Après un nouveau trimestre de forte croissance, l’entreprise montréalaise Lightspeed, spécialisée en technologies de commerce électronique, hausse ses objectifs financiers pour son exercice 2022.

Les dirigeants de Lightspeed visent désormais des revenus annuels de « 510 à 530 millions US », soit 20 % de plus que l’objectif de « 430 à 450 millions US » qu’ils avaient énoncé il y a trois mois à peine.

Quant à son principal résultat d’exploitation (BAIIA ajusté), Lightspeed vise un déficit annuel autour de 35 millions US, soit 5 millions de plus que l’objectif antérieur en raison des coûts spéciaux liés à l’intégration de ses deux récentes acquisitions d’importance : NuOrder et Ecwid.

En Bourse, jeudi, les investisseurs ont réitéré leur engouement envers la progression des résultats et des objectifs de Lightspeed en poussant ses actions en hausse de 7 % à un nouveau sommet de 119,89 $.

Avec cette poussée, la capitalisation boursière totale de Lightspeed se chiffre maintenant au-dessus des 16 milliards.

En entrevue avec La Presse, le chef de la direction et fondateur de Lightspeed, Dax Dasilva, a fait le point sur ses résultats et ses perspectives.

Quels sont les principaux motifs derrière ce rehaussement considérable des objectifs financiers de Lightspeed pour son exercice financier 2022, si tôt après le premier trimestre terminé le 30 juin ?

Nous venons d’avoir l’un des meilleurs trimestres de notre histoire. La réouverture de l’économie [après la pandémie] a un impact très positif sur nos affaires. Nous voyons une forte demande de la part de nouveaux clients, mais aussi une demande accrue de services parmi nos clients existants.

La valeur totale des transactions [sur notre plateforme logicielle de commerce électronique] durant ce trimestre est en hausse de 203 % sur un an [à 16,3 milliards US], ce qui signifie que nos clients bénéficient du rebond du secteur du commerce de détail et de la restauration.

Quant à nos revenus top-line [totaux] pour le trimestre, ils sont en croissance de 220 % sur un an [à 115,9 millions US]. Cette croissance forte découle de l’expansion rapide de notre clientèle mondiale [150 000 au 30 juin, contre 77 000 il y a un an], ainsi que de la croissance de nos revenus par client.

Un tel élan de croissance soutient notre optimisme pour rehausser nos attentes à moyen et long terme.

Comment évolue la croissance de la clientèle sur votre plateforme logicielle de commerce électronique ? Par secteurs d’activité ? Par régions économiques ?

Nous demeurons très focalisés sur le développement du marché des entreprises de commerce de détail et de services en « hospitalité » (restaurants, bars, hôtels).

Nous priorisons aussi l’ajout de services parmi nos clients existants, comme les paiements électroniques inter-entreprises, qui sont souvent les plus rentables ensuite pour Lightspeed.

Notre principale région d’affaires est l’Amérique du Nord, où la résurgence du secteur du commerce de détail et des services d’hospitalité est bien engagée.

En Europe, qui est notre deuxième région d’affaires, nous voyons un net rebond des activités après une longue période de confinement du secteur des détaillants en biens et services.

En Asie-Pacifique, qui est notre troisième région d’affaires, nous voyons un peu d’hésitation après quelques trimestres forts en raison des nouveaux confinements dans certains pays.

Votre clientèle est en forte croissance, de même que vos revenus d’implantation et d’utilisation de vos systèmes de commerce électronique. Par contre, vos résultats d’exploitation (BAIIA) et net s’affichent encore en déficits notables, de l’ordre de 50 millions US par trimestre, contre 20 millions US il y a un an. Où en êtes-vous en termes de rentabilité éventuelle ?

La façon dont nous orientons et gérons la croissance de notre clientèle, de pair avec le rehaussement des revenus par client, nous rapprochera de plus en plus du seuil de la rentabilité à moyen terme.

Mais pour le moment, Lightspeed est encore en phase de forte croissance et d’ajout de parts de marché dans le secteur des technologies de commerce et de paiement électronique.

D’autant que le contexte économique de sortie de pandémie suscite une forte demande pour notre technologie, tant chez nos clients existants que chez de nouveaux clients.

Par ailleurs, même encore déficitaires, nos résultats ajustés pour les frais non récurrents d’acquisition et de croissance sont en amélioration constante d’un trimestre à l’autre.

Dans ce contexte, nous sommes évidemment très conscients de l’importance de demeurer « financièrement responsables » dans la gestion de nos ambitions de croissance.

En même temps, nous devons aussi piloter Lightspeed comme une « fusée de croissance » qui requiert un haut niveau de réinvestissement en coûts de développement et d’expansion.

En ce sens, nos plus récents résultats trimestriels montrent que Lightspeed demeure « première de classe » parmi ses pairs et concurrents dans le marché des technologies de commerce électronique.

Enfin, nous voulons continuer d’être un facteur de croissance économique dans les régions où nous avons nos principaux bureaux, comme ici à Montréal, avec les centaines d’employés rattachés à notre siège [dans tout l’immeuble rénové de l’ex-gare Viger, dans le Vieux-Montréal].

Lightspeed en chiffres

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Bureaux de Lightspeed, à Montréal

Revenus : 115,9 millions US (+ 40 % en trois mois, + 220 % en un an)

Perte nette : 49,9 millions US (+ 18 % en trois mois, + 115 % en un an)

Valeur des transactions des clients : 16,3 milliards US (+ 50 % en trois mois, + 203 % en un an)

Nombre d’entreprises clientes : 150 000 (+ 26 % en trois mois, + 94 % en un an)

Siège social : Montréal

Effectif mondial : 2000 employés, dont 750 au Québec

Valeur boursière (au 5 août, à Toronto) : 16 milliards CAN (TSX)

Cours de l’action (au 5 août, à Toronto) : 119,89 $ CAN (+ 208 % en un an)

Principaux actionnaires : Caisse de dépôt et placement du Québec (18 %), Dax Dasilva (fondateur et chef de la direction, 10 %), fonds Fidelity Investment (Boston, 4,8 %), Vista Equity (San Francisco, 2,9 %)

Sources : Lightspeed, Bourse de Toronto, Refinitiv