Pollution, érosion, détérioration : les environnements côtiers et maritimes du Canada font les frais des changements climatiques. Alors que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, l’entreprise montréalaise NorthStar Ciel et Terre annonce la création d’un nouveau système de surveillance par microsatellites. Il permettra de fournir des données en temps quasi réel sur ce qui se passe sur le terrain.

Le but du projet est d’aller au-delà des images satellites actuelles, pour fournir de l’information vulgarisée de la réalité. En d’autres mots, il ne s’agit plus de montrer les photos du déversement pétrolier, mais de pouvoir établir qu’il s’agit bel et bien de pétrole – et même de quel type de pétrole –, et ce, à partir de l’espace. « C’est la signature chimique de la Terre qu’on est capables de voir », résume le président de NorthStar Ciel et Terre, Stewart Bain.

Une fois mis au point, ce système permettra de raffiner la détection et de fournir des informations cruciales sur un grand nombre de sujets, comme les espèces maritimes envahissantes, les déversements toxiques, le trafic maritime, la fonte des glaces et les effets des ouragans.

L’initiative de 2,7 millions de dollars bénéficie d’un financement de 1,5 million de dollars de Recherche et développement pour la défense du Canada (RDDC). Les fonds proviennent d’un portefeuille destiné à la résilience des communautés. Le projet est également lié aux experts du Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique du Québec (INRS).

Grâce aux informations accumulées, notamment par des algorithmes d’intelligence artificielle, la Garde côtière canadienne – principale cliente du projet – aura plus d’outils pour prendre des décisions rapides afin de s’adapter aux urgences, comme la dérive des glaces, les tempêtes ou les inondations. Ces données favoriseront aussi la protection des écosystèmes. « Parce que finalement, ce que la Garde côtière veut, c’est savoir si, oui ou non, on a un problème. D’où viennent les données, comment elles sont fusionnées, ce n’est pas ce dont elle a besoin », constate Stewart Bain.

Un système de surveillance par microsatellites

C’est à partir de 2025 que NorthStar prévoit mettre en orbite la constellation de microsatellites liée à ce projet, après avoir développé la technologie et les algorithmes nécessaires.

Ces microsatellites seront munis de capteurs hyperspectraux, c’est-à-dire capables de voir de 200 à 300 bandes spectrales, donc bien au-delà des trois couleurs perceptibles par l’œil humain. Les données cumulées seront ensuite fusionnées avec celles en provenance d’autres satellites nord-américains et même européens. Puis, elles seront analysées pour fournir de l’information en temps quasi réel.

Le projet a trois volets : le premier de surveillance des déversements pétroliers, le deuxième de cartographie des écosystèmes marins et le troisième lié aux glaces en mer, a indiqué en entrevue Saeid Homayouni, expert en télédétection et géomatique environnementale de l’INRS.

Fondée en 2015 à Montréal, NorthStar Ciel et Terre déploie à l’heure actuelle un premier projet, soit une constellation de 12 microsatellites appelée Skylark. Son but est d’offrir un service de surveillance spatiale afin d’éviter les collisions dans l’espace. D’emblée, Stewart Bain affirme que l’entreprise vise la préservation de l’environnement, spatial et terrestre. « J’ai bon espoir que l’humanité, avec les bonnes données, va prendre les bonnes décisions pour protéger notre planète », soutient-il, optimiste.