Les grands industriels du Québec espéraient une réduction de leur facture d’électricité pour refléter la baisse des coûts de l’énergie sur les marchés concurrents. Ils devront composer avec la plus importante augmentation de leur tarif depuis cinq ans.

« C’est extrêmement désolant et dommageable », a commenté hier Jocelyn Allard, le président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité.

La Régie de l’énergie a décidé que le tarif applicable aux entreprises grandes consommatrices d’énergie (tarif L) augmentera de 0,845 % à compter du 1er avril.

La loi qui a modifié la méthode de fixation des tarifs d’électricité (projet de loi 34) prévoit que les hausses annuelles équivaudront au taux d’inflation pour tous les clients d’Hydro-Québec. Cette hausse sera de 1,3 % à compter du 1er avril.

Pour les grandes entreprises, le tarif continue d’être fixé chaque année par la Régie de l’énergie, qui doit tenir compte du maintien de la compétitivité du prix de l’électricité dans le secteur industriel.

L’AQCIE avait plaidé que le prix de l’énergie a diminué aux États-Unis en raison de la baisse du prix du gaz naturel et de la pandémie. Même Hydro-Québec, lors de la publication de ses résultats pour 2020, a fait état d’une baisse de 25 % du prix de l’électricité sur ses marchés d’exportation.

Les grands industriels réclamaient donc une réduction tarifaire de plus de 5 % pour tenir compte de cette baisse.

« Si la compétitivité du tarif L doit être maintenue pour les entreprises faisant affaire au Québec, comme le dit la loi, alors on aurait dû avoir droit à une baisse », souligne Jocelyn Allard, qui aurait espéré au moins un gel tarifaire.

L’augmentation de presque 1 %, la plus importante depuis cinq ans pour cette catégorie de consommateurs, tombe particulièrement mal, selon lui. « Notre position concurrentielle s’érode alors que la valeur du dollar augmente et que la situation économique est difficile pour plusieurs entreprises », déplore-t-il.

Un avantage qui se rétrécit

Le tarif consenti par Hydro-Québec aux grandes entreprises reste plus bas qu’ailleurs, reconnaît Jocelyn Allard, mais l’avantage se rétrécit. Aux États-Unis, plusieurs États consentent des tarifs spéciaux, plus bas que les tarifs affichés, aux grandes entreprises qui s’installent chez eux, fait-il valoir.

« Si les tarifs d’électricité du Québec étaient si extraordinaires que ça, on verrait des entreprises qui viennent s’installer ici, mais il n’y en a pas eu depuis longtemps. »

La multinationale Air Liquide, qui a doublé sa production d’hydrogène à Bécancour, a eu droit à un tarif réduit par rapport au tarif L pour réaliser son investissement, rappelle-t-il. « C’est bien la preuve que ce tarif n’est plus compétitif. »

La Régie de l’énergie n’est pas du même avis, ni Hydro-Québec, qui a rappelé que le tarif L « est parmi les plus compétitifs en Amérique du Nord ».

— Hélène Baril, La Presse