fait depuis des années. »

Des mois d’attente

Le processus pour acquérir ce parc d’autobus électriques avait été mis en branle il y a environ un an par le gouvernement Legault. Québec exige un minimum de 25 % de contenu canadien et un assemblage final des véhicules au Canada, conformément aux accords commerciaux internationaux.

Avec des usines en banlieue nord de Montréal ainsi qu’à Saint-François-du-Lac, dans le Centre-du-Québec, Nova Bus dispose déjà d’une empreinte manufacturière dans la province. Pour Mme Tassy, ce n’est pas l’élément qui a permis au constructeur de se distinguer. À son avis, c’est la familiarité de certaines sociétés de transport – comme la Société de transport de Montréal (STM), le Réseau de transport de Longueuil et le Réseau de transport de la Capitale – avec la plateforme LFS qui a notamment pesé dans la balance.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Mylène Tassy est vice-présidente ventes et marketing chez Nova Bus.

« C’est une plateforme qu’elles connaissent, affirme la gestionnaire. Pour les exploitants de modèles hybrides, il y a déjà des sous-systèmes dans les autobus qui sont connus et exploités. »

Pour ce contrat, c’est la STM qui avait été désignée comme responsable de cet achat groupé. Près de la moitié des autobus urbains électriques seront par ailleurs livrés à cette dernière. Nova Bus affirme que ses autobus électriques contiennent plus de 25 % de contenu canadien, sans toutefois aller jusqu’à préciser le seuil en évoquant des raisons de concurrence.

L’accélération de la cadence de production des LFSe+ ne devrait pas entraîner d’importants réaménagements sur la chaîne de montage à Saint-Eustache. Deux stations ont été adaptées afin de répondre aux exigences de tout ce qui touche aux batteries, explique le constructeur. La séquence de l’assemblage devrait essentiellement demeurer la même.

Étant donné que les premières livraisons ne sont pas pour demain, la commande milliardaire ne devrait pas se traduire par des embauches chez Nova Bus. Le portrait pourrait toutefois changer dans quelques années si d’autres contrats s’ajoutent et que la cadence de production doit s’accélérer, souligne l’entreprise.

Lisez l'article « Mégacontrat pour Nova Bus »

Nova Bus en bref :

Création : 1993

Filiale de Groupe Volvo depuis 1997

Siège social : Saint-Eustache

Nombre d’usines : 3 (Saint-Eustache, Saint-François-du-Lac, Plattsburgh, aux États-Unis)

Effectif : plus de 1500 salariés

En savoir plus
  • 300 kilomètres
    Autonomie minimale des LFSe+ construits par Nova Bus avant une recharge
    source : nova bus