Le DoubleTree par Hilton du Complexe Desjardins doit cesser immédiatement d’utiliser les services de briseurs de grève, a ordonné vendredi le Tribunal administratif du travail. L’employeur doit aussi arrêter d’avoir recours aux employés de l’entreprise Groupe Sécurité C. L. B. pour toute la durée de la grève.

Alors que les 300 syndiqués du DoubleTree par Hilton du Complexe Desjardins sont en grève générale illimitée depuis le 5 septembre, l’employeur a eu recours aux services d’au moins 11 briseurs de grève pour faire leur travail, en plus d’engager des agents de sécurité du Groupe Sécurité C. L. B., indique la décision du Tribunal.

« Je suis toujours surpris de voir à quel point les employeurs ont des budgets pour engager de la sécurité, mais qu’ils n’en ont pas pour bonifier nos conditions de travail », dit au téléphone le président de la Fédération du commerce (FC-CSN), Alexandre Laviolette.

Le juge Guy Blanchet a déclaré que l’employeur avait contrevenu à l’article 109,1 du Code du travail, qui interdit le recours à des briseurs de grève. Les 11 cadres qui ont tenté de continuer à exploiter l’hôtel de 595 chambres, situé en plein cœur du Quartier des spectacles, sont nommés dans le document du Tribunal.

« Afin de respecter notre désir profond d’entente entre les deux parties, nous avons pris la décision de ne pas contester l’affirmation du syndicat selon laquelle nous avons utilisé des briseurs de grève, à savoir notamment certains cadres et personnel administratif », soutient Bernard Chênevert, directeur général, DoubleTree par Hilton Montréal.

Fermé jusqu’en janvier

L’établissement a fermé ses portes temporairement le 30 septembre au moment où il était convoqué pour la première fois devant le Tribunal administratif du travail à la suite d’une enquête incriminante portant sur le recours à des briseurs de grève.

Le DoubleTree par Hilton du Complexe Desjardins ne compte pas rouvrir ses portes avant le mois de janvier, après le temps des Fêtes.

Jusqu’à présent, 12 hôtels sur 24 ont conclu une entente avec leurs employés syndiqués. Ce sont les petits hôtels qui ont réglé en premier, observe le syndicat.

Le DoubleTree par Hilton du Complexe Desjardins appartient à Hotellus Montreal Services inc., dont l’adresse est à Vancouver, l’actionnaire majoritaire aux Pays-Bas (Euro Lifim Holding B. V.) et les administrateurs en Suède.

Dès le départ, le DoubleTree a proposé plusieurs reculs et reste campé sur ses propositions.

On ne veut pas faire des débats devant les tribunaux au sujet des briseurs de grève, mais plutôt conclure une convention collective à la hauteur de ce qui s’est négocié dans les autres hôtels de cette négociation coordonnée. Il n’y a pas de raison pour que les syndiqués de l’hôtel DoubleTree aient des conditions de travail différentes de celles obtenues dans les autres hôtels.

Alexandre Laviolette, président de la FC-CSN

Une reprise des pourparlers est prévue le 24 novembre en présence d’un conciliateur.

Le DoubleTree par Hilton se sert de la pandémie pour faire reculer les conditions de travail, soutient le syndicat, conditions qui permettent aujourd’hui d’avoir une vraie carrière dans l’hôtellerie.

« Jamais il n’a été question de recul des conditions salariales de nos employés, assure le directeur général du DoubleTree par Hilton Montréal, Bernard Chênevert. Les éléments qui font toujours l’objet de négociation ne concernent pas les conditions de travail, mais bien la modernisation des méthodes de travail qui permettront de mieux répondre aux besoins de notre clientèle. »

Le président de la FC-CSN souligne que les frontières sont maintenant ouvertes, que les Américains peuvent revenir à Montréal, que les gens recommencent à voyager et qu’il sera possible de festoyer à l’hôtel pour la période des Fêtes avec le passeport vaccinal. Les syndiqués ont hâte de participer à cette reprise, mais pas à n’importe quel prix, conclut-il.