Mener une entreprise, c’est avant tout une affaire de stratégie. Des dirigeants révèlent quelques éléments de leur plan de match et de leur vision.

Accélérer la production d’autobus zéro émission sans délaisser totalement les modèles traditionnels alimentés au carburant : Nova Bus ne chôme pas alors que l’on prépare un important virage dans les réseaux de transport urbain nord-américains. La filiale du Groupe Volvo se dit capable de jongler avec les besoins de ses clients.

« On est dans la transformation électrique parce qu’on a un autobus maintenant déployé sur le marché », explique la vice-présidente aux ventes et au marketing de l’entreprise, Mylène Tassy, en entrevue. « Mais on est dans une année de transition parce qu’il ne faut pas oublier que les agences de transport doivent s’assurer que monsieur et madame Tout-le-Monde aillent du point A au point B. »

Le travail ne manque pas dans l’usine de Saint-Eustache exploitée par le groupe, qui en compte également une à Saint-François-du-Lac (Centre-du-Québec) et une autre à Plattsburgh (États-Unis). Au cours de la dernière année, Nova Bus a livré ses premiers modèles électriques LSFE+, dont l’autonomie peut aller jusqu’à une journée d’utilisation, au Canada ainsi qu’aux États-Unis. Le Réseau de transport de la Capitale (Québec), TransLink (Vancouver) ainsi que les villes de Milwaukee et de San Francisco sont les premiers exploitants des véhicules.

PHOTO FOURNIE PAR NOVABUS

Autobus électrique LSFE+ de Nova Bus

Au moment où le gouvernement provincial compte consacrer plus de 5 milliards d’ici 2030 et que les États-Unis souhaitent accélérer le déploiement d’autobus zéro émission au sud de la frontière, l’arrivée de la plus récente innovation de Nova Bus tombe à point.

« En ce qui a trait aux appels d’offres, nous sommes très occupés, souligne Mme Tassy, qui a joint les rangs de l’entreprise en mars 2021. Ce qui était plutôt une conversation en 2021 est devenu quelque chose de tangible où les instances gouvernementales, le public et les constructeurs se sont positionnés dans cette transformation. »

Plus que les livraisons

Ce virage vers l’électrification est accompagné d’un lot de défis. Nova Bus doit harmoniser l’accélération de la production des LSFE+ avec la demande des clients, en plus de s’assurer de former les travailleurs de l’usine pour qu’ils puissent assembler la version électrique de l’autobus.

On évoque souvent la vitesse à laquelle un constructeur peut livrer des autobus zéro émission, mais les clients ont également besoin de temps pour se préparer et apprendre à exploiter ces nouveaux véhicules.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Mylène Tassy, vice-présidente aux ventes et au marketing chez Nova Bus

« Les agences de transport doivent s’assurer de former leur personnel, que les garages soient remaniés pour la maintenance et d’avoir les infrastructures de recharge, dit Mme Tassy. Tout est lié. On doit s’assurer que l’on peut produire les autobus, sinon ça ne sert à rien. »

Selon la vice-présidente aux ventes et au marketing de Nova Bus, on retrouve un volet électrique dans environ 40 % des appels d’offres convoités par l’entreprise dans le marché nord-américain. Cela ne signifie toutefois pas pour autant que la production des modèles électriques dépassera celle des modèles alimentés au carburant.

La pandémie dans le rétroviseur

Après les mauvaises surprises provoquées par la pandémie, le constructeur d’autobus a visiblement repris du poil de la bête. La crise sanitaire avait incité les sociétés de transport collectif – qui représentent la quasi-totalité des revenus de Nova Bus – à annuler ou à reporter des appels d’offres. À Saint-Eustache, la cadence de production avait temporairement diminué.

Comme la plupart des entreprises manufacturières, Nova Bus n’a pas échappé aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et aux pressions inflationnistes, qui font grimper les prix. Certains contrats comportent des clauses d’ajustement des prix. Lorsqu’elles sont absentes, on tente de trouver un terrain d’entente avec les clients pour obtenir des assouplissements.

« On va voir nos clients, explique Mme Tassy. Il faut que l’on soit en santé pour qu’ils le soient aussi. C’est un travail d’équipe. »

Avec son usine de Plattsburgh, dans l’État de New York, Nova Bus est déjà implantée dans le marché américain depuis 2009. Mme Tassy estime que les investissements gouvernementaux prévus au sud de la frontière pour électrifier les réseaux de transport, combinés avec l’arrivée du modèle LSFE+ sur le marché, permettront au constructeur de Saint-Eustache d’accroître sa présence aux États-Unis, un marché environ cinq fois plus grand que le Canada.

Nova Bus en bref

  • Activité : construction d’autobus urbains
  • Usines : Saint-Eustache, Saint-François-du-Lac et Plattsburgh
  • Effectif : environ 1500 employés répartis dans l’ensemble des sites

Forces

  • Portefeuille de produits diversifié
  • Modèles bien implantés dans le marché
  • Équipe expérimentée à toutes les étapes du cycle (de la vente au service après-vente)

Faiblesses

  • Écope des pressions inflationnistes et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement
  • Dépend des sociétés de transport collectif, tributaires du financement public, pour des contrats
  • Du travail à faire pour accroître son exposition dans le marché américain
En savoir plus
  • 2004
    Année où Nova Bus est devenue propriété exclusive du Groupe Volvo
    Source : nova bus