Énergir ne branchera plus de nouveaux clients au gaz naturel traditionnel. Ses futurs clients auront le choix entre le gaz naturel renouvelable (GNR) ou la biénergie électricité-gaz naturel renouvelable.

Cette nouvelle stratégie, qui a pour but de réduire la consommation d’énergie fossile au Québec et d’accélérer la transition énergétique, sera mise en œuvre dès le printemps prochain pour tous les nouveaux clients, à l’exception des clients industriels, a précisé Stéphanie Trudeau, vice-présidente du distributeur gazier, lors d’un entretien avec La Presse.

La facture pourrait augmenter pour les futurs clients puisque le prix du gaz naturel renouvelable est trois fois plus élevé que celui du gaz naturel traditionnel. « Notre prétention, c’est que la société s’attend à ce qu’on réduise les gaz à effet de serre, pas qu’on en additionne, dit la dirigeante. Il y a un coût à la transition énergétique. »

Énergir branche entre 3000 et 3300 nouveaux clients résidentiels, commerciaux et institutionnels par année. Elle leur offrira désormais une solution 100 % GNR ou la biénergie, une combinaison électricité-gaz naturel renouvelable dont le coût sera moins élevé que le tout-électrique et même, dans certains cas, moindre que le gaz naturel fossile.

« C’est sûr que le gaz naturel renouvelable est une énergie plus chère, mais qui est très compétitive avec l’électricité », précise-t-elle.

Un petit commerce type dont la facture annuelle de gaz naturel traditionnel est de 7360 $ paierait 1400 $ de plus avec 100 % de gaz naturel renouvelable. Avec la biénergie, soit une consommation répartie à 70 % à l’électricité et à 30 % au gaz naturel renouvelable, ce client paierait moins qu’avant, soit 6710 $, selon les calculs d’Énergir.

Une résidence moyenne avec une facture de gaz fossile de 2240 $ par année paierait 2725 $ avec du gaz naturel renouvelable, mais pourrait réduire cette facture à 1710 $ avec la biénergie électricité-GNR, qui implique toutefois l’acquisition de nouveaux équipements.

On pense qu’on va perdre quelques centaines de ventes, mais on a bon espoir qu’on pourra garder la plus grande majorité de nos nouveaux branchements, qui deviendront carboneutres.

Stéphanie Trudeau, vice-présidente d’Énergir

L’entreprise, dont les actionnaires sont la Caisse de dépôt et placement et le Fonds de solidarité FTQ, estime que ses revenus et sa rentabilité ne seront pas affectés par sa décision de ne plus distribuer de gaz fossile à ses nouveaux clients.

Hydro-Québec versera une compensation financière à Énergir pour les clients qui choisissent la biénergie, une entente très critiquée notamment parce que la hausse du nombre de consommateurs de gaz naturel traditionnel au fil des ans était de nature à faire augmenter indéfiniment le versement de cette compensation.

La décision d’Énergir de ne plus offrir de gaz naturel fossile vient répondre à ces critiques, selon la dirigeante. « On va arrêter d’ajouter des volumes [de gaz fossile]. »

Des approvisionnements suffisants

Énergir veut que le GNR représente 10 % du volume total de gaz qu’elle distribue en 2030. L’entreprise est encore loin du compte, mais elle est sur la trajectoire pour y parvenir, assure Stéphanie Trudeau.

Avec le géant danois Nature Energy, Énergir prévoit investir 1 milliard au cours des prochaines années pour augmenter la production de GNR au Québec.

En attendant, 75 % de son approvisionnement en GNR vient de l’extérieur du Québec, notamment de l’Ontario et des États-Unis. Il y a cinq producteurs de gaz naturel renouvelable au Québec qui injectent du GNR dans le réseau d’Énergir, soit la Coop Agri-Énergie à Warwick, la Ville de Saint-Hyacinthe, le Centre de traitement de biomasse de la Montérégie à Saint-Pie, ADM Agri-Industrie à Candiac et la Société d’économie mixte de Varennes.

Énergir assure qu’elle pourra satisfaire sans problème la demande en GNR de ses futurs clients, qui devraient être plus nombreux à choisir la biénergie que la solution 100 % GNR. « Il n’y a aucun problème d’approvisionnement », assure Stéphanie Trudeau.

Il n’est pas possible de différencier les molécules de gaz naturel renouvelable et celles de gaz fossile, qui sont identiques. Énergir assurera « une traçabilité physique et comptable », et le GNR injecté dans son réseau sera attribué à chaque client qui en consommera.

Consultez l’article « Énergir continue de brancher de nouveaux clients »