La fruiterie a perdu 40 % de son personnel

À compter du 2 août, la Fruiterie Milano fermera « temporairement » boutique les lundis. Depuis mercredi matin, des affiches annoncent l’information sur la façade de l’épicerie. D’autres atterrissent dans les sacs des clients. « Merci de votre compréhension », lit-on.

Avec regret, un des propriétaires, Mario Zaurrini, annonce la nouvelle à ses fidèles. « On a pris une décision difficile, confie-t-il au téléphone. Mais le personnel est épuisé et stressé. »

À l’exception d’une fermeture imposée à cause d’un incendie en 2016, c’est une première pour l’institution de la Petite Italie à Montréal, fondée en 1954. La pandémie a fait des ravages au sein de sa force de travail. De 106 employés, ils ne sont plus que 66 à y travailler. « Et ce n’est pas à cause de mises à pied temporaires, précise Mario Zaurrini. Au début, beaucoup de jeunes employés ont eu peur de la COVID-19 et n’étaient pas confortables avec le masque. Maintenant, les jeunes ne veulent pas travailler. »

Comme bien d’autres entrepreneurs, restaurateurs et commerçants, M. Zaurrini blâme les programmes du gouvernement Trudeau, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), qui éloignent encore bien des gens des milieux de travail, selon lui. « On a pris cette décision pour un temps indéterminé, dit le propriétaire. Je suis triste, car le gouvernement fédéral a été trop gentil avec tout le monde. Je ne sais pas s’il va se réveiller. On voit désormais plus de pancartes ‟Nous embauchons” que de pancartes ‟À vendre” sur les façades des entreprises. »

Le lundi est traditionnellement la journée où les caisses résonnent le moins chez Milano. « Ça ne fait pas du bien, mais une telle décision fait que ça coûte moins cher en salaires, explique Mario Zaurrini. Quand le gouvernement Legault a imposé des fermetures le dimanche pendant quelques semaines [au printemps 2020], on n’a vu aucun changement dans notre chiffre d’affaires. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Alors que bien des quincailliers souhaitent une fermeture de leur commerce le dimanche, pour souffler et à cause de la pénurie de main-d’œuvre, M. Zaurrini ne dirait pas non à une autre fermeture dominicale. « Je serais content, car on ferait sûrement le même chiffre d’affaires », affirme-t-il.

En attendant, Mario Zaurrini multiplie les heures supplémentaires, sept jours sur sept, dans son épicerie. « Je me lève à 2 h 30 du matin pour partir acheter les fruits et les légumes, car je n’ai plus de chauffeur », précise-t-il.

Ces derniers mois, il a cherché des idées pour attirer de la main-d’œuvre. Le salaire horaire minimum est passé à 14,50 $. Il y a également des primes pour ceux qui travaillent au moins 20 heures par semaine, notamment. « Et on a encore de la misère à trouver du monde », dit Mario Zaurrini.

Il s’est aussi résigné à fermer le site en ligne de Milano. « Ça nous fait mal, car on ne peut donner un service impeccable, juge-t-il. On est très sévères sur le service à la clientèle, la propreté et le sourire. »