Une demande d’autorisation d’action collective contre l’entreprise montréalaise Nuvei, ses dirigeants et son vérificateur vient d’être déposée en Cour supérieure du Québec en lien avec la publication mercredi d’un rapport négatif rédigé par un vendeur à découvert.

La requête faite par un actionnaire de Nuvei à Montréal estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’actionnaires du fournisseur de solutions de paiement électronique qui pourraient mériter réparation.

Outre le PDG, Philip Fayer, le chef des finances, David Schwartz, et la conseillère juridique principale et secrétaire corporative, Lindsay Matthews, les membres du conseil d’administration Pascal Tremblay, Michael Hanley, David Lewin et Daniela Mielke sont tous cités à titre de défendeurs. En tant que vérificateur de Nuvei, la firme PricewaterhouseCoopers est également visée par la requête.

L’action de Nuvei a perdu 40 % de sa valeur mercredi après la publication d’un rapport négatif produit par la firme new-yorkaise Spruce Point Capital. Le titre a rebondi de 6 % jeudi pour clôturer à 77,59 $ à Toronto, mais demeure très loin de son sommet de 180 $ d’il y a trois mois seulement.

Le rapport de Spruce Point a notamment tourné les projecteurs vers les antécédents de certains dirigeants, l’historique de Pivotal Payments (nom précédent de Nuvei) et d’autres entités, la croissance organique, ainsi que vers les informations financières divulguées par Nuvei.

« Les défendeurs ont trompé les investisseurs, ce qui leur a causé des pertes financières », lit-on dans le document judiciaire.

La somme recherchée par la démarche judiciaire n’est pas précisée. « Il s’agira d’une somme à déterminer sur le fond de l’action collective pour le préjudice financier causé aux actionnaires. Nous ne pouvons pas connaître ce chiffre total à ce stade et cela impliquera certainement des expertises », indique Joey Zukran, l’avocat au dossier au sein du cabinet montréalais LPC Avocat.

Le requérant se plaint notamment de fausses déclarations dans des prospectus, communiqués et rapports financiers.

« Ces fausses déclarations et omissions – par exemple l’exercice d’activités avec l’industrie des films pour adultes, qui pourrait rendre l’action de Nuvei difficilement convenable pour des investissements responsables de type ESG, c’est-à-dire répondant à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance – ont été systématiquement faites par Nuvei de plusieurs façons, notamment par l’entremise de son site internet, ainsi que dans des documents publics. »

Au moment de publier, La Presse n’avait pas obtenu de réponse de la part de Nuvei. Son vérificateur, PricewaterhouseCoopers, a toutefois indiqué qu’étant donné que l’affaire est devant les tribunaux, la direction est dans l’impossibilité de la commenter.

Lors de son inscription en Bourse, en septembre 2020, dans le cadre de son premier appel public à l’épargne, Nuvei avait récolté 700 millions US. Il s’agissait du plus important premier appel public à l’épargne du secteur des technologies au Québec sur le plan des capitaux réunis et de la capitalisation boursière, mais aussi du plus important pour une entreprise de ce secteur à la Bourse de Toronto.

La vente à découvert est une manœuvre par laquelle un investisseur emprunte une action en espérant que sa valeur reculera, dans l’espoir de la racheter plus tard à un prix moins élevé. En vendant un titre à découvert, un spéculateur se positionne pour réaliser des profits à la suite d’un repli de l’action.