(New York) Les compagnies aériennes américaines, accablées par l’effondrement du trafic aérien depuis le début de la pandémie, vont recevoir une nouvelle bouée de sauvetage avec le plan de relance économique de Joe Biden et commencent à se préparer à un redémarrage du trafic.

Le plan de 1900 milliards de dollars, qui doit être définitivement adopté mercredi par le Congrès, prévoit 14 milliards pour les sociétés de transport aérien. Elles doivent en échange s’engager à ne licencier personne d’ici octobre.

Cette troisième vague de soutien massif au secteur doit leur permettre de garder la tête hors de l’eau en attendant que les ventes de billets d’avion repartent vraiment à la hausse.  

Dans l’immédiat cela devrait conduire United Airlines et American Airlines, qui avaient prévenu début février qu’elles pourraient licencier jusqu’à 27 000 personnes si les aides n’étaient pas prolongées, à revenir sur leurs décisions.

La situation reste difficile. Les compagnies transportant des passagers ont perdu au total 35 milliards de dollars en 2020, selon la fédération du secteur Airlines for America (A4A).  

Pour faire face à la crise, elles ont déjà largement coupé dans leurs dépenses, depuis le retrait des appareils les plus vieux – et donc les plus gourmands en carburant – de leur flotte, aux nombreux plans de départs volontaires en passant par une offre allégée de boissons et collations à bord.

Mais même avec les aides du gouvernement, les compagnies brûlent encore collectivement 150 millions de dollars chaque jour.  

Elles ont dû s’endetter massivement, comme American Airlines qui a annoncé lundi vouloir lever 7,5 milliards de dollars supplémentaires sur les marchés ; elle a offert en garantie son programme de fidélité.  

Selon la fédération A4A, leur dette a augmenté de 56 % en 2020 pour atteindre 164 milliards de dollars.

Vaccins et arrivée du printemps

Les compagnies se veulent prudemment optimistes.  

Le nombre de passagers est encore à près de 60 % sous le niveau d’avant la pandémie et elles ont toutes reconnu que la reprise serait saccadée : elles ont été échaudées par des regains de demande à l’été et pendant les fêtes l’an dernier, qui se sont rapidement évaporés.  

Mais elles misent sur le déploiement de la vaccination et l’envie chez les consommateurs, après un an de restrictions, de détente et de températures plus chaudes.

À en croire les tendances sur Google, le nombre de recherches pour les compagnies Southwest et United Airlines ont augmenté de 56 % et 30 % depuis Noël, a relevé Jessica Rabe du cabinet DataTrek.

« Les Américains s’intéressent de nouveau au voyage à l’approche des vacances de printemps », en conclut-elle. « Les activités de loisirs ont tendance à revenir plus vite et plus fort après une récession que les voyages d’affaires, et les aides aux consommateurs (prévues dans le plan de relance économique, NDLR) devraient contribuer à la reprise. »

Southwest a déjà assuré avoir vu en février « une amélioration de la demande et des réservations pour les voyages de loisir ».  

« Avec ce virus, on peut se préparer, mais on peut difficilement bien anticiper », a nuancé Nicholas Calio, le directeur de la fédération A4A, lors d’une audience au Congrès début mars.  

Les compagnies aériennes pourraient se retrouver avec des sièges « excédentaires » cet été si la demande déçoit, a-t-il prévenu.

Au plus tôt, selon lui, le nombre de passagers reviendra aux niveaux d’avant la pandémie en 2023 ou 2024.  

Survivre et prospérer

Faute de pouvoir compter sur les lucratifs voyages d’affaires, encore loin de se redresser, les compagnies s’adaptent.  

JetBlue a rajouté des vols à destination de Miami et Key West en Floride ou Los Cabos au Mexico, populaires parmi les touristes.

Pour rassurer les passagers, Delta a prolongé jusque fin avril le blocage des sièges du milieu.  

Elles ont souvent levé les frais d’annulation ou de changement de vols.

D’autres passent de nouvelles commandes pour être prêts à aligner des avions quand le trafic reviendra.

United Airlines a notamment commandé 25 Boeing 737 MAX supplémentaires, pour, selon les mots de son directeur des opérations Andrew Nocella, « non seulement survivre à la crise, mais aussi prospérer ».

Signe de cet optimisme, Boeing a annoncé mardi avoir enregistré en février plus de commandes d’avions que d’annulations pour la première fois depuis novembre 2019.