À compter de 2023, Café William promet un transport vert de ses grains de café en provenance de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale. Le torréfacteur vient d’investir dans un premier cargo à voile, zéro émission, pour faire voyager sa matière première vers ses usines de Sherbrooke.

Le navire, nommé Ceiba, sera construit de manière durable par l’entreprise du Costa Rica Sailcargo. Il pourra transporter une dizaine de conteneurs. Café William, qui a investi un demi-million de dollars américains pour permettre sa construction, en sera l’actionnaire principal. « Nous voulons nous améliorer, lance Serge Picard, propriétaire de Café William. Notre boisson est la deuxième plus consommée sur la planète. La première en Amérique du Nord. Plus de 85 % de ce qui est consommé est importé. Le café ne pousse pas dans le Grand Nord du Québec. L’empreinte carbone est très lourde. Nous sommes donc déterminés à limiter notre empreinte. »

Actuellement, les grains de café de Café William font le voyage par bateau conteneur. Un tel navire consomme du bunker fuel (combustible de soute). « C’est le moyen de transport le plus polluant, note Serge Picard. Ça nous tracasse. Pendant le confinement, on a donc cherché une solution. Nous nous sommes engagés auprès de Sailcargo avec notre argent, sans subvention. Et nous nous sommes engagés à remplir le bateau entièrement pour tous les voyages qui proviennent de l’Amérique du Sud. »

Le Ceiba pourra ainsi accueillir d’autres marchandises… et avoir des frères et sœurs pouvant transporter 100 conteneurs éventuellement. Sailcargo a d’ailleurs présenté son bateau à la COP26 de Glasgow. « On ne veut pas que ce soit exclusif, dit Serge Picard. On veut que ça fasse de grandes vagues afin qu’on se débarrasse des hydrocarbures le plus vite possible. »

Café William importe des grains de café – 400 conteneurs en 2021 – qui proviennent aussi de l’Afrique et de l’Asie. « Il y a actuellement 70 000 bateaux conteneurs recensés dans le monde, affirme Serge Picard. Ils émettent plus de CO2 que l’Allemagne entière, qui est le poumon industriel de l’Europe. »

PHOTO FOURNIE PAR CAFÉ WILLIAM

Serge Picard, propriétaire de Café William

Pour chaque arbre utilisé pour construire un bateau, Sailcargo promet d’en replanter dix. Par ailleurs, vent ou non, le bateau devrait chaque fois arriver à destination comme prévu, puisqu’il est muni d’un système hybride, soit des hélices permettant aussi la propulsion à l’électricité. « Il s’agit d’une première mondiale dans l’industrie du transport maritime de marchandises, dit Danielle Doggett, fondatrice et PDG de Sailcargo, dans un communiqué. Le Ceiba est un navire construit de manière durable qui transportera des marchandises, sans aucune émission. Lorsqu’il sera mis en opération en 2023, il sera le plus grand navire de fret océanique actif et propre au monde. »

De son côté, Café William s’est aussi penché sur la façon de livrer sans émettre d’émissions ses grains de café à destination, soit jusqu’à Sherbrooke, une fois ses provisions débarquées du bateau. « L’aspect du transport terrestre s’apprête à être réglé, indique Serge Picard. Une annonce devrait être faite sous peu. »

Café William existe depuis 1988 et compte 190 employés dans des usines et des bureaux à Sherbrooke, à Detroit et au New Jersey notamment. En septembre dernier, le torréfacteur a annoncé la construction à Sherbrooke d’une usine écoresponsable de plus de 100 000 pieds carrés, un projet de 16 millions de dollars.