(Montréal) Fiera Capital a dévoilé des résultats supérieurs aux attentes des analystes au deuxième trimestre, mais la nouvelle a été éclipsée par le changement de sa relation d’affaires avec son gestionnaire vedette, le Montréalais Nadim Rizk.

Nadim Rizk, chef de l’équipe Actions mondiales, lancera une nouvelle entreprise nommée Gestion d’actifs StonePine, en partenariat avec Fiera. Au sein de cette nouvelle entreprise établie à Montréal, l’équipe de M. Rizk continuera de fournir des services de sous-conseiller à Fiera.

Le gestionnaire de portefeuille est considéré comme un acteur clé dans l’entreprise montréalaise. Depuis 2009, sa franchise a vu son actif sous gestion passé de 300 millions à 60 milliards. Cela représente près du tiers des 179,5 milliards d’actif sous gestion chez Fiera.

Au cours d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats financiers, la majorité des questions des analystes ont porté sur la création de StonePine.

L’entente a vraiment été conçue pour que le partenariat entre les deux parties dure le plus longtemps possible. Nous avions tous les deux intérêt à continuer ce partenariat à long terme.

Jean-Philippe Lemay, président et chef de l’exploitation globale de Fiera Capital

L’accord comprend notamment des clauses qui empêcheront M. Rizk de solliciter les clients de Fiera ou d’élaborer des stratégies concurrentes à celles pour lesquelles il agit à titre de sous-conseiller.

Graham Ryding, de Valeurs mobilières TD, croit que l’entente renforce le lien entre les parties et réduit le risque de la perte de ce joueur clé. L’analyste note cependant que l’équipe de M. Rizk recevait une rémunération d’environ 7 millions en actions. Cette rémunération sera vraisemblablement versée en frais de gestion, ce qui pourrait réduire le bénéfice, selon lui.

Sur une note plus personnelle, Jean-Guy Desjardins, fondateur et chef de la direction, s’est dit très proche de Nadim Rizk. « Nadim était hanté par le désir de prouver qu’il était capable de se partir en affaire, explique M. Desjardins. Nous avons pris la décision l’été dernier de préparer ce partenariat afin de lui permettre de réaliser son rêve, tout en réduisant les risques pour nous. »

Retraite et secteur énergétique

M. Desjardins, 76 ans, a également été interrogé sur ses projets de succession. L’homme d’affaires a refusé de confirmer le moment où il quitterait le poste de direction : « Je suis trois mois plus près que quand vous m’avez posé la question il y a trois mois. »

Il a toutefois expliqué que le plan de succession était en cours depuis plusieurs mois et que le chef de l’exploitation, Jean-Philippe Lemay, était le dauphin pressenti. « Normalement, dans ce genre de situation, c’est généralement le chef de l’exploitation qui est pressenti. Notre cas n’est pas différent. »

Des questions ont également été posées sur le rendement des stratégies d’investissement en actions canadiennes. Si elles battent les marchés depuis trois ans, elles ont sous-performé leur indice de référence de 4,35 points de pourcentage depuis un an. « Nous sommes très peu exposés au secteur énergétique, explique M. Lemay. Je crois que l’écart est dû au contexte macroéconomique, mais ça ne remet pas en question la qualité de notre stratégie pour le moment. »

Résultats supérieurs aux attentes

Fiera a dévoilé, jeudi, des résultats supérieurs aux attentes au cours du deuxième trimestre. Le bénéfice ajusté par action atteint 0,36 $, par rapport à 0,38 $ à la même période l’an dernier. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient en moyenne un bénéfice par action de 0,30 $, selon Refinitiv.

Le gestionnaire d’actif montréalais a augmenté la taille de ses actifs sous gestion de 4,2 % sur une période de trois mois, pour atteindre 179,5 milliards à la fin du deuxième trimestre, le 30 juin dernier.

La taille de l’actif sous gestion a progressé grâce à l’ajout de 25,9 milliards en nouveaux mandats, mais a été touchée en partie par la vente d’actifs et la perte de certains clients.

Le bénéfice net attribuable aux actionnaires de la société atteint 13,3 millions, comparativement à une perte de 14,7 millions à la même période l’an dernier. Les revenus, quant à eux, sont demeurés stables, avec une légère hausse de 0,3 %, à 167,4 millions.

« Nous sommes très heureux de nos résultats du deuxième trimestre et de notre rendement pour le premier semestre de 2021, qui cadrent avec le scénario de croissance économique que nous avions projeté plus tôt au cours de l’exercice », expose M. Desjardins.

Le conseil d’administration maintient le dividende trimestriel à 0,21 $, ce qui représente 80 % des flux de trésorerie. La société a également renouvelé son programme de rachat d’actions, qui permet l’acquisition de 4 millions d’actions à des fins d’annulation, soit 4,7 % des titres en circulation.

À la Bourse de Toronto, l’action de Fiera a clôturé en baisse de 0,25 $, ou 2,2 %, à 11,01 $, jeudi.