(Ottawa) Les compagnies aériennes affirment que de nombreuses questions demeurent sans réponse quant à la décision du gouvernement fédéral d’exiger que les voyageurs revenant au Canada présentent des résultats négatifs à des tests de dépistage de COVID-19 effectués à l’étranger.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, a annoncé jeudi que les voyageurs aériens à l’étranger devront présenter la preuve d’un test moléculaire négatif – connu sous le nom de test PCR, réalisé avec un écouvillon nasal – qui aura été effectué dans les 72 heures avant le départ, à moins que le test ne soit indisponible dans ce pays.

Le président et directeur général du Conseil national des lignes aériennes du Canada, Mike McNaney, dit que le ministère des Transports n’a pas encore fourni une liste des agences étrangères dont les tests sont jugés acceptables. Il ajoute que le ministère n’a pas non plus précisé comment les employés des compagnies aériennes devront déterminer si un document de test est valide.

La nouvelle mesure, qui impose une quarantaine de 14 jours au Canada quel que soit le résultat du test, causera de la « confusion » et de la « frustration » parmi les transporteurs et les passagers, selon lui.

Le vice-président d’Air Transat, Christophe Hennebelle, estime qu’Ottawa a annoncé l’exigence, qui entre en vigueur jeudi, « à l’improviste » sans consultation préalable ni avis à l’industrie.

Le but des tests – requis pour les voyageurs âgés de cinq ans et plus – est de réduire « l’importation » du virus au Canada en ajoutant un autre niveau de protection, a déclaré Transports Canada dans un courriel.

« La quarantaine de 14 jours est la mesure la plus efficace que nous connaissons pour limiter la propagation de la COVID-19 », a ajouté la porte-parole du ministère, Sau Sau Liu.

M. Garneau a indiqué la semaine dernière que la date de début du 7 janvier avait été choisie pour donner aux compagnies aériennes suffisamment de temps pour se conformer aux nouvelles règles, et que le gouvernement tenterait de fournir des informations sur les endroits où les tests sont disponibles à l’étranger.

Les conservateurs ont demandé lundi à ce que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale se réunisse d’urgence pour discuter de ce sujet « puisque nombreuses questions demeurent encore sans réponse sur cette nouvelle politique de prévoyage », ont écrit les quatre députés conservateurs du comité.

Cette nouvelle règle survient alors que le secteur aéronautique en difficulté perd des revenus à la suite d’un effondrement de la demande causé par la pandémie.

Elle entrera en vigueur dans un contexte où le gouvernement fédéral est critiqué quant à sa Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE), qui permettra à des Canadiens de retour de voyage de toucher 500 $ par semaine pendant leur quarantaine de deux semaines.

Certains politiciens fédéraux et provinciaux sont parmi ceux qui ont décidé de se rendre à l’étranger pendant les Fêtes, malgré les recommandations de la Santé publique qui demandait d’éviter tout voyage non essentiel.

Après minuit, jeudi, les passagers revenant de pays où les tests PCR ne sont « pas disponibles » devront rester dans une « installation de quarantaine désignée » pendant deux semaines à leur arrivée au Canada, plutôt que chez eux comme le peuvent les passagers dépistés, selon Transports Canada.

Le gouvernement n’a pas précisé ce qu’il entend par « pas disponibles » : les tests sont-ils inexistants ou simplement difficiles d’accès ? On ne sait pas non plus comment les passagers pourront prouver que le test est indisponible.

Les compagnies aériennes qui ne se conforment pas à la réglementation – même si certaines parties du plan restent floues pour les transporteurs – peuvent faire face à des sanctions allant jusqu’à 25 000 $, indique le ministère.