(Ottawa) Un avocat de Shaw Communications a fait valoir mercredi que le dossier du Bureau de la concurrence contre le projet de fusion de l’entreprise avec Rogers Communications reposait sur de fausses hypothèses, et non sur la réalité.

Kent Thomson a affirmé mercredi, dans sa plaidoirie finale lors de l’audience du Tribunal de la concurrence, que les hypothèses et les preuves au sujet de la part de marché des activités mobiles de Shaw avancées par le régulateur et les perspectives de rentabilité future de l’entreprise ne passaient pas l’épreuve des faits.

« Il incombe à ce tribunal de prendre du recul et de faire le point sur la réalité », a-t-il affirmé.

Il s’est concentré sur les conclusions de Nathan Miller, un professeur de l’Université de Georgetown qui a rédigé un rapport s’opposant à l’accord, que l’avocat du Bureau de la concurrence a cité dans ses arguments de clôture.

M. Thomson a souligné que M. Miller avait considérablement gonflé la part de marché de la division mobile de Shaw dans son rapport, ce qui a contribué à former la base de son opposition.

« Il ne s’agit que d’un économiste qui joue avec les chiffres […] Sans ce résultat, le Dr Miller aurait été incapable d’évoquer des effets anticoncurrentiels associés à cette transaction », a estimé M. Thomson.

Plutôt que de dresser le portrait d’une entreprise prospère, M. Thomson a présenté les activités de Shaw comme coincées par les demandes d’expansion de ses activités de câble filaire et de ses activités internet, ainsi que celles de sa division mobile. Il a indiqué que Shaw avait déjà beaucoup dépensé pour essayer de concurrencer Telus sur leurs activités filaires, tandis que ses investissements dans le secteur mobile ne semblaient pas prometteurs.

« Ils n’ont jamais été près de récupérer leur investissement et n’avaient aucune perspective réaliste de le faire », a-t-il affirmé, notant que les preuves citées par le Bureau au sujet des difficultés initialement connues par Rogers elle-même ne représentaient pas une comparaison équitable, puisque le marché a considérablement mûri depuis 1987.

« Il n’y a pas de voie devant Freedom. C’est une industrie mature. »

Il a ajouté que les propriétaires et les dirigeants de Shaw n’avaient d’autre choix que de vendre ses activités, la division mobile ayant finalement été proposée à Vidéotron, de Québecor, pour apaiser les problèmes de concurrence, et le reste à Rogers.

Vidéotron ne sera pas accablée par les investissements nécessaires dans le filaire, tandis que Rogers a l’argent nécessaire pour réaliser ces dépenses, a-t-il estimé.

Mardi, John Tyhurst, l’avocat du Bureau de la concurrence, a fait valoir que l’entente créerait une relation de dépendance sans précédent entre Rogers et Vidéotron, un acteur régional.

Selon lui, l’absorption des offres « concurrentielles » de Shaw par Rogers nuira également à l’industrie des télécommunications, qui verra le nombre de réseaux distincts dans l’Ouest canadien passer de trois à deux.

L’audience du Tribunal de la concurrence, qui se poursuit depuis plus d’un mois, doit se terminer mercredi.