Les principaux dirigeants d’Alimentation Couche-Tard procèdent à une série de présentations pour les investisseurs dès 9 h ce mercredi matin. Outre des mises à jour financières, certains propos sont plus attendus que d’autres, notamment ceux qui préciseront comment l’entreprise entend s’adapter à une nouvelle réalité.

« La grosse incertitude, c’est le pétrole et les ventes d’essence », lance Marc L’Écuyer, de la firme Cote 100.

Ce gestionnaire de portefeuille aimerait savoir à quoi ressemblera le modèle d’affaires une fois que les ventes d’essence amorceront leur déclin. « Car c’est inévitable. On peut débattre de la rapidité à laquelle il faudra remplacer le pétrole. Ça reste l’enjeu majeur à long terme pour Couche-Tard. »

C’est effectivement le principal argument contre l’achat à long terme d’actions de Couche-Tard, soutient Philippe Hynes, président du gestionnaire d’actifs montréalais Tonus Capital.

Il s’attend à ce que la direction précise mercredi la façon dont elle entend convertir une partie du réseau d’établissements de l’entreprise à long terme pour faciliter les recharges rapides pour un parc automobile électrique. « Ses activités en Norvège offrent une belle vitrine pour cela », précise-t-il.

La direction de Couche-Tard qualifie elle-même de « laboratoire » ses activités en Norvège. À 15 %, ce pays scandinave a le plus important taux de pénétration de véhicules électriques au monde, souligne Chris Li, de Valeurs mobilières Desjardins dans un rapport.

Cet analyste s’attend à ce que les patrons de Couche-Tard fassent partager les apprentissages clés de la transition vers le transport électrique en Norvège et précisent comment ils prévoient déployer leur stratégie électrique en Amérique du Nord.

Des acquisitions sur le radar ?

Les perspectives de croissance et l’expansion du réseau sont d’autres aspects qui retiendront l’attention durant cette première journée consacrée aux investisseurs depuis 2018.

« Les dirigeants ont démontré dans le passé une excellente discipline lors d’acquisitions en payant un montant juste donnant de bons retours sur le capital investi », dit Philippe Hynes.

L’acquisition de Circle K Hong Kong offre une avenue pour maintenant regarder des cibles non seulement en Amérique du Nord et en Europe, mais aussi en Asie. Ils augmentent leur bassin de cibles d’acquisition et donc les probabilités de trouver une cible à un prix acceptable.

Philippe Hynes, président de Tonus Capital

Un moment important des présentations du jour, selon Chris Li, viendra lorsque la direction s’exprimera sur son objectif d’amener le bénéfice d’exploitation à 6 milliards US pour l’exercice financier de 2023.

Chris Li calcule que l’action de Couche-Tard se négocie actuellement avec un escompte d’environ 10 % en raison des craintes des investisseurs liées aux acquisitions futures et à l’électrification des transports.

Après avoir tenté sans succès d’acheter en début d’année le géant français de l’alimentation Carrefour, la direction de Couche-Tard a expliqué qu’elle songeait aussi à exploiter des établissements de restauration rapide, des magasins à 1 $ et des commerces pour voyageurs (aéroports et gares, par exemple).

Une possible avenue de croissance

Une autre possibilité, souligne Chris Li, est la vente de carburant aux camionneurs (B2B) aux États-Unis. « C’est une attrayante opportunité à long terme, car c’est un secteur très fragmenté où les trois plus gros joueurs (Flying J, Love’s Travel Stops et TravelCenters of America) se partagent environ 30 % du marché, mais aussi parce que le commerce électronique génère une croissance structurelle de ce marché et que l’électrification se prête moins bien aux camions lourds. »

Philippe Hynes s’attend aussi à ce que les membres de la direction parlent du « nouveau niveau » des marges de carburant. « Particulièrement aux États-Unis, car grâce à leur taille, et au rebranding des stations-service vers Circle K, et avec la technologie et l’analyse de données qu’ils ont apportées, je pense que les marges de carburant demeureront à des niveaux supérieurs », dit-il.

« Je m’attends à ce qu’ils abordent le sujet pour convaincre les investisseurs de la tendance à long terme et qu’ils parlent de la façon dont ils utilisent de nouvelles technologies pour rendre le processus plus efficace et optimal. »

L’action de Couche-Tard est de retour en altitude, ayant clôturé à 46,80 $ mardi à Toronto. Le titre est en hausse de 30 % depuis son creux de janvier.

Au total, 11 des 16 analystes qui suivent Couche-Tard recommandent l’achat du titre. La cible moyenne sur 12 mois est de 51,87 $.