Trente-deux millions de dollars en salaires et bonis, en hausse de 52 % sur un an. C’est le montant de la rémunération consentie par Loblaw à ses dirigeants en 2022, lors d’un exercice financier marqué par la forte inflation du prix des aliments qui a propulsé les revenus et bénéfices à des niveaux record.

À lui seul, le président du conseil et chef de la direction de Loblaw, Galen G. Weston, membre de la richissime famille qui contrôle l’entreprise, a été rémunéré à hauteur de 8,4 millions en salaire et en bonis versés en actions, en options et en incitatifs financiers.

Cette rémunération totale est supérieure de 55 %, ou 3 millions de dollars, au montant comparable de l’année précédente.

Quant au numéro deux, Robert Sawyer, qui est chef de l’exploitation, la valeur de sa rémunération totale s’élève à 9,35 millions, en hausse de 25 % sur un an.

Pour la deuxième année d’affilée, Robert Sawyer est le plus hautement rémunéré parmi les dirigeants de Loblaw. La valeur de ses bonis a augmenté de 14 %, mais c’est le bond de 50 % de son salaire de base – de 666 667 $ à 1 million – qui se démarque parmi les éléments de sa rémunération.

Par ailleurs, c’est au chef de la direction financière, Richard Dufresne, que revient la palme de la plus forte hausse de valeur de rémunération en 2022.

Comptabilisée à 5,47 millions dans la circulaire de direction, cette valeur est trois fois plus élevée que celle inscrite un an plus tôt. Toutefois, une bonne partie de cette hausse est attribuable aux changements de la « prise en charge » de la rémunération de M. Dufresne entre Loblaw et son entreprise de contrôle, Weston, établie par la famille du même nom.

Ces informations sur la rémunération totale des dirigeants de Loblaw sont extraites de la circulaire de direction du géant canadien des supermarchés (Provigo et Maxi au Québec) et des pharmacies (Pharmaprix au Québec).

Cette circulaire est l’un des principaux documents préparatoires en vue de la prochaine assemblée annuelle des actionnaires de Loblaw, qui aura lieu le jeudi 4 mai en mode virtuel seulement pour la quatrième année d’affilée.

Comité parlementaire

Par ailleurs, cette assemblée d’actionnaires surviendra deux mois après la comparution des dirigeants des trois plus grands détaillants en alimentation au Canada, Loblaw, Empire (IGA, Sobeys) et Metro (Super C, Adonis, Jean Coutu), devant le Comité permanent de l’agroalimentaire à la Chambre des communes.

Ces audiences avaient été convoquées pour discuter des causes et des effets de l’inflation particulièrement élevée – à plus de 11 % en janvier – du prix des aliments depuis deux ans.

Devant les parlementaires fédéraux, les dirigeants des grands épiciers canadiens ont soutenu que l’inflation des prix des aliments n’était pas causée par un gonflement des prix en magasins, mais qu’il s’agissait plutôt des conséquences d’un phénomène mondial.

Par conséquent, ont-ils plaidé, il serait faux de prétendre que les grands épiciers sont responsables de la hausse des prix des aliments au Canada.

« L’idée que les épiciers sont à l’origine de l’inflation alimentaire est non seulement fausse, c’est impossible », a déclaré Galen G. Weston, président du conseil et président de Loblaw, après avoir mentionné aux parlementaires que les prix des aliments avaient augmenté « 25 fois plus vite » que les marges bénéficiaires sur les produits alimentaires.

Dans ses résultats de fin d’exercice 2022, Loblaw avait déclaré des revenus totaux en hausse de 6 %, à 56,5 milliards.

De ces revenus record, Loblaw a dégagé un bénéfice d’exploitation en hausse de 13 %, à 3,34 milliards, ainsi qu’un bénéfice net par action (dilué) en hausse de 5,5 %, à 5,75 $.

Pendant ce temps, malgré une année difficile en Bourse, les actionnaires de Loblaw ont bénéficié d’un rendement total (prix+dividende) à hauteur de 17 % entre le début et la fin de son exercice au 31 décembre 2022.

Les millions des patrons de supermarchés en 2022

Loblaw (enseignes Provigo, Maxi, Pharmaprix au Québec)

– 32 millions en salaires et bonis parmi cinq hauts dirigeants (+52 % sur un an) – 9,35 millions pour le chef de l’exploitation, Robert Sawyer (+25 %) – 8,4 millions pour le président du conseil et chef de la direction, Galen G. Weston (+55 %)

Metro (enseignes Metro, Super C, Adonis, Jean Coutu au Québec)

– 13,1 millions en salaires et bonis parmi cinq hauts dirigeants (+4 % sur un an) – 5,36 millions pour le président et chef de la direction, Eric R. La Flèche (+6,8 %) – 2,02 millions pour le vice-président exécutif, chef de la division de l’Ontario et de la chaîne d’approvisionnement nationale, Carmine Fortino (+5 %)

Empire (enseignes IGA, Bonichoix, Safeway et Sobeys en Ontario et au Québec)

– 20,4 millions en salaires et bonis parmi six hauts dirigeants (+11,6 % sur un an) – 8,65 millions pour le président et chef de la direction, Michael Medline (+15 %) – 3,67 millions pour le vice-président exécutif et chef de l’exploitation, Pierre St-Laurent (+46 %)

Sources : circulaires de direction des entreprises