Un garçon de moins de 14 ans a été « gravement blessé » dans un accident de travail au Village Vacances Valcartier ce printemps. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) tient son employeur responsable du « manque de formation et de supervision » des jeunes employés et remet 25 constats d’infraction au Village.

Le 4 juin, Léo* retire les feuilles mortes au camping du complexe récréotouristique de Saint-Gabriel-de-Valcartier avec son équipe. À quatre, ils se déplacent en autoquad – conçu pour deux personnes – auquel est attelée une remorque.

Alors qu’il se tient debout dans la caisse de chargement du véhicule en mouvement, le jeune travailleur est éjecté dans une courbe, indique le rapport d’enquête de la CNESST, rendu public jeudi. La remorque, qui pèse quelque 900 kg (2000 lb), lui passe dessus et il subit des blessures graves à la tête et au haut du corps.

Le cas de Léo n’est pas isolé. La Presse a révélé la semaine dernière que des centaines de mineurs de moins de 16 ans se sont blessés dans des accidents du travail ces dernières années au Québec.

Au Village Vacances Valcartier, « un peu plus de 175 » travailleurs sur près de 800 étaient âgés de moins de 14 ans en juin. Québec envisage de limiter le travail des enfants dans un projet de loi à venir en février.

« Pour plus d’une centaine d’entre eux, l’employeur n’avait aucune autorisation parentale signée », souligne la CNESST par communiqué.

Dans son rapport d’enquête, la CNESST rappelle qu’il est interdit de transporter un passager dans la caisse de chargement d’un autoquad, que les occupants doivent tous porter un casque et une ceinture de sécurité et que le conducteur doit être âgé d’au moins 18 ans et être titulaire d’un permis de conduire valide.

Pourtant, le conducteur de l’autoquad était mineur et n’avait pas de permis de conduire. Aucun travailleur ne portait de ceinture de sécurité ni de casque.

Les travailleurs n’étaient pas informés de ces obligations – ils n’avaient reçu aucune formation spécifique à la conduite de l’autoquad – et aucun casque n’était mis à leur disposition par l’employeur.

Lors d’une « journée d’accueil », la superviseure du camping « a donné la consigne verbale de ne pas embarquer dans la boîte de chargement de l’autoquad ». Elle était cependant absente le 4 juin et le chef d’équipe, qui n’était pas non plus formé, « embarque lui-même dans la boîte de chargement des autoquads », note la CNESST.

Obligation de savoir

« L’utilisation d’un autoquad est soumise à plusieurs exigences », résume la Commission. « L’employeur doit les connaître et la [Loi sur la santé et la sécurité du travail] lui impose de former ses travailleurs par rapport à celles-ci ainsi qu’aux risques inhérents […] Or, l’employeur ne l’a pas fait », tranche-t-elle.

Après l’accident, la CNESST a demandé au Village Vacances Valcartier d’élaborer « une méthode de travail qui tient compte des exigences de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) en lien avec la conduite de ce type de véhicule », ce à quoi s’est plié l’employeur.

La CNESST a également signifié 23 constats d’infraction relatifs aux normes du travail et 2 constats d’infraction en matière de santé et sécurité du travail au Village Vacances Valcartier.

Les montants exacts ne sont pas précisés, mais le total pourrait s’élever à plusieurs centaines de milliers de dollars.

Invité à réagir, le Village Vacances Valcartier a refusé de répondre aux questions de La Presse « par respect pour la personne blessée et ses proches ».

« La santé et la sécurité de nos employés et de nos visiteurs demeurent une priorité constante et nous entendons continuer d’y apporter toute l’importance nécessaire », indique l’employeur dans un communiqué. « Nous recevons le rapport dévoilé aujourd’hui et nous y apporterons toute la considération qu’il demande. »

* Prénom fictif pour protéger son identité.