Le géant brésilien Vale se rapproche du Québec, où il envisage de produire du sulfate de nickel – un élément clé des batteries que l’on retrouve dans les véhicules électriques. Si elle voit le jour, l’usine serait la première du genre dans le marché nord-américain.

Fournisseur de Tesla, la multinationale de Rio de Janeiro a affiché ses couleurs, jeudi, en annonçant la conclusion d’une étude de « préfaisabilité » pour un projet dont la facture n’a pas été précisée, mais qui serait d’au moins plusieurs dizaines de millions de dollars. Les conclusions de l’étude n’ont pas été dévoilées publiquement.

« Il s’agit d’une validation pour un projet qui offre à la fois des ventes diversifiées et [une arrivée] accélérée dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques », souligne la vice-présidente de Vale Base Metals, Deshnee Naidoo.

Beaucoup de démarchage

En novembre dernier, La Presse avait révélé l’intérêt de Vale à l’endroit du Québec. Le géant brésilien, dont la valeur boursière est d’environ 85 milliards US, n’avait pas voulu préciser ses ambitions.

Lisez « Le géant brésilien Vale s’intéresse au Québec »

On sait maintenant qu’elles concernent le nickel et que l’entreprise souhaite s’installer dans le parc industriel et portuaire de Bécancour, l’endroit privilégié par le gouvernement Legault pour développer la filière batterie.

L’endroit doit accueillir deux projets d’envergure : celui de BASF et celui de l’alliance entre POSCO et General Motors pour la fabrication de matériaux pour cathodes – élément principal de la batterie au lithium-ion. Le nickel entre dans la fabrication de la cathode, ce qui explique l’intérêt de Vale pour Bécancour.

Dans le cadre de la présentation des résultats annuels d’Investissement Québec, son président-directeur général, Guy LeBlanc, a signalé qu’il fallait s’attendre à d’autres annonces.

Nous sommes en discussion avec plusieurs groupes. Ça se confirme : l’ensemble de la chaîne va s’établir au Québec. Pour la première fois dans l’histoire du Québec, on va faire de la transformation de nos minéraux sur place.

Guy LeBlanc, PDG d’Investissement Québec

La stratégie québécoise de la filière batterie mise sur des projets à toutes les étapes, soit de l’extraction de ressources comme le graphite et le spodumène de lithium jusqu’à la fabrication des modules de batterie.

Des ficelles à attacher

À ce stade du processus, Vale n’a pas voulu donner une idée de l’empreinte de son éventuel complexe québécois. Sa capacité de traitement serait de 25 000 tonnes de nickel, une quantité pouvant alimenter les batteries d’environ 375 000 véhicules électriques.

Selon son inscription au Registre des lobbyistes du Québec, Vale souhaiterait obtenir un soutien financier du gouvernement Legault dans le cadre de son projet. L’entreprise a confirmé des discussions avec Québec et Ottawa.

Le minerai transformé pourrait provenir de sa mine de Voisey’s Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador. La multinationale brésilienne n’a pas voulu s’avancer sur cette possibilité. Au Canada, celle-ci est également présente en Ontario ainsi qu’au Manitoba. Au pays, l’entreprise compte quelque 7000 employés. Le 6 mai dernier, Vale avait dévoilé une entente à long terme avec Tesla afin d’approvisionner le constructeur automobile américain en nickel extrait au Canada.

Cette entente s’inscrivait dans le cadre d’un effort de la multinationale visant à accroître son exposition à l’industrie des véhicules électriques en forte croissance.

Avec la collaboration d’André Dubuc, La Presse

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    Au Québec, on recense quelque 80 acteurs dans tous les maillons de la chaîne de valeur de la filière batterie.
    SOURCE : Propulsion Québec