(Montréal) Après sa tentative infructueuse d’acquérir la multinationale Carrefour en début d’année, Alimentation Couche-Tard a l’intention de prioriser le marché américain ainsi que l’Asie pour tenter de réaliser sa prochaine prise.

Environ deux mois après avoir vu le gouvernement Macron bloquer son mariage avec le géant français de l’alimentation, l’exploitant québécois de dépanneurs et de stations-service a souligné, jeudi, qu’il allait être « très actif » dans ses emplettes.

Interrogé par les analystes financiers sur les marchés convoités par Couche-Tard, son président et chef de la direction, Brian Hannasch, a ouvert son jeu.

« Aux États-Unis parce que nous avons une bonne empreinte et parce que nous comprenons le marché […], et puis l’Asie puisque la majorité du produit intérieur brut mondial dans les deux prochaines décennies sera généré par cette région ainsi que l’Afrique », a-t-il dit.

M. Hannasch participait à une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre, pendant lequel la société établie à Laval a affiché un recul d’environ 20 % de son chiffre d’affaires trimestriel. Ses ventes de carburant ont notamment été affectées par une diminution des déplacements attribuables aux restrictions sanitaires imposées en raison de la pandémie de COVID-19.

Dans le cadre de son plan de croissance de cinq ans, Couche-Tard ambitionne de doubler son bénéfice d’exploitation ajusté d’ici 2023.

Présente en Amérique du Nord et en Europe, l’entreprise a effectué son entrée sur le marché asiatique l’automne dernier, en allongeant environ 360 millions US pour acquérir plus de 350 dépanneurs à Hong Kong et Macao.

« Lorsque nous avons réalisé cette acquisition, nous la considérions comme une excellente plateforme pour grandir en Asie », a dit M. Hannasch, en rappelant que l’incursion de Couche-Tard dans le marché américain s’était effectuée avec l’acquisition de 200 magasins il y a environ deux décennies.

Au sud de la frontière, le détaillant exploite désormais 7100 dépanneurs dans 47 États.

En ce qui a trait au marché européen, M. Hannasch a expliqué que l’approche du détaillait pourrait varier d’un pays à l’autre. Celui-ci est toujours intéressé par le créneau de l’épicerie, qui permettrait à l’entreprise d’élargir ses horizons.

Même si Couche-Tard a allongé environ 900 millions pour racheter des actions subalternes depuis novembre dernier, elle affirme disposer de 5,3 milliards. Ses dirigeants estiment que cela est suffisant pour passer à l’action.

« L’entreprise a été très active au chapitre des rachats d’actions, ce qui suggère qu’une importante acquisition est peu probable à court terme », a toutefois estimé Nicholas Kim, de BMO Marchés des capitaux, dans une note envoyée à ses clients.

Couche-Tard discute toujours avec Carrefour pour établir d’éventuels partenariats, mais les échanges sont encore préliminaires, selon le détaillant.

Profits en baisse

Au troisième trimestre terminé le 31 janvier, Couche-Tard a vu ses profits nets décliner d’environ 8 %, à 607,5 millions US, ou 55 cents US par action, tandis que ses revenus se sont établis à 13,2 milliards US — en deçà des attentes des analystes.

Les ventes de carburant se sont contractées de quelque 30 %, à 8,5 milliards US, ce qui a été contrebalancé par une hausse de 1,9 % des marges. Les recettes tirées des ventes de marchandises ont progressé de 5,6 % pour attendre 4,5 milliards US.

Le lent déploiement de la campagne de vaccination au Canada et la sévérité des restrictions en Ontario et au Québec, où il y a toujours un couvre-feu en vigueur en zone rouge, ont pesé sur l’achalandage dans le réseau, a souligné M. Hannasch.

« Je suis optimiste (et nous pouvons entrevoir) une lumière au bout du tunnel », a-t-il expliqué aux analystes, en disant anticiper un certain retour à la normale au cours des prochains mois.

Abstraction faite des éléments non récurrents, la multinationale a affiché un profit ajusté de 622 millions US, ou 56 cents US par action, en hausse de 7,7 % par rapport au troisième trimestre l’an dernier.

Les analystes anticipaient un chiffre d’affaires 13,7 milliards US et un bénéfice ajusté de 56 cents US par action, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

À la Bourse de Toronto, le titre de catégorie B de Couche-Tard a clôturé à 40,27 $, en baisse d’environ 2 %, ou 81 cents.