Produire plus d’avions même s’il est toujours difficile d’obtenir certaines pièces, attirer de nouveaux employés et mettre la table à une négociation collective… Les chantiers ne manquent pas à Mirabel, où l’on assemble l’A220. Même si les turbulences pandémiques semblent être chose du passé, le président-directeur général d’Airbus Canada, Benoît Schultz, n’aura pas le temps de chômer. Tour d’horizon de ses principaux dossiers en 2023.

Trouver des bras

L’accélération de la production est essentielle à la rentabilité de l’A220, encore déficitaire. Plus de 2500 personnes travaillent sur le programme dans les Laurentides, dont quelque 1100 syndiqués dans l’usine. Il en faut plus. La chaîne d’approvisionnement retient l’attention, mais on ne doit pas négliger le recrutement, même si la main-d’œuvre est rare et qu’il y a moins de relève.

« Est-ce que c’est un élément à gérer ? Un élément prioritaire ? Oui, lance M. Schultz, en rencontre de presse, vendredi. Si nous ne sommes pas attractifs, que l’on n’attire pas les jeunes, on sera évidemment en difficulté. Oui, c’est un élément prioritaire. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Ligne de préassemblage de l’A220 à l'usine de Mirabel

Quelque 150 postes sont à pourvoir du côté de Mirabel. L’avionneur européen n’a pas encore atteint sa cible – annoncée en novembre 2021 – de créer 500 nouveaux emplois nets. On aura une meilleure idée de la trajectoire d’embauche le 16 février. La multinationale expliquera comment elle s’y prendra pour créer 7000 nouveaux postes en 2023. Le tiers des emplois devraient être créés à l’extérieur de l’Europe. L’an dernier, Airbus Canada anticipait 200 départs à la retraite (à un âge moyen de 65 ans) échelonnés sur cinq ans.

Montée en cadence

Ça ne s’est pas passé comme prévu l’an dernier. La preuve : 53 exemplaires de l’A220 ont été livrés – seulement trois de plus qu’en 2021. Airbus a cependant pu redresser la barre en fin d’année avec 19 livraisons au quatrième trimestre. Selon M. Schultz, c’est un signe que les choses rentrent lentement dans l’ordre. Airbus assemble actuellement six appareils par mois à Mirabel et Mobile. La multinationale française espère en produire mensuellement 14 d’ici 2025. Un autre pas devrait être franchi prochainement.

« On ne donne pas de chiffres par programme pour l’année, mais notre montée en cadence se poursuit, dit le patron de l’A220. L’activité ira au-delà de la cadence six. Le plan a été bien travaillé, mais il est difficile. »

Malgré une année turbulente en 2022 au chapitre de la production et des livraisons, l’échéancier des objectifs à atteindre pour le milieu de la décennie n’a toujours pas changé, assure M. Schultz.

Encore de la place

Avec 530 appareils dans le carnet de commandes, les créneaux de livraisons de l’A220 sont pleins pour plusieurs années. Pour l’ensemble des avions monocouloirs chez Airbus, ces créneaux sont complets jusqu’en 2029.

Malgré tout, on peut continuer à accepter des commandes pour l’ex-C Series de Bombardier, affirme le grand patron d’Airbus Canada. Celui-ci affirme que les clients pressés peuvent toujours se tourner vers les sociétés de location, comme Air Lease Corporation, qui ont déjà commandé des A220 et qui peuvent les offrir à des compagnies aériennes.

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Le président-directeur général Airbus Canada, Benoît Schultz

« Quand je dis que nous avons plusieurs années de visibilité [sur le carnet de commandes], cela ne veut pas dire qu’un client qui a besoin d’un avion doit attendre quatre ans avant d’en obtenir un. Il peut approcher des sociétés de location. »

La paix industrielle

M. Schultz veut attirer de nouveaux employés à Mirabel, mais il devra également négocier avec plus de 1000 salariés représentés par l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) qui assemblent les A220. Leur contrat de travail viendra à échéance au mois de décembre prochain. Les échanges se dérouleront dans un contexte où l’inflation demeure élevée. Cela pourrait se refléter dans les demandes salariales des syndiqués.

« On a un bon partenariat, répond M. Schultz, lorsqu’interrogé sur la question. Ce qu’on offre, c’est de l’activité de croissance, de l’activité qualifiée et des recrutements. Je pense qu’on a beaucoup à offrir. Quand on a un partenaire, on arrive toujours à trouver de bonnes solutions. »

Bombardier, qui a renouvelé les conventions collectives de quelque 2800 employés représentés par l’AIMTA et Unifor en 2022, avait offert une augmentation de salaire de 6,5 % pour la première année du contrat de travail.

Faire connaître le constructeur

Airbus Mirabel accueillait, vendredi, Manufacturiers et Exportateurs du Québec, qui terminait la tournée de sa deuxième Semaine du manufacturier. L’objectif consiste à promouvoir les occasions du secteur, où la rémunération horaire est d’environ 27 $. Il y a quelque 30 000 postes à pourvoir. « Parfois, les jeunes ne connaissent pas le secteur ou ont une mauvaise perception de celui-ci, affirme la présidente-directrice générale de l’association, Véronique Proulx. On pense à du travail manuel et répétitif alors qu’on automatise et qu’on robotise. »

En savoir plus
  • 25 %
    Participation de l’État québécois dans l’A220
    Source : gouvernement du Québec
    1,5 milliard
    Somme réinjectée dans le programme l’an dernier. Québec a mis 380 millions.
    Source : Airbus