La multinationale Glencore fait une offre pour privatiser le Fonds de revenu Noranda, propriétaire de l’affinerie de zinc de Salaberry-de-Valleyfield. L’hôtel de ville souhaite que la nouvelle débouche sur des investissements dont l’usine vieillissante a grandement besoin.

Le hall d’électrolyse de l’affinerie doit être rénové, lit-on dans le communiqué annonçant la privatisation de Noranda, paru lundi. Le coût du remplacement complet des cellules et des ponts roulants requiert un investissement de 100 millions US, y est-il précisé.

« Notre souhait, peu importe la décision des actionnaires de Noranda, est que l’affinerie dispose des fonds nécessaires pour mettre à niveau l’ensemble de ses équipements, pérenniser les emplois et répondre aux plus hauts standards en matière environnementale », dit le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Miguel Lemieux, dans un entretien.

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Le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Miguel Lemieux

Construite en 1963, l’usine emploie plus de 300 travailleurs et est exploitée par une filiale de Glencore, Zinc électrolytique Canada (CEZinc). En incluant les sous-traitants, elle donne du travail à 2300 personnes directement et indirectement.

Le zinc sert notamment à fabriquer de l’acier galvanisé. L’affinerie de Salaberry-de-Valleyfield est la deuxième en importance en Amérique du Nord.

L’affinerie produit habituellement 265 000 tonnes de zinc par an. En 2022, toutefois, elle en a produit seulement 199 000 tonnes en raison des travaux d’urgence au hall d’électrolyse.

Le complexe industriel produit aussi de l’acide sulfurique, dont la moitié de la production est écoulée au Québec, soutient CEZinc sur son site web.

Connu pour sa fonderie de cuivre à Rouyn-Noranda qui a fait couler beaucoup d’encre en 2022, Glencore, qui détient déjà 25 % des droits de vote par le truchement de parts spéciales, offre de payer 1,42 $ au comptant par chaque part du fonds Noranda (NIF.UN, à Toronto, 1,40 $) pour une considération totale de 53,2 millions. L’offre représente une prime de 62 % par rapport au cours moyen pondéré en fonction du volume des 20 derniers jours ouvrables pour la période se terminant le 6 janvier.

L’offre de Glencore a reçu l’appui unanime du conseil des fiduciaires de Noranda, les membres liés au géant minier s’étant abstenus de voter.

Défi et risque de dilution avec le statu quo

Un rapport produit par Accuracy Canada évaluait la juste valeur marchande des parts de Noranda entre 1,24 $ et 1,94 $ au 31 décembre dernier. Accuracy juge l’offre de 1,42 $ « équitable » d’un point de vue financier pour les porteurs de parts prioritaires détenues par le public, sous réserve des limites énoncées dans son avis.

Le Fonds de revenu Noranda a été mis sur pied en 2002 avec l’objectif de distribuer des flux de trésorerie provenant de son affinerie aux détenteurs de parts. L’affinerie est son seul actif. Noranda a pu distribuer des fonds aux porteurs de parts de 2002 jusqu’en 2017.

Par la suite, les problèmes d’exploitation et d’approvisionnement ont limité les liquidités distribuables « et du fait des dépenses d’investissement à long terme que requiert le hall d’électrolyse, il est peu probable que le Fonds soit en mesure de recommencer à verser de telles distributions dans un avenir prévisible », lit-on dans le communiqué annonçant l’offre de privatisation.

Noranda justifie sa privatisation par la difficulté à trouver les 100 millions US requis pour le hall d’électrolyse. « L’obtention du financement pour ces réparations représentera un défi pour le Fonds », écrit Noranda. De leur côté, les porteurs de parts courent le risque de subir une dilution de leur avoir si Noranda procédait à une émission pour financer en tout ou en partie les réparations.

L’offre de Glencore doit recevoir l’aval des deux tiers des porteurs de parts, ainsi que l’appui d’une majorité simple des porteurs de parts prioritaires n’appartenant pas à Glencore. L’assemblée est prévue se tenir vers le 28 février.

En savoir plus
  • 302 millions
    Investissements dans l’usine de Salaberry-de-Valleyfield en 20 ans
    SOURCE : CEZinc