Glencore met la table à une expansion de son complexe de la mine Raglan, à la limite nord du Québec, où l’on exploite du nickel, du cuivre et du cobalt. Augmentation de l’effectif, construction de nouvelles chambres et augmentation de la production d’énergie renouvelable pour réduire la consommation de diesel : c’est ce qui est au menu si les visées de la multinationale se concrétisent.

Selon nos informations, le propriétaire de ce complexe minier situé au 62e parallèle nord a présenté, au cours des dernières semaines, les grandes lignes de son plan à ses employés. Affilié à la FTQ, le syndicat des Métallos, qui représente quelque 650 salariés de l’endroit, a aussi eu droit à des présentations.

Cela survient un peu plus de sept mois après la fin d’une grève qui a temporairement paralysé les activités à la mine pendant environ trois mois.

Invitée à commenter les intentions de Glencore, sa porte-parole, Amélie Rouleau, n’a pas réfuté les ambitions de croissance de l’entreprise. Sans fournir de précision sur le contenu des informations divulguées, elle a pris soin d’ajouter qu’il n’y avait « rien de concret » et que la compagnie était « en étude ».

« Avec seulement 15 à 18 % de la propriété explorée, nous cultivons de hautes ambitions, a indiqué Mme Rouleau à La Presse. Toutefois, nous voulons prendre le temps de bien planifier les prochaines étapes liées aux opportunités de croissance. »

Le syndicat des Métallos n’a pas voulu commenter la réflexion de Glencore.

Déjà du nouveau

Située au Nunavik, à environ 1800 kilomètres au nord de Montréal, la mine Raglan s’étend sur près de 70 kilomètres d’est en ouest et se compose d’une série de gisements, selon le portrait brossé par l’Association minière du Québec. Ses activités ont démarré en 1997 et trois mines souterraines de nickel sont actuellement exploitées.

Glencore est toujours en période d’investissement de sa phase 2 pour mettre en service une nouvelle mine, la « Mine 14 », en février 2024. Cette étape devrait assurer la poursuite des activités pour au moins 15 ans, affirme l’entreprise.

À l’heure actuelle, on traite 1,5 million de tonnes de minerai annuellement pour produire quelque 40 000 tonnes de concentré de nickel. Cette production est acheminée à la fonderie de Glencore située à Sudbury, en Ontario, avant de prendre la route de la Norvège pour être transformée en métaux de haute qualité.

L’an dernier, la production a été moins importante, avec 24 230 tonnes de concentré de nickel.

Le nickel se retrouve également dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques. La demande pour ce métal blanc argenté est donc appelée à augmenter alors que Québec et Ottawa jettent les bases d’une chaîne de fabrication des batteries.

Penser au logement

Une expansion de la mine Raglan nécessiterait une mise à niveau. Il y a plus de 900 chambres sur place pour héberger les employés qui alternent les semaines de travail sur les sites (fly-in fly-out). Les « installations sont maximisées », reconnaît Mme Rouleau.

« Cet enjeu présente aussi un risque de perte d’opportunité de croissance, dit-elle. La croissance passe avant tout par un rehaussement de nos infrastructures. »

La porte-parole de Glencore ne s’est pas avancée sur l’ampleur de ce qui pourrait être aménagé, mais un chiffre supérieur à 400 chambres aurait été avancé, toujours selon nos informations.

En raison de leur emplacement géographique, les installations de la multinationale au Nunavik ne sont pas raccordées aux réseaux d’électricité ou de gaz naturel. Le site est notamment alimenté par des génératrices qui consomment du diesel. En 2018, le complexe minier s’était doté de sa deuxième éolienne, d’une hauteur de 90 mètres, afin de produire de l’énergie renouvelable.

Les deux éoliennes qui se trouvent sur le site permettent de répondre à environ 10 % des besoins énergétiques de la mine Raglan. Reste à voir si l’entreprise optera pour l’ajout d’éoliennes ou évaluera d’autres options, comme l’énergie photovoltaïque.

Avec André Dubuc, La Presse

En savoir plus
  • 1300 personnes
    Effectif à la mine Raglan en tenant compte des employés non syndiqués.
    Source : mine raglan
    5 ans
    Durée de l’actuelle convention collective à la mine. Les hausses salariales totaliseront 19,8 %.
    source : syndicat des métallos