Après s’être enfermée dans un mutisme à la suite d’un problème informatique, IGA tente de calmer le jeu en assurant que ses magasins sont « entièrement opérationnels ». Mais selon un média spécialisé en cybersécurité, la chaîne d’alimentation est bel et bien victime d’une attaque par rançongiciel.

Selon le site Bleeping Computer, c’est le gang Black Basta qui a frappé Empire, qui exploite les supermarchés IGA. Son journaliste a publié en ligne une photo provenant d’un employé de l’entreprise. Elle montre un écran affichant une demande de rançon et un lien menant au site du rançongiciel.

La Presse n’a pas été en mesure de confirmer que la photo publiée est bel et bien celle de l’ordinateur d’un employé d’Empire.

Pas d’explications de l’entreprise

De son côté, la société ne s’est toujours pas prononcée sur la thèse de l’attaque informatique par rançongiciel qui circule depuis plusieurs jours. La Commission d’accès à l’information a toutefois confirmé par courriel à La Presse avoir reçu une déclaration d’incident de confidentialité de la part de l’entreprise.

Depuis le 22 septembre, en vertu de la loi 25, les entreprises ont l’obligation d’aviser la Commission « en cas d’incident de confidentialité impliquant un renseignement personnel ». « Un incident de confidentialité peut donc se produire notamment lorsqu’un membre du personnel consulte un renseignement personnel sans autorisation, [lorsqu’un] un membre du personnel communique des renseignements personnels au mauvais destinataire ou [dans des cas où] l’organisation est victime d’une cyberattaque : hameçonnage, rançongiciel », a écrit Emmanuelle Giraud, conseillère en communication de la Commission.

Selon La Presse Canadienne, le Commissariat à l’information et à la protection de la vie privée de l’Alberta a également été informé de l’incident par la société.

« Le fait qu’Empire ait signalé des violations de confidentialité dans deux provinces implique que les données ont été exfiltrées, dit Brett Callow, expert en cybermenaces à la firme d’antivirus Emsisoft. Si c’est bien le cas, la question est de savoir si l’entreprise compte payer une rançon, ou si les données vont éventuellement fuiter en ligne. »

Empire se veut rassurante

Pendant ce temps, Empire, société qui gère notamment les enseignes IGA, Rachelle-Béry, Les Marchés Tradition et Marché Bonichoix, veut se faire rassurante après avoir gardé le silence pendant des jours, en dépit des demandes incessantes des médias.

« Nous sommes heureux d’informer notre clientèle que tous nos magasins sont entièrement opérationnels, a indiqué la porte-parole de l’entreprise, Anne-Hélène Lavoie, dans une déclaration officielle envoyée par courriel à La Presse. Nous recevons des produits, les livrons à nos magasins pour regarnir les tablettes et servir nos clients. Malgré certains défis encore à régler, notre réseau fonctionne très bien. »

« Notre entreprise travaille sans relâche pour résoudre les problèmes que nous éprouvons avec nos systèmes de TI. »

Il a toutefois été impossible d’avoir plus de détails sur les volumes de livraisons et de réceptions gérés par l’entreprise. Les problèmes informatiques survenus il y a une semaine chez Empire engendrent des problèmes d’approvisionnement dans les magasins, où les clients doivent composer avec l’absence de certains produits. La situation a également causé des maux tête à certains fournisseurs. Leurs produits s’accumulent dans les entrepôts de l’entreprise au lieu d’atterrir dans les congélateurs ou sur les tablettes. Ils peinent également à se faire payer. L’entreprise aurait même demandé à certains d’entre eux de livrer directement leurs produits dans les supermarchés, s’ils en avaient la capacité.

IGA.net non accessible

Les clients qui ont l’habitude de faire leurs emplettes sur le site IGA.net doivent trouver d’autres options puisque le service a été suspendu. Par contre, les consommateurs habitant dans les régions où le service Voilà par IGA est offert peuvent continuer à faire leurs achats en ligne.

En magasin, des avis indiquaient que certains prix avaient été « mis à jour manuellement ». Ainsi, aux caisses, les employés doivent, dans certains cas, ajuster eux-mêmes les prix. En ligne, l’enseigne prévient également les consommateurs que « certains prix affichés » sur son site peuvent être « inexacts ou erronés ». « Veuillez consulter notre circulaire pour connaître les prix promotionnels exacts », indique-t-on.