Amenez-en, du stress, Xavier Desjardins a l’habitude de bien le gérer. Caché derrière ses fourneaux, le chef cuisinier du Groupe Sportscene est dans l’action à longueur d’année. Comment réussira-t-il à passer de 50 heures de travail par semaine à zéro ? Le jeune homme de 27 ans n’en a pas la moindre idée.

« Je suis tanné de me tourner les pouces et ça ne fait qu’une semaine ! », s’exclame-t-il au téléphone.

À L’Avenue, le restaurant de Boucherville où il cuisine, Xavier Desjardins a vu dégringoler les revenus au rythme de l’évolution des consignes sanitaires. Au départ, il y a eu l’augmentation des mesures d’hygiène et les commandes supplémentaires de désinfectant. Ensuite, la règle des 250 personnes maximum. Puis celle du mètre de distance. Après, le 50 % de la capacité. Et enfin… l’inévitable fermeture.

« Je m’y attendais, dit-il. Quand tu passes de 2000 $ par jour de revenus à 100 $, d’une centaine de clients à six par jour… »

Le chef cuisinier, qui travaille pour le Groupe Sportscene depuis six ans, salue son employeur pour sa gestion de la crise. À l’instar du rendez-vous télévisuel quotidien de 13 h avec le premier ministre, l’équipe de gestion, dont il fait partie, avait des rencontres téléphoniques tous les jours à 15 h.

« Elles venaient toujours après le point de presse de M. Legault. On nous expliquait le point de vue du réseau, ce qu’on allait faire, les mises à pied éventuelles. »

Avant que le gouvernement n’ordonne la fermeture des salles à manger des restaurants, le 22 mars, L’Avenue avait choisi de fermer le 19 mars. Mise à pied temporaire jusqu’à une date que personne ne peut encore estimer.

« J’ai un loyer, je n’ai pas vraiment d’argent de côté, mais je vais m’en sortir avec l’assurance-emploi », affirme-t-il, optimiste.

Il n’y a que les services essentiels d’ouverts, donc pas de dépenses à faire, sauf les paiements mensuels. Ça va aller.

Xavier Desjardins

Ne pas se tourner les pouces

Xavier Desjardins pourrait se la couler douce dans son appartement de Saint-Denis-sur-Richelieu en profitant des prestations d’assurance-emploi. Attendre que le temps passe en compagnie de sa copine. C’est à la campagne, souligne-t-il. Le calme, le décor champêtre.

Or il a su que l’entreprise Bonduelle, située dans sa municipalité, engageait des employés. Pas de prestigieux poste de chef cuisinier, bien sûr. Plutôt un rôle sur une chaîne de production. Mais peu importe ! Il serait utile et, surtout, il ne se tournerait plus les pouces.

« Je pourrais participer à la production de légumes en conserve, explique-t-il. Je peux très bien vivre avec l’assurance-emploi, mais je suis quelqu’un qui aime quand ça bouge. »

Vous faites partie des milliers de Canadiens mis à pied depuis deux semaines ? Vous aimeriez témoigner de votre situation, des démarches que vous devez entreprendre ou faire part de vos interrogations ? Écrivez-nous.