La direction de Cogeco juge le cadre réglementaire « plus prometteur » qu’auparavant et soutient qu’elle reste déterminée à lancer un service sans fil. Mais il faudra néanmoins patienter encore avant de connaître les plans précis de l’entreprise québécoise de télécommunications.

« On a toujours dit qu’on voulait ajouter un produit si c’était une opération rentable et durable. On ne veut pas entrer dans un marché pour devoir se retirer comme plusieurs autres joueurs l’ont fait au Canada. Sept opérateurs sont entrés et ont dû se retirer dans les dernières années », a expliqué vendredi le grand patron de Cogeco, Philippe Jetté, au cours d’un point de presse.

Il dit tenter actuellement de comprendre comment rendre une telle opération rentable à long terme.

Il faut franchir les étapes une à la fois. Jusqu’en avril, on est dans une période où le CRTC va terminer ses travaux. On va tenter de comprendre le coût de location pour utiliser les réseaux des trois grands joueurs dominants au pays [Bell, Telus et Rogers]. On devra trouver à quel coût on pourra opérer en louant de l’accès sur ces réseaux. Bientôt on connaîtra ces tarifs-là. C’est ce qui déterminera les prochaines étapes et le plan de mise en marché pour le mobile.

Philippe Jetté, PDG de Cogeco

À ce moment-là, précise-t-il, « on pourra ajuster nos plans pour une entrée dans le marché sous le cadre des exploitants de réseaux mobiles virtuels ».

Philippe Jetté rappelle que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a présenté l’an passé un cadre réglementaire qui a créé un environnement propice, ou « plus prometteur », pour de nouveaux acteurs comme Cogeco.

Il souligne que dans le cadre de sa décision, le CRTC a introduit une nouvelle condition d’admissibilité, qui est d’offrir déjà « commercialement un service mobile sans fil quelque part au Canada » afin de pouvoir louer le réseau des titulaires. « Au cours des deux dernières années, Cogeco a graduellement commencé à développer les capacités de son réseau sans fil mobile », dit-il.

L’entreprise compte maintenant sur une équipe de 30 à 40 personnes affectées au sans-fil et la direction entend la bonifier au fur et à mesure que les informations deviendront disponibles.

Repli boursier

Les investisseurs ont pénalisé le titre de Cogeco Communications vendredi dans la foulée de la présentation de la performance financière de début d’exercice.

Cogeco Communications a généré des résultats intéressants, mais une révision à la baisse des projections financières pour l’exercice 2023 fait ombrage à sa performance.

La direction anticipe une baisse des taux de croissance des revenus en raison du nombre de clients moins élevé que prévu en Ohio (Cleveland-Colombus), du contexte économique et de l’intensification de la concurrence.

La hausse de l’inflation et des taux d’intérêt continuera d’exercer une pression sur les revenus, car certains clients chercheront des moyens de réduire leurs dépenses mensuelles, indique-t-on.

Les dirigeants notent qu’en partie en réaction à un marché plus difficile, certains fournisseurs de services de télécommunications ont adopté des stratégies et des prix plus audacieux.

Les revenus et les profits générés par Cogeco Communications au premier trimestre ont néanmoins dépassé les atteintes des analystes. Les revenus ont atteint 762 millions alors que le bénéfice d’exploitation s’est élevé à 367 millions. Les analystes anticipaient des revenus de 748 millions et un profit d’exploitation de 357 millions. Le bénéfice par action de 2,44 $ s’avère lui aussi supérieur aux attentes, qui s’établissaient à 2,31 $.

La perte d’un peu plus de 10 000 abonnés à l’internet aux États-Unis est attribuable en partie à l’intégration de WideOpenWest en Ohio. L’analyste Jérôme Dubreuil, de Valeurs mobilières Desjardins, indique toutefois que la perte nette d’approximativement 4000 abonnés à l’internet aux États-Unis concerne des clients de l’extérieur de l’Ohio, ce qui témoigne de l’impact du contexte concurrentiel et économique.

L’analyste Maher Yaghi, de la Scotia, note que la concurrence est également féroce au Canada et que l’intensification de la concurrence de la part de BCE affecte Cogeco de même que le phénomène du débranchement (cord cutting).

« Bien que le titre de Cogeco Communications ne soit pas cher, je continue de m’attendre à ce que les perspectives de croissance soient modérées en 2023, et je vois peu de potentiel pour réaliser des acquisitions aux États-Unis pour stimuler la croissance », dit Maher Yaghi.

En réaction, l’action de Cogeco Communications a cédé 11 % vendredi pour clôturer à 72,88 $ à la Bourse de Toronto.

L’analyste Vince Valentini, de la TD, s’attendait à une journée difficile sur les marchés même si, a-t-il dit, le titre escomptait déjà vraisemblablement une faible croissance pour 2023.