(Calgary) La Pétrolière Impériale s’attend à des « rendements de plus de 10 % » grâce à son investissement de 720 millions pour construire ce qui sera la plus grande installation de diesel renouvelable au Canada, à sa raffinerie de Strathcona, a annoncé mardi le géant pétrolier.

La société établie à Calgary a annoncé la semaine dernière son intention d’aller de l’avant avec le projet en banlieue d’Edmonton, qui a été annoncé pour la première fois en août 2021, devrait produire 20 000 barils par jour de diesel renouvelable une fois terminé en 2025.

Le projet, qui utilisera des huiles végétales d’origine locale et de l’hydrogène à faible teneur en carbone pour produire un carburant à base de biomasse, contribuera à préparer l’Impériale à la transition énergétique en diversifiant son portefeuille pétrolier, a expliqué l’entreprise.

Mais les dirigeants ont indiqué mardi aux analystes, lors d’une conférence téléphonique au sujet des résultats du quatrième trimestre de la société, que le projet serait également une source de revenus à part entière.

« Il n’y a rien dans le fait qu’il s’agisse d’un projet de diesel renouvelable, ou rien de lié à la conformité réglementaire, qui suggère, de quelque manière que ce soit, que son taux de rendement sera inférieur à (celui de) notre portefeuille », a affirmé le vice-président de l’Impériale pour les activités en aval, Jon Wetmore.

« C’est très, très concurrentiel, et c’est au sommet de notre portefeuille. »

L’Impériale avait indiqué en mars 2022 qu’elle s’attendait à ce que sa proposition d’installation de diesel renouvelable coûte environ 500 millions. Les coûts ont augmenté depuis, en partie à cause des pressions inflationnistes sur la main-d’œuvre et les matériaux, mais aussi parce que l’Impériale a ajouté une logistique ferroviaire au projet.

Le président de l’Impériale, Brad Corson, a affirmé que si cela augmentait le coût total du projet, cela permettrait également à l’Impériale d’atteindre plus de marchés.

« Je peux vous assurer que c’est un rendement très robuste », a-t-il souligné.

« C’est un rendement de plus de 10 % et il rivalise très bien avec les autres projets de notre portefeuille, qui sont en concurrence pour le capital et, par conséquent, la raison pour laquelle nous avons pris (cette décision d’investissement). »

Ces commentaires interviennent alors que l’Impériale a célébré un bénéfice au quatrième trimestre qui a plus que doublé par rapport à l’année précédente, aidé par une solide performance opérationnelle dans l’ensemble de ses activités.

Profits plus que doublés

L’Impériale a affiché mardi un profit trimestriel de 1,73 milliard, soit 2,86 $ par action, ce qui se comparait à un bénéfice de 813 millions, ou 1,18 $ par action, pour le quatrième trimestre de 2021.

Le total des produits et autres revenus pour la période de trois mois a atteint 14,45 milliards, alors qu’ils avaient été de 12,31 milliards un an plus tôt.

Grâce aux prix élevés des matières premières en 2022, l’Impériale a réalisé un bénéfice de 7,34 milliards pour l’ensemble de l’exercice, le plus élevé de l’histoire de l’entreprise. Elle a également généré des rendements record pour les actionnaires, grâce à une augmentation de 63 % de son dividende et à plus de 6 milliards en rachats d’actions.

« Nous fermons les livres sur ce qui a été la meilleure année de l’histoire de l’entreprise, un contraste frappant avec les défis auxquels nous avons été confrontés il y a à peine deux ans, au plus profond de la COVID », a affirmé M. Corson.

La production en amont a atteint l’équivalent de 441 000 barils de pétrole par jour au quatrième trimestre, par rapport à celle de 445 000 barils par jour pour la même période en 2021. La production des activités de raffinage a pour sa part atteint en moyenne 433 000 barils par jour au plus récent trimestre, un résultat en hausse par rapport à celui de 416 000 barils par jour un an plus tôt.

L’Impériale a également annoncé mardi un objectif à l’échelle de l’entreprise visant à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 pour l’ensemble de ses actifs exploités, pas seulement pour les sables bitumineux.

La société a expliqué qu’elle voulait atteindre cet objectif grâce à « une collaboration avec le gouvernement et d’autres partenaires de l’industrie, un développement et un déploiement technologiques réussis et des cadres fiscaux et réglementaires favorables ».

En tant que membre de l’Alliance nouvelles voies, un consortium des plus grandes entreprises de sables bitumineux du Canada, l’Impériale s’était déjà engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre provenant de la production de sables bitumineux à zéro d’ici 2050.

L’Alliance nouvelles voies a proposé de construire un vaste réseau de captage et de stockage du carbone dans le nord de l’Alberta, qui pourrait voir les entreprises membres investir 16,5 milliards d’ici 2030.

M. Corson a expliqué que l’Alliance ne pouvait pas prendre de décision d’investissement finale sur ce projet tant que le gouvernement fédéral ne s’était pas engagé à un niveau de soutien financier qui mettrait les projets canadiens de captage du carbone sur un pied d’égalité avec ceux des États-Unis, où ils bénéficient d’incitations gouvernementales dans ce pays en vertu de leur loi sur la réduction de l’inflation.

Bien que le gouvernement fédéral ait déjà annoncé un crédit d’impôt à l’investissement pour les projets de captage du carbone, l’industrie souhaite également voir un soutien financier continu du côté de l’exploitation.

Cependant, M. Corson a souligné que le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial de l’Alberta comprenaient les problèmes et étaient déterminés à voir la proposition aller de l’avant.

« J’ai donc bon espoir que, si ce n’est pas dans le discours du budget, cela surviendra peu de temps après, et nous obtiendrons non seulement de la clarté, mais une résolution, et nous pourrons avancer sur ces projets », a estimé M. Corson.

Le secteur pétrolier et gazier de l’Alberta est le plus grand pollueur du pays, et même si les entreprises de sables bitumineux ont réussi à réduire leurs émissions par baril, les émissions totales des sables bitumineux ont plus que doublé depuis 2005 en raison de l’augmentation de la production.