De la banlieue au centre-ville de Montréal en quelques minutes, à bord d’un taxi volant électrique qui survole les bouchons de circulation. Ce n’est pas demain la veille que ce service sera offert, mais deux entreprises espèrent que cela changera bientôt. Vertiko Mobilité et Jaunt Air Mobility mettent leurs cartes sur la table, ce mercredi, tout en sachant qu’elles ont du pain sur la planche sur la question de l’acceptabilité sociale. Tour d’horizon des détails obtenus par La Presse.

Le plan

Vertiko veut commander à Jaunt Air Mobility 70 aéronefs électriques (eVTOL) Jaunt Journey et deux autres appareils hybrides. L’objectif, dans un premier temps, consiste à exploiter neuf taxis électriques aériens qui auront accès à six héliports dans la grande région de Montréal – essentiellement sur le toit de grandes tours d’habitation – en 2026.

« Les trois prochaines années vont servir à la réalisation des projets-pilotes ainsi qu’à l’établissement des liaisons, explique le vice-président exécutif de Vertiko, Yannick Richard. Les aéronefs ne vont pas se promener partout. »

Celui-ci affirme que les six emplacements des héliports pour la phase initiale sont « bien identifiés », sans donner plus de détails. Il s’agit de complexes immobiliers où les promoteurs seraient propriétaires de l’infrastructure.

Ça coûterait combien ?

Même si le projet doit encore franchir plusieurs étapes, son promoteur estime réaliste d’offrir un aller simple, par exemple de la Rive-Sud de Montréal vers la métropole, pour moins de 20 $.

« Les modèles économiques nous permettent de croire que ça serait autour de 14 à 18 $, affirme M. Richard. On parle de 18 $ au début, mais le prix pourrait diminuer si on fait baisser les coûts d’exploitation [des appareils]. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

De gauche à droite, John Valley (Vertiko Mobilité), Suzanne Benoit (Aéro Montréal), Éric Côté (Jaunt Air Mobility) et Yannick Richard (Vertiko Mobilité)

Vendre le modèle

Les deux entreprises sont bien conscientes que l’acceptabilité sociale constitue l’un des principaux obstacles à leurs ambitions. Après tout, qui a le goût d’entendre ces appareils et de les voir dans les airs ?

S’il s’apparente à un hélicoptère, l’appareil proposé par Jaunt Air Mobility est loin d’être aussi bruyant, avance Éric Côté, président de la division canadienne de l’entreprise.

« Nous avons un brevet pour décoller et atterrir avec une vitesse de rotation [du moteur] plus faible, dit-il. Cela ne fait que 55 décibels. C’est l’équivalent d’un camion. On va le voir avant de l’entendre. Je pense que ce qui fatigue les gens, c’est ça [le bruit]. »

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, un niveau de 55 décibels est inférieur à une « conversation normale » (60 dB). Il est légèrement au-delà de ce qui est considéré comme du « dérangement ». Quant à l’aspect visuel, M. Richard explique que les héliports risquent d’être installés à des hauteurs suffisantes pour faire en sorte que les taxis aériens soient le plus discrets possible.

Selon Vertiko, il y a actuellement des échanges avec cinq villes au Québec, mais Montréal ne fait pas partie de cette liste. Les échanges devraient débuter dans les « prochaines semaines », d’après l’entreprise.

C’est prêt à voler ?

L’appareil de Jaunt Air Mobility n’est pas certifié. M. Côté estime que l’entreprise a une longueur d’avance sur les autres acteurs du secteur parce que son modèle s’inspire d’un hélicoptère. Il peut donc être certifié en vertu de règles existantes de Transports Canada, plaide-t-il.

« Le rotor est l’élément principal pour le décollage et l’atterrissage, affirme M. Côté. Nous sommes l’unique acteur qui pourra certifier [son prototype] selon une réglementation qui n’a pas à être modifiée. »

Lisez Jaunt Air Mobility : taxi volant et électrique en vue

Si tout se déroule comme prévu, la phase de production devrait s’amorcer en 2026. En pourparlers avec Québec afin d’obtenir un coup de pouce financier, Jaunt Air Mobility a l’intention de s’établir en banlieue nord de Montréal pour assembler ses taxis volants.

Le Jaunt Journey en bref

Vitesse : environ 280 km/h

Capacité : 1 pilote et 4 passagers

Autonomie : entre 130 et 190 kilomètres

Prix : de 1,5 million à 2 millions

En savoir plus
  • 300 millions
    S’il se concrétise dans son ensemble, la facture du projet de Vertiko devrait osciller entre 225 et 300 millions.
    source : Vertiko MOBILITÉ