(Dubaï) Boeing a retrouvé des couleurs face à Airbus au troisième jour du salon aéronautique de Dubaï, en enregistrant mardi plusieurs commandes, dont une pour 72 avions 737 MAX par une compagnie indienne nouvellement créée.

L’avionneur américain faisait jusqu’ici pâle figure pour ce premier rendez-vous d’ampleur du secteur depuis la pandémie de COVID-19, quand le rival européen Airbus mettait en avant ses propres succès commerciaux.

Le géant de Seattle a annoncé avoir enregistré une commande de 72 monocouloirs 737 MAX pour la compagnie Akasa Air.

Valorisée à près de neuf milliards de dollars au prix catalogue, jamais appliqué dans la réalité,  elle doit permettre à Akasa Air de « bâtir sa flotte », afin de lancer rapidement ses opérations, a assuré Boeing dans un communiqué.

« Nous sommes ravis de nous associer à Boeing pour notre première commande d’avions et nous les remercions de leur confiance dans le plan d’affaires et l’équipe de direction d’Akasa Air », affirme son président Vinay Dube, cité dans le communiqué.

Boeing a continué à produire des MAX alors que ce dernier était cloué au sol après deux accidents mortels et déploré plus de 600 annulations de commandes pour l’appareil l’an dernier.

L’avionneur américain disposait fin octobre de 370 appareils sur ses parkings en attente de clients, selon son patron David Calhoun, qui estime qu’il faudra jusqu’à la fin 2023 pour écouler ce stock.

Acquérir des 737 MAX est donc une option intéressante pour une jeune compagnie qui se lance.

Le MAX « nous aidera à atteindre notre objectif qui est d’exploiter une compagnie aérienne rentable, fiable et abordable, mais aussi une compagnie respectueuse de l’environnement, avec la flotte la plus jeune et la plus verte du ciel indien », selon M. Dube.

Les générations les plus récentes comme le MAX ou la famille A320 neo permettent d’économiser plus de 15 % de kérosène et donc de réduire d’autant les émissions de CO2, un impératif alors que le transport aérien sous pression de l’urgence climatique.

Un succès ne venant jamais seul, Boeing a également conclu avec Air Tanzania un contrat pour la fourniture de cinq avions (un long-courrier 787 Dreamliner, un avion cargo 767 et deux 737 MAX) pour un prix catalogue de 726 millions de dollars.

« Pas la capacité de répondre »

Il a également annoncé l’acquisition par le loueur émirati Sky One FZE de 3 Boeing 777 déjà construits et la vente de deux avions cargo 777 à la compagnie Emirates, tout en reconnaissant que cette dernière était déjà comptabilisée dans son carnet de commandes.

De son côté, Airbus a continué sa moisson après la commande géante de 255 A321 par Indigo Partners (lundi) et la lettre d’intention du loueur ALC pour 111 appareils de tous les types de la gamme d’Airbus.

Le constructeur européen a signé une commande ferme pour 10 A220 destinés à la compagnie nigériane publique Ibom Air, une transaction de plus de 800 millions de dollars selon le dernier prix catalogue qu’il a cessé de publier en 2018.

Airbus a également conclu un protocole d’accord en vue de l’acquisition par la compagnie koweïtienne Jazeera de 20 A320 et huit A321, ainsi qu’une option pour cinq A321 supplémentaires.

« L’accord est évalué à plus de 3,3 milliards de dollars au prix catalogue, l’accord réel reste confidentiel », selon Jazeera.

Si les compagnies aériennes ont été très affaiblies par l’effondrement du trafic aérien mondial, qui n’a retrouvé que la moitié de son niveau d’avant-crise, celles-ci commencent à se positionner pour la reprise en sécurisant des créneaux de livraisons d’avions neufs, selon le patron d’Airbus Guillaume Faury.

« Dès que ça redémarrera, nous aurons une hausse de la demande pendant 18 mois comme nous n’en avons jamais connue », a estimé devant la presse le président d’Emirates, Tim Clark.

Et avec de nombreuses compagnies qui se sont séparé de leurs avions les plus anciens ou ont diminué leur flotte pour réduire les coûts, « les compagnies aériennes internationales n’auront pas la capacité de répondre à cette demande », craint-il.