À l’instar d’autres entreprises canadiennes d’industries sous réglementation fédérale, les plus grandes banques demanderont à leurs employés de bureau qu’ils soient pleinement vaccinés. Au Québec, pour l’instant, les principaux acteurs du secteur ne leur ont pas encore emboîté le pas.

Au cours de la dernière semaine, la Banque TD, la Banque Royale du Canada, la Banque de Montréal et la Banque CIBC ont précisé leurs intentions en dévoilant des politiques distinctes. La Banque Scotia a prévenu que la vaccination deviendrait obligatoire pour ses salariés à l’automne.

Ces décisions surviennent au moment où la tendance du nombre des cas de COVID-19 est à la hausse. Avant le déclenchement des élections, le gouvernement fédéral avait déclaré qu’il exigerait que les employés fédéraux, les travailleurs des secteurs sous réglementation fédérale, comme les transports et les banques, ainsi que les voyageurs soient pleinement vaccinés contre le nouveau coronavirus.

« [Étant donné] que plus de 80 % des employés de Desjardins (sur un effectif de 52 000 travailleurs) demeureront en télétravail pour plusieurs semaines encore, Desjardins continue ses réflexions quant à la double vaccination de ses employés », a indiqué dans un courriel un porte-parole, Jean-Benoit Turcotti, en réponse à une question sur l’approche du groupe financier coopératif.

Desjardins n’est pas une banque canadienne à charte fédérale, mais il s’agit néanmoins du plus important employeur privé de la province. Du côté de la Banque Nationale, la sixième banque en importance au pays a simplement indiqué ne pas avoir de « commentaires à formuler » sur le sujet.

La Banque Laurentienne, quant à elle, a affirmé vouloir « suivre toutes les directives gouvernementales, y compris la réglementation fédérale », en se disant prête à adapter ses « pratiques s’il y a lieu de le faire ». La banque n’a pas offert plus d’informations à propos d’une éventuelle politique vaccinale.

Au Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a indiqué sur Twitter, vendredi, que 75 % des 12 ans et plus étaient pleinement vaccinés. Il a encouragé la population à « aller chercher sa deuxième dose pour atteindre 85 % ».

Exigences avec options

À la Banque TD, par exemple, les employés devront enregistrer leur statut vaccinal auprès de l’institution d’ici le 30 septembre. La banque exigera une vaccination complète pour tous les travailleurs désirant avoir accès à ses locaux à compter du 1er novembre.

La BMO, qui a fixé son échéancier au 31 octobre, a fait savoir que ses employés qui ne seront pas vaccinés après cette date devraient se soumettre à des tests de dépistage de la COVID-19 deux fois par semaine. Ils devront également se conformer à d’autres mesures de santé et de sécurité pour entrer dans un établissement de la BMO. Celle-ci n’a pas précisé quelles seraient ces mesures.

Mais un employeur comme une banque peut-il exiger la double vaccination de ses salariés à la suite d’une demande d’Ottawa ? Il n’y a pas encore de « réponse absolue », selon Alain Barré, professeur agrégé au département des relations industrielles de l’Université Laval.

Dans le secteur de la santé, je pense que la nature des tâches exécutées justifierait une demande de l’employeur. Pour des employés de bureau, ça pourrait être plus difficile.

Alain Barré, professeur agrégé au département des relations industrielles de l’Université Laval

Toutefois, dans le contexte exceptionnel de la crise sanitaire, M. Barré a expliqué que les tribunaux, s’ils doivent se prononcer sur une cause, pouvaient reconnaître le droit d’une entreprise d’exiger la vaccination.

« Les tests, pour ceux qui refusent la vaccination, pourraient aussi être présentés comme une mesure d’accommodement, surtout si l’employeur assume les coûts », a-t-il ajouté.

En plus des banques, des entreprises comme la Financière Sun Life, Shopify, des universités et des établissements de santé de partout au pays ont également exigé que leurs employés soient vaccinés. Le gouvernement Legault veut également que les salariés du secteur de la santé aient reçu leurs deux doses d’ici le 1er octobre.

Selon un sondage mené par Léger et l’Association d’études canadiennes, 76 % des répondants ont déclaré qu’ils appuieraient fortement ou modérément un passeport vaccinal comme celui que Québec prévoit mettre en place.

À compter du 1er septembre, l’exigence s’appliquera à des lieux comme les bars, les concerts et les festivals où il y a beaucoup de personnes dans un espace confiné.

Avec La Presse Canadienne