(Montréal) Inquiet pour la vitalité du centre-ville de Montréal, le grand patron de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, interpelle les gens d’affaires de la métropole.

« J’invite toute la communauté d’affaires à s’engager à faire vivre le centre-ville de Montréal. C’est une responsabilité partagée et je vous incite à l’honorer », a dit Laurent Ferreira vendredi durant une allocution prononcée devant les actionnaires de la banque réunis en assemblée annuelle.

« Je m’inquiète pour le centre-ville de Montréal », a-t-il précisé en entrevue après l’assemblée.

« Revenez à Montréal », demande-t-il à la communauté des affaires. « Le télétravail, on va se le dire, c’est une affaire de cols blancs. »

La communauté des affaires a une certaine responsabilité pour redynamiser le centre-ville, selon lui, parce que l’écosystème en dépend. « Les restaurateurs, cafés, etc. ne peuvent pas survivre à trois jours par semaine. »

Un meilleur équilibre est à son avis requis entre le travail au bureau et à la maison. « Si les gens reviennent au centre-ville pour travailler en moyenne 80 % du temps, ça va être mieux à long terme. Si on traîne dans une fourchette de 30 à 40 %, je ne crois pas que les plus petits commerçants peuvent survivre avec ce type de trafic. »

Alors que la Banque Royale – plus grosse banque au pays — demande à ses employés de travailler de trois à quatre jours par semaine au bureau à partir du 1er mai, la Banque Nationale maintient ses lignes directrices en matière de télétravail qui stipulent que les employés doivent passer un minimum de 40 % de leur temps de travail au bureau. « Mais on encourage de plus en plus nos équipes à revenir », dit Laurent Ferreira.

Le gestionnaire ajoute que ce n’est cependant pas « one size fits all ». « Ça dépend des équipes. Certaines sont ici à 100 %. D’autres, moins souvent. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Laurent Ferreira

La direction de la banque dit observer que beaucoup d’entreprises ont des politiques de télétravail bien en deçà des lignes directrices proposées par la banque.

Laurent Ferreira souhaite un effort collectif, mais aussi envoyer un message d’appui aux petits commerçants.

Déménagement au nouveau siège social

Le grand patron de la Banque Nationale espère que le déménagement des employés de l’institution financière montréalaise dans le nouveau siège social à partir du mois de juillet contribuera à redynamiser le centre-ville.

La construction du bâtiment érigé à l’angle de la rue Saint-Jacques et du boulevard Robert-Bourassa tire à sa fin et le nouvel édifice sera baptisé « Place Banque Nationale ».

L’organisation aura 7000 postes de travail à offrir en partage à 12 000 employés dans son nouvel édifice de 40 étages, un projet de plus d’un demi-milliard de dollars d’abord annoncé en 2018.

Discipline observée

Laurent Ferreira soutient par ailleurs que le contexte économique actuel au pays ne l’inquiète pas. Il parle d’une « période d’adaptation » à la hausse des taux et dit observer une certaine discipline chez le consommateur.

« On voit une baisse des dépenses discrétionnaires. On voit les dépenses pour des voyages encore un peu élevées, mais les soldes de cartes de crédit sont plutôt à la baisse. C’est un bon comportement parce que les paiements mensuels seront plus élevés pour ceux qui sont appelés à renouveler leurs hypothèques d’ici 2025 », souligne-t-il.

« On va passer au travers », ajoute le dirigeant en parlant de la capacité de la population à traverser la période inflationniste actuelle.

On a du monde qui travaille. On a encore un contexte où la plupart des entreprises cherchent des employés. Tant que le monde a un travail, on va y arriver.

Laurent Ferreira, président et chef de la direction de la Banque Nationale

Il s’attend bien entendu à une baisse de la croissance économique avec la hausse des taux d’intérêt, « mais comme pays et comme province au Québec on a une position favorable et assez résiliente », dit-il.

Changements au conseil

Des changements sont apportés au conseil d’administration de la Banque Nationale. Il comptera dorénavant un membre de moins, alors que trois administrateurs quittent l’organisation : Pierre Thabet, Jean Houde et Andrée Savoie. Deux nouveaux visages les remplacent : la PDG de Transat, Annick Guérard, et le grand patron du constructeur Pomerleau, Pierre Pomerleau.

Membre du conseil depuis cinq ans, Robert Paré devient le nouveau président du conseil à la suite du départ de Jean Houde.