Le Chemin de fer Canadien Pacifique s’est montré confiant vis-à-vis de l’année à venir, malgré le recul de ses résultats au plus récent trimestre en raison de la mauvaise récolte céréalière de 2021 et de la flambée des prix du carburant depuis février.

Répétant une idée déjà véhiculée lors de la conférence téléphonique des résultats trimestriels précédents, le directeur financier du Canadien Pacifique (CP), Nadeem Velani, a souligné que 2022 serait une « histoire en deux temps ».

« La prochaine récolte de céréales s’annonce meilleure de jour en jour », a indiqué le chef de la direction du CP, Keith Creel, aux investisseurs lors d’une conférence téléphonique jeudi, après que le transporteur ferroviaire a profité de la manne des expéditions de conteneurs pour augmenter ses revenus trimestriels.

Au cours de la période de trois mois close le 30 juin, le bénéfice par action ajusté de base a diminué de 8 % d’une année à l’autre, malgré une augmentation de 7 % des revenus.

Le bénéfice net de l’entreprise établie à Calgary a chuté de 39 % sur un an, mais cela s’expliquait en grande partie par le fait que ses profits étaient anormalement élevés il y a un an, en raison des frais de résiliation de fusion de 845 millions obtenus de la part de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN).

M. Velani a évoqué la hausse des prix du carburant et « le vent contraire soutenu des céréales » comme des obstacles, partiellement contrebalancés par une augmentation de 25 % des revenus du transport par conteneurs et une hausse des bénéfices liés à plusieurs produits de base.

La plus forte demande pour la potasse, les métaux et les produits automobiles, alors que les chaînes d’approvisionnement sont encore encombrées, a fait grimper ces sources de revenus d’entre 22 % et 28 % d’une année à l’autre, alors même que les volumes de potasse ont augmenté de moins de 3 % et que les chargements de véhicules automobiles sont restés stables.

Cependant, les dépenses pour le carburant ont surpassé tous ces gains, avec un bond de 70 %, ou 152 millions, ce qui a pesé sur le résultat net du chemin de fer.

Dans sa vision optimiste des cinq prochains mois, M. Creel a noté que les prévisions pointaient vers une récolte céréalière canadienne de 70 millions de tonnes, à peu près conforme aux moyennes historiques.

La société de 141 ans s’attend également à une croissance d’au moins 10 % de ses tonnes – mille commerciales – une mesure clé calculant le revenu d’une entreprise par volume de fret transporté – pour la seconde moitié de l’année, a précisé le chef de la direction.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix de l’énergie dans le monde entier, réduisant les marges bénéficiaires de l’industrie des transports. Mais son impact sur l’approvisionnement en engrais a été à l’avantage de l’entreprise, a souligné le chef du marketing, John Brooks.

« Avec les perturbations continues de l’approvisionnement en potasse de la Biélorussie et de la Russie, nous nous attendons à ce que la potasse canadienne demeure un moteur de croissance pour le CP », a-t-il affirmé.

« En bonne position » pour acquérir KCS

L’examen réglementaire du projet d’acquisition du chemin de fer Kansas City Southern par le CP se poursuit, le Surface Transportation Board (STB) des États-Unis annonçant les dates d’audiences publiques pour la fin septembre. Une décision de groupe réglementaire est attendue au début de l’année prochaine.

L’accord de 31 milliards US paverait la voie au seul chemin de fer d’Amérique du Nord traversant le Canada, les États-Unis et le Mexique.

« Nous sommes en bonne position. Nous continuons à gagner du terrain et nous sommes impatients de concrétiser la vision de cette fusion transformationnelle, alors que nous nous dirigeons vers la première partie de 2023 », a affirmé M. Creel.

Plus tôt ce mois-ci, plusieurs grands chemins de fer, groupes communautaires et expéditeurs ont déposé des mémoires auprès de l’organisme de réglementation américain exprimant leurs inquiétudes au sujet de la fusion et appelant à des concessions – une inquiétude persistante pour les investisseurs.

Mais l’analyste Cameron Doerksen, de la Banque Nationale, a souligné que les « positions argumentées de façon efficace » exposées dans la réponse de plus de 4000 pages du CP lui donnaient « une plus grande confiance que le STB n’imposera pas de conditions importantes » avant de donner son feu vert à l’acquisition.

Le transporteur a affiché jeudi un bénéfice net trimestriel de 765 millions, en baisse par rapport à celui de 1,25 milliard réalisé lors de la même période un an plus tôt.

Sur une base ajustée, le bénéfice par action du CP a reculé à 90 cents, par rapport à celui de 1,03 $ par action de la même période en 2021. Le bénéfice par action ajusté de base a diminué à 95 cents, contre 1,03 $ un an plus tôt.

Les revenus pour le trimestre clos le 30 juin ont atteint 2,20 milliards, augmentant de 7 % par rapport à ceux de 2,05 milliards de la même période un an plus tôt. Les revenus ajustés de base ont également augmenté, passant de 689 millions à 882 millions.

La société a indiqué qu’un dividende trimestriel de 19 cents par action serait versé le 31 octobre aux actionnaires inscrits en date du 30 septembre.