Le syndicat des travailleurs d’Olymel de Vallée-Jonction a refusé l’offre d’arbitrage proposée jeudi matin par le gouvernement afin d’éviter la perte de 500 emplois. L’entreprise, qui a qualifié cette décision de « grande déception », s’était pour sa part dite ouverte à la proposition du ministre du Travail. Si les deux parties avaient accepté cette avenue, la grève, qui dure depuis quatre mois à l’usine d’abattage de porcs de la Beauce, aurait pris fin.

« J’avais laissé jusqu’à 17 h pour que les parties répondent à ma proposition de déférer le dossier à l’arbitrage. Le syndicat a refusé, a écrit le ministre du Travail, Jean Boulet, sur son compte Twitter, jeudi en fin de journée. Je demande au médiateur spécial de faire un blitz afin que les parties s’entendent d’ici dimanche. » Le blitz devrait commencer ce vendredi matin.

Dans ce qu’il avait qualifié de « rencontre de la dernière chance », le ministre avait convoqué les deux parties à Québec jeudi matin afin de « mettre de la pression de la meilleure façon possible » et d’éviter la fermeture partielle de l’usine.

Après avoir pris connaissance de la décision du syndicat, M. Boulet s’est dit « profondément déçu », au cours d’une entrevue sur les ondes d’ICI RDI. « L’arbitrage était une main tendue. J’anticipais que les deux parties puissent, pour régler rapidement et dénouer l’impasse, accepter que je nomme un arbitre. Là, c’est un blitz de médiation. Après ça, les outils, ils les auront tous utilisés. Donc, c’est encore temps, mais la marge de manœuvre est extrêmement limitée. »

« Nous privilégions la négociation »

Tout au long de la journée, le syndicat est demeuré muet sur ses intentions. Il a finalement rendu sa décision un peu après 17 h. « Nous privilégions la négociation parce que nous sommes toujours convaincus qu’une entente de principe négociée est encore à notre portée, et ce, dans un délai rapide, a déclaré le président du syndicat, Martin Maurice, dans un communiqué. Malgré ce que pense Jean Boulet, les parties ne sont pas si loin l’une de l’autre. Nous avons donc précisé au ministre du Travail que nous refusons l’arbitrage parce que nous savons que nos membres ne voudront assurément pas d’un règlement imposé par un arbitre après avoir passé près de quatre mois en grève. »

À la suite de ce refus de la part du syndicat représentant 1050 travailleurs à Vallée-Jonction, Paul Beauchamp, premier vice-président chez Olymel, n’a pas caché sa déception et sa surprise. Les Éleveurs de porcs du Québec, qui se sont bien gardés de prendre position depuis le début du conflit de travail, ont aussi fait pression sur le syndicat en lui demandant, dans une lettre envoyée à M. Maurice, d’accepter l’offre d’arbitrage proposée par le gouvernement.

C’est une grande déception. C’est un peu une surprise, c’est une attitude particulière. On verra. Je ne sais pas où on s’en va, mais on va participer au processus.

Paul Beauchamp, premier vice-président chez Olymel, lors d’un entretien téléphonique avec La Presse

Rappelons que l’entreprise a annoncé mardi son intention de supprimer son quart de travail de soir, ce qui entraînerait la perte de 500 postes, si aucune entente n’est conclue d’ici dimanche. Une décision que les Éleveurs de porcs disent avoir reçue comme « une autre brique sur la tête ».

M. Beauchamp a-t-il bon espoir malgré tout d’en arriver à un règlement d’ici dimanche ?

« Si on n’y croyait pas, on ne se présenterait pas [aux rencontres]. Tout est toujours possible. Chose certaine pour nous, dimanche soir, l’heure de tombée est bien écrite, a été bien communiquée. Il nous reste à voir ce qu’on peut accomplir d’ici là. »

Normalement, le quart de travail de soir permet d’abattre de 15 000 à 17 000 porcs chaque semaine, sur un total de 36 000. Si l’entreprise va de l’avant, l’usine diminuera ses capacités d’abattage.

Plus de 166 000 bêtes – un record – sont actuellement en attente d’abattage en raison du conflit qui dure depuis le 28 avril, selon les données fournies par les Éleveurs de porcs.

En raison du conflit, Paul Beauchamp affirme que l’entreprise a perdu son contrat d’exclusivité avec Costco au Japon. « Ces gens-là, ce qu’ils veulent, c’est de la prévisibilité. Devant l’imprévisibilité des livraisons, Costco s’est tournée vers quelqu’un d’autre », a-t-il expliqué tout en refusant de chiffrer cette perte pour Olymel.