(Montréal) Une semaine après avoir annulé tous ses spectacles et mis à pied la quasi-totalité de ses employés en raison de la pandémie de COVID-19, le Cirque du Soleil affirme n’avoir pris « aucune décision » quant au moyen qui lui permettra de garder la tête hors de l’eau.

L’entreprise serait en train d’explorer plusieurs options afin de restructurer sa dette, ce qui pourrait même l’inciter à se placer à l’abri de ses créanciers, d’après une dépêche de l’agence Reuters, qui cite des sources qui ne sont pas autorisées à parler publiquement.

« Le groupe collabore avec l’ensemble de ses partenaires, ainsi qu’avec les gouvernements fédéral et provinciaux, afin de déterminer comment soutenir la compagnie de la meilleure façon possible et se préparer à un retour aux (activités) dès que la pandémie sera maîtrisée », a écrit une porte-parole, Caroline Couillard, dans un courriel, jeudi.

La dette de la compagnie serait estimée à 900 millions US.

Pas plus tard qu’en février, le fondateur du Cirque, Guy Laliberté, avait décidé de vendre sa participation restante de 10 % à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Le montant de la transaction n’avait pas été dévoilé, mais la valeur de ce bloc d’actions était estimée à bien plus de 100 millions.

M. Laliberté n’a pas voulu commenter, a fait savoir sa porte-parole Anne Dongois.

L’actionnaire principal du Cirque est TPG Capital, avec une participation de 60 %, contre 20 % pour la firme chinoise Fosun Capital Group et 20 % pour le bas de laine des Québécois.

Il y a une semaine, la compagnie avait annoncé la mise à pied de quelque 4700 employés et l’annulation de ses 44 spectacles à travers le monde, dont six qui étaient présentés à Las Vegas, alors que de plus en plus d’endroits optaient pour la fermeture des lieux de rassemblements afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Son président et chef de la direction, Daniel Lamarre, avait estimé qu’il s’agissait du « jour le plus éprouvant de l’histoire » du Cirque.

Interrogé à Québec à la suite de l’annonce, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, conscient de la pression sur les liquidités, avait laissé entendre que le gouvernement Legault allait venir en aide à la société. En fin d’après-midi, jeudi, Mathieu St-Amand, l’attaché de presse de M. Fitzgibbon, n’avait pas voulu commenter, tout comme la CDPQ.

La semaine dernière, l’agence de notation américaine Moody’s avait déjà sonné l’alarme en abaissant la note de crédit du Cirque en plus d’évoquer, dans une note d’analyse, un risque de défaillance « élevé » d’ici la fin de l’année.

« Un faible niveau de liquidités, une demande peu vigoureuse et des conditions économiques difficiles vont accroître la pression sur la flexibilité opérationnelle du Cirque et sur sa capacité à effectuer des investissements une fois que les spectacles auront repris », écrivait Moody’s.

La concentration des activités de la compagnie à Las Vegas, où elle génère environ 35 % de ses revenus, figure parmi les principaux risques qui guettent le Cirque, ajoutait-on.

Pour la période de 12 mois terminée en septembre dernier, le Cirque aurait généré des revenus d’environ 950 millions, avait calculé l’agence new-yorkaise. Au cours de la prochaine année, l’entreprise aura besoin d’au moins 165 millions US, estimait Moody’s, alors qu’elle avait accès à 120 millions US — ce qui comprend sa facilité de crédit — à la fin de 2019.