Après avoir engrangé l’an dernier 17,7 milliards de dollars grâce au vaccin anti-COVID-19 Spikevax, Moderna se prépare à lancer entre 2023 et 2026 plusieurs nouveaux vaccins.

La pharmaceutique américaine, qui a récemment annoncé la construction à Laval d’une usine de vaccins, a révélé hier avoir pas moins de 34 vaccins expérimentaux dans son portefeuille de produits en développement.

Tous, sauf un, sont conçus sur la technologie « ARN messager », la même que le vaccin anti-COVID-19 qui sera fabriqué à l’usine de Laval dès son homologation par Santé-Canada et la FDA.

Grippe, cancer, herpès

La plupart des nouveaux produits visent des maladies respiratoires, mais le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, a indiqué durant une conférence destinée aux investisseurs que certains vaccins, qui sont encore loin d’être au point, visent des maladies comme l’herpès transmis aux nouveau-nés et un type de cancer de la peau.

Dès l’an prochain, la compagnie de Cambridge, près de Boston, va continuer à lancer des versions améliorées du vaccin Spikevax, pour l’ajuster aux variants de la COVID-19 qui apparaissent ici et là (notamment Omicron dans ses diverses mutations).

Un vaccin disruptif pour le marché

Moderna s’attend à ce que son prochain grand succès commercial soit son vaccin contre la grippe, qui entrerait en concurrence avec ceux déjà offerts sur le marché. Le vaccin expérimental est en essais cliniques avancés (« phase III ») en Australie et en Argentine (c’est l’hiver dans l’hémisphère Sud). Signe que Moderna veut arracher des ventes à la concurrence, la compagnie va aussi lancer en Amérique du Nord un autre essai clinique de phase III, cette fois pour le mesurer à un vaccin concurrent déjà sur le marché.

Le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, a indiqué durant la conférence d’hier qu’il espérait des résultats au début de 2023. S’ils sont à la hauteur des attentes, le vaccin anti-grippe pourrait être lancé à temps pour la saison de la vaccination, à l’automne 2023.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le PDG de Moderna, Stéphane Bancel

Les vaccins ARN messager peuvent être ajustés plus rapidement que les vaccins conventionnels, un avantage quand un variant inattendu de la grippe fait son apparition durant l’hiver.

À l’heure actuelle, le joueur dominant du secteur au Canada est la britannique GSK, qui a une usine de vaccins contre la grippe à Sainte-Foy.

La française Sanofi construit depuis l’an dernier une grosse usine à Toronto au coût de 965 millions de dollars (dont 415 millions fournis par Ottawa et 55 millions par l’Ontario).

Un punch double

Moderna travaille aussi sur un vaccin double contre la grippe et la COVID-19, actuellement en essais cliniques de Phase I/II.

Comme la compagnie prépare aussi un vaccin contre le Virus respiratoire syncytial (VRS) — une maladie respiratoire qui cause des bronchiolites — elle planifie aussi un vaccin triple qui protègerait contre la grippe, la COVID-19 et le VRS.

Il n’y a pas aucun vaccin actuellement contre le VRS. Le vaccin expérimental de Moderna vient d’entrer en essais cliniques.

La plupart des autres vaccins en développement visent des maladies respiratoires, souvent rares.

Le PDG de Moderna a fait allusion indirecte à la future usine de Laval, ainsi que celles qui sont annoncées au Royaume-Uni et au Kenya. « Nous investissons en vue d’autres lancements et nous investissons dans la capacité de production » afin de pouvoir satisfaire à la demande prévue, a-t-il dit.

Moderna ne s’attend pas à vendre en 2022 autant de vaccins contre la COVID-19 que l’an dernier (17,7 milliards de dollars), a dit M. Bancel. Il estime que les revenus du Spikevax n’atteindront pas 13 milliards et pourraient être aussi bas que 5,2 milliards, selon l’évolution de la pandémie et le niveau d’adhésion du public aux recommandations de vaccination.