(New York) Le fabricant de véhicules électriques Tesla, porté par des livraisons en forte hausse au premier trimestre, a vu son chiffre d’affaires décoller de 74 % sur la période et son profit bondir à un niveau sans précédent.

« Nous avons constaté un réel changement dans la perception que les clients ont des véhicules électriques et la demande n’a jamais été aussi élevée », a remarqué le patron de l’entreprise, Elon Musk, lors d’une conférence téléphonique lundi.  

Son groupe est parvenu à dégager un revenu de 10,39 milliards de dollars de janvier à mars.

Il avait déjà indiqué avoir livré près de 185 000 véhicules sur les trois premiers mois de l’année, un niveau sans précédent « en dépit de multiples défis, dont des facteurs saisonniers, l’instabilité de la chaîne d’approvisionnement et la transition vers les nouveaux modèles Model S et Model X ».  

Comme l’ensemble du secteur automobile, le groupe a notamment pâti d’une pénurie de semi-conducteurs. Mais il affirme avoir pu « surmonter » ce problème « en partie en pivotant extrêmement rapidement vers de nouveaux microcontrôleurs ».

« Il est assez ironique que les livraisons d’un constructeur d’automobiles régulièrement comparées à des ordinateurs sur roues soient restées aussi solides au cours d’un trimestre marqué par une pénurie mondiale de puces », a relevé Jessica Caldwell, analyste pour Edmunds.

Accident

La société s’est aussi retrouvée sur la sellette ces derniers jours après l’accident mortel d’une Tesla, qui a braqué les projecteurs sur les systèmes d’assistance à la conduite qu’il propose, car selon la police locale, il n’y avait pas de conducteur derrière le volant.  

Un spécialiste de l’ingénierie du groupe, Lars Moravy, a assuré lundi qu’il avait été « constaté que le volant était déformé, ce qui implique la probabilité que quelqu’un était sur le siège du conducteur au moment de la collision ».  

M. Musk a par ailleurs répété, comme il l’avait déjà dit dans un tweet lundi dernier, que le logiciel Autopilot n’était pas en cause.  

L’entreprise a vu son profit s’élever à 438  millions de dollars de janvier à mars.  

Ajusté par action et hors éléments exceptionnels, la référence à Wall Street, il a nettement dépassé les attentes.

Fondé en 2003, Tesla s’était pendant longtemps concentré sur l’essor de sa production plutôt que sur sa rentabilité.  

Mais il est parvenu pour la première fois en 2020 à dégager un bénéfice net sur une année entière et continue sur cette lancée.

Le groupe, qui a annoncé en février avoir investi 1,5 milliard de dollars de son ample trésorerie en bitcoin, a aussi profité de la vente d’une partie de ses devises numériques.

Concurrence croissante

Le groupe a pendant longtemps dominé le marché des véhicules électriques, mais fait face à une concurrence croissante, de la part de jeunes pousses comme Lucid et Rivian, mais aussi de constructeurs traditionnels comme General Motors, Daimler ou Volkswagen.  

Selon le cabinet spécialisé Cox Automotive, Tesla représentait ainsi 71 % des ventes de véhicules électriques aux États-Unis au premier trimestre, contre 83 % sur la même période en 2020.  

« 2021 était censée être une année compliquée pour l’entreprise, face à un groupe croissant » de concurrents mais la pénurie de semi-conducteurs a pu ralentir leurs plans, a souligné Mme Caldwell.  

« Même si Tesla ne remportera peut-être pas le marathon des véhicules électriques il reste encore largement en avance sur la compétition. »

Le constructeur automobile, qui avait annoncé en janvier vouloir faire croître ses livraisons de 50 % en moyenne par an pendant plusieurs années, n’a pas changé ses prévisions, ce qui reviendrait à environ 750 000 véhicules pour 2021.

Les travaux dans les usines en cours de construction à Berlin, en Allemagne, et à Austin au Texas, « restent dans les délais » pour que la production puisse y démarrer d’ici la fin de l’année et les premières livraisons effectuées, a souligné Tesla.  

Alors que la Chine est actuellement le plus important marché pour la marque, la cadence de la production de Model Y à Shanghai « continue de s’améliorer ».

Le titre de Tesla reculait d’environ 2,5 % vers 19 h 25 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse.  

Pour Garrett Nelson du cabinet CFRA, c’est surtout en raison de « l’absence de prévisions spécifiques sur les ventes en 2021 ».  

Si l’action a peu progressé depuis le début de l’année, elle a bondi de plus de 700 % en 2020.