Après avoir été les premiers au Canada en novembre 2019 à se syndiquer, les animateurs numériques du studio montréalais Oasis ont signé leur première convention collective le 23 juin dernier.

Le salaire des 22 animateurs de ce studio, qui a notamment collaboré aux dessins animés Caillou, Arthur, Martha Bla Bla et Walter & Tandoori, a ainsi grimpé de plus de 25 %, passant d’un minimum de 16 $ l’heure à 20 $ l’heure. À l’échelon le plus élevé, ces artisans pourront gagner jusqu’à 33 $ l’heure. La convention collective, d’une durée de trois ans, prévoit en outre une limitation de la sous-traitance si elle entraîne des mises à pied, des règles transparentes pour l’attribution des postes et le droit de se faire offrir un poste sur une nouvelle production à la fin d’un projet.

IMAGES EXTRAITES DU SITE OASISANIMATION.COM


Le salaire des 22 animateurs du studio montréalais Oasis, qui a notamment collaboré aux dessins animés Caillou, Arthur, Martha Bla Bla et Walter & Tandoori, a grimpé de plus de 25 %, passant d’un minimum de 16 $ à 20 $, en vertu de la première convention collective signée le 23 juin dernier.

Pour Tamarind King, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Oasis Animation, affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN), il s’agit de l’aboutissement de plus de 18 mois de préparatifs et de négociations qui n’ont pas toujours été harmonieuses. « Ça avait bien commencé, ça s’est dégradé, puis nous nous sommes mobilisés en début d’année, et c’est allé mieux. Mais il n’y a pas eu d’intimidation [de la part de l’employeur]. »

« Ça ne paie pas ton loyer »

Il peut sembler a priori étonnant que les artisans au cœur de la réalisation de dessins animés, souvent titulaires d’un baccalauréat, n’aient droit qu’à un salaire à peine supérieur au salaire minimum. « C’est très dur de savoir combien les autres sont payés : à moins de le dire publiquement, les animateurs ne savaient pas qu’ils étaient sous-payés », explique Mme King. Elle précise en outre que les animateurs sont parfois recrutés à l’étranger. « Quand tu viens d’un autre pays, tu ne sais pas que 16 $ l’heure, ça ne paie pas ton loyer, à moins d’avoir des colocataires. Et il s’agit aussi d’un marché où les animateurs peuvent être facilement remplacés. »

Dans cette industrie, déplore-t-elle, chaque animateur a son propre contrat de travail et connaît peu ses droits. « [Les animateurs] ne sentent pas qu’ils peuvent changer les choses ; beaucoup ne savent même pas qu’elles peuvent s’améliorer. Ils trouvent normal de souffrir pour leur art. »

Du côté d’Oasis Animation, qui compte au total 150 employés, on se dit « heureux du dénouement des négociations ». « On a eu un bon dialogue tout au long », affirme Marie-Claude Savard, directrice aux communications et au marketing chez Sphère Média, propriétaire du studio. « On est heureux de savoir qu’on va passer à autre chose et continuer à travailler à l’avenir de l’entreprise et à sa croissance. »

Partir de zéro

La longue durée des négociations, assure Mme Savard, était due au fait qu’il s’agissait d’une première dans l’industrie. « Il y avait beaucoup de défrichage à faire. »

La présidente du syndicat reconnaît elle aussi qu’« il a fallu partir de zéro » et que la simple rédaction des demandes des employés a pris près de huit mois. « Nous avons commencé les négociations l’été dernier. À son crédit, Oasis a reconnu le syndicat dès le début, le ton des négociations était alors bon, et les membres étaient contents. »

À la FNCC-CSN, on espère qu’il s’agit d’un premier pas dans la syndicalisation de l’industrie de l’animation. « Les conditions méritent grandement d’être améliorées », a déclaré par communiqué Pascale St-Onge, présidente de la FNCC-CSN. « Les balises qui ont été négociées chez Oasis Animation permettront à la fédération de mettre son expertise au service d’autres travailleuses et travailleurs de ce secteur afin de les appuyer dans leur lutte pour de meilleures conditions. »