(New York) Wall Street a dirigé jeudi ses attaques sur une nouvelle banque régionale, PacWest, laminée pour avoir évoqué un possible rachat, prolongeant la crise du secteur qui dure depuis maintenant deux mois, sans espoir d’une issue rapide.

Sur la seule séance de jeudi, l’établissement basé à Los Angeles (Californie) a fondu de 50 % en Bourse. Sa capitalisation s’est érodée de près de 90 % depuis le début de la crise du secteur.

Elle suit, en cela, une trajectoire similaire à celle de First Republic, rachetée en urgence lundi par JPMorgan Chase, et est désormais considérée comme le nouveau maillon faible du système.

Pacific Western, ou PacWest, est la 53e banque américaine par la taille des actifs, évalués à 41 milliards de dollars fin 2022.

Dans sa chute, l’établissement a entraîné avec lui tout le secteur, jeudi, en particulier la banque de Phœnix (Arizona) Western Alliance (-38 %) et la texane Comerica (-12 %).

Western Alliance a démenti une information du Financial Times selon laquelle elle se serait mise en quête d’un acquéreur.

Dans la foulée des enseignes régionales Wells Fargo (-4,25 %) ou Bank of America (-3,12 %) ont aussi souffert. Des grands noms de la place qui ont pourtant tiré leur épingle du jeu depuis le début de la crise en attirant à eux des dizaines de milliards de dépôts venus des banques régionales.

« On n’a pas eu de période de calme après le rachat de First Republic », a relevé Edward Moya, d’Oanda. « La cible s’est déplacée d’une banque vers une autre et le secteur est en difficulté. »

« Il semble que la peur ait totalement pris le contrôle », a abondé Alexander Yokum, analyste de CFRA spécialisé dans les banques régionales. « C’est un cercle vicieux. »

Mercredi, après la clôture de la Bourse de New York, les dirigeants de PacWest ont indiqué, dans un communiqué, « examiner toutes les options stratégiques » et avoir été approchés « par plusieurs partenaires et investisseurs potentiels ». « Les discussions se poursuivent », ont-ils précisé.

Le message se voulait rassurant, PacWest indiquant ne pas avoir enregistré de retraits exceptionnels après le rachat, lundi, de First Republic par JPMorgan Chase, à la suite de sa prise de contrôle par les autorités américaines pour éviter une faillite.

Mercredi toujours, Western Alliance avait également affirmé ne pas « avoir enregistré de mouvements inhabituels sur ses dépôts » depuis lundi.

Spéculation

Au premier trimestre, PacWest a néanmoins vu ses dépôts fondre de 17 %, selon les résultats publiés la semaine dernière.

Pour Alexander Yokum, l’enseigne a contre elle, outre cette contraction de ses dépôts, le fait d’être basée en Californie et d’avoir pour clients de nombreux acteurs du capital-investissement, comme Silicon Valley Bank (SVB), dont la défaillance a provoqué la crise bancaire.

Outre SVB, trois établissements ont été fermés ou repris depuis début mars : Silvergate Bank, Signature Bank et First Republic.

Pour tenter de stabiliser le système, sans succès pour l’instant, l’Agence de garantie des dépôts (FDIC) a élargi l’assurance des fonds placés chez SVB et Signature au-delà du plafond ordinaire de 250 000 dollars par client et la banque centrale américaine (Fed) a créé un nouveau mécanisme pour prêter des liquidités aux banques régionales à des conditions favorables.

La frénésie est encouragée par le fait que beaucoup de banques régionales sont cotées, ce qui en fait des cibles faciles pour les spéculateurs. Selon la société spécialisée Ortex, les vendeurs à découvert, qui parient sur la baisse d’un titre, ont empoché jeudi environ 100 millions de dollars de profits en jouant contre PacWest.

« Cette crise bancaire est quelque chose avec lequel nous allons devoir composer jusqu’à la fin de l’année, voire au-delà », avance Edward Moya. « Il va y avoir plus de banques en situation de stress. »

Les tensions au sein du secteur bancaire accélèrent le durcissement des conditions de crédit, déjà à l’œuvre depuis le début du cycle de resserrement monétaire de la banque centrale américaine (Fed), l’an dernier.

« Et à mesure que le crédit prend un coup, cela va peser sur la croissance et plomber la confiance » des consommateurs, des entreprises et des investisseurs, prévient Edward Moya.

Le sentiment négatif sur les banques américaines a encore été accentué jeudi par l’annulation du rachat de l’établissement de Memphis (Tennessee) First Horizon par la canadienne TD Bank, annoncé en février 2022 pour 13,4 milliards de dollars.

Les deux banques ont justifié ce renoncement par l’incertitude concernant la validation de la transaction par les régulateurs.

First Horizon a très mal vécu ce coup de théâtre et son cours a plongé de 33 % sur la journée.