Le fonds d’investissement fondé par l’ex-fiduciaire du ministre de l’Économie Pierre Fizgibbon, Michel Ringuet, est actionnaire dans trois projets du Groupe Sélection à Saint-Hyacinthe, Longueuil et Vaudreuil-Dorion.

Le ministre Pierre Fitzgibbon dit tout ignorer de l’engagement du fonds d’investissement de M. Ringuet auprès de Sélection, soutient son cabinet, dans un courriel transmis en fin de journée jeudi. Selon son porte-parole, lui et le fondateur du Groupe Sélection, Réal Bouclin, ne s’étaient par ailleurs jamais rencontrés avant 2021.

Le Groupe Sélection s’est placé cette semaine sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Michel Ringuet est l’ancien administrateur de la fiducie sans droit de regard qui gérait les avoirs du ministre Fitzgibbon à partir de 2018. Il a cessé de l’être en janvier 2022 parce qu’il ne voulait plus voir son nom dans les médias, avait expliqué le ministre Pierre Fitzgibbon aux médias à l’époque. C’est maintenant Banque Nationale Trust qui agit comme fiduciaire des éléments d’actif du ministre.

Plusieurs investissements

Outre son rôle d’ex-fiduciaire personnel du ministre Pierre Fitzgibbon, Michel Ringuet est le fondateur de la firme W Investments qui a pignon sur rue à Saint-Lambert. Le Fonds W Invesments n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.

Michel Ringuet est notamment le vice-président et actionnaire de la société Groupe W Investissements II, laquelle participe aux trois projets de Sélection par l’intermédiaire d’un chapelet de sociétés. Les investissements remontent au printemps dernier.

Comme l’écrivait La Presse vendredi, la Caisse avait conclu récemment une entente non contraignante avec le Groupe Sélection après avoir eu des échanges au préalable avec le ministre Pierre Fitzgibbon.

Lire « Sélection avait une entente avec la Caisse de dépôt »

Auparavant, le gouvernement est intervenu auprès du Groupe Sélection, en difficultés financières, à trois reprises pendant l’épidémie de COVID-19 dans la cadre du Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE). Le ministre de l’Économie doit approuver les interventions de plus de 5 millions, a rapporté la vérificatrice générale du Québec dans son rapport portant sur le PACTE produit en novembre 2021.

Sélection a d’abord reçu une garantie de pertes de 35 millions, en mai 2020, puis une autre garantie de pertes de 60 millions un an plus tard, qui remplace la première. La seconde garantie de 60 millions est toujours en vigueur. Sélection a aussi reçu un prêt de 25 millions qu’elle a remboursé.

Le programme PACTE visait à fournir une aide d’urgence pour soutenir de manière exceptionnelle et circonstancielle les entreprises touchées par les répercussions de la pandémie sur leurs liquidités.

CAPTURE D’ÉCRAN LINKEDIN

Le ministre Pierre Fitzgibbon était conférencier invité à un évènement d’entreprise du Groupe Sélection le 25 octobre dernier.

Dans le passé, les médias ont souligné que des entreprises en portefeuille de la firme de M. Ringuet, comme Lumenpulse, ont bénéficié d’interventions financières de la part du gouvernement.

Enquête

À la demande du député péquiste Joël Arseneau, la commissaire à l’éthique a ouvert une enquête au sujet du ministre Pierre Fitzgibbon pas plus tard que le 28 octobre dernier. L’enquête porte sur un dossier d’entreprise dans lequel le fonds W Investments a des participations.

« Les faits allégués concernent un investissement réalisé par le ministère de l’Économie et de l’Innovation en novembre 2021 dans le capital-actions d’une entreprise. La demande d’enquête précise que le ministre a autorisé cette transaction alors que l’un des actionnaires et administrateurs de l’entreprise […] entretenait une relation contractuelle avec le ministre, agissant comme mandataire de sa fiducie sans droit de regard », lit-on dans le communiqué publié à cette occasion par la commissaire à l’éthique.

« Le député des Îles-de-la-Madeleine demande de faire enquête afin de déterminer si les actions et interventions du ministre dans ce dossier ont eu ou pourraient avoir pour effet de favoriser les intérêts [de son mandataire]. »