SNC-Lavalin a dissous son comité spécial mis sur pied en décembre 2018, alors qu’elle faisait l’objet d’accusations criminelles, afin d’étudier certaines options stratégiques, comme l’essaimage d’importantes activités.

Cette décision a été prise étant donné que le brouillard s’est levé sur le chemin à suivre pour permettre à la firme d’ingénierie et de construction québécoise de redresser ses activités, a expliqué vendredi son président et chef de la direction, Ian Edwards.

« C’est maintenant une question d’exécution, a-t-il expliqué, au cours d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre. Nous avons défini ce qu’est l’avenir de cette entreprise. »

En dépit d’une journée difficile à la Bourse de Toronto, l’action de SNC-Lavalin a terminé la séance en forte hausse puisque les résultats trimestriels ont été supérieurs aux attentes. Le titre a progressé de presque 11 %, ou 3,08 $, pour clôturer à 31,20 $.

Aux commandes depuis juin dernier, M. Edwards a décidé que SNC-Lavalin cesserait de soumissionner sur des contrats à prix fixe, dans lesquels les dépassements de coûts sont absorbés par l’entrepreneur, afin de se tourner davantage vers les services d’ingénierie, où les risques sont moins élevés.

Néanmoins, la possibilité de se départir du secteur en difficulté des ressources, qui a affiché une perte ajustée avant impôts de 51 millions au quatrième trimestre, n’est pas écartée et « toutes les options » sont sur la table, a souligné M. Edwards.

SNC-Lavalin avait formé un comité spécial après avoir échoué dans sa tentative d’obtenir un accord avec les procureurs fédéraux afin de mettre de côté les accusations criminelles contre elle à l’époque. Auparavant, l’entreprise avait prévenu qu’elle pourrait se scinder en deux, déménager ses bureaux aux États-Unis et démanteler ses activités canadiennes si elle n’obtenait pas une entente qui lui permettrait d’éviter une poursuite au criminel.

Le 18 décembre, la division de construction de la firme a plaidé coupable à une accusation de fraude pour des gestes posés en Libye entre 2001 et 2011. Ce plaidoyer s’est accompagné d’une amende de 280 millions et d’un arrêt des procédures à l’égard des accusations de fraude et de corruption qui pesaient sur SNC-Lavalin ainsi que sa division SNC-Lavalin International. Un arrêt des procédures a aussi été obtenu pour l’accusation de corruption contre la division de construction.

« L’année 2019 a été difficile pour nous à bien des égards, a expliqué M. Edwards. La société a été mise à l’épreuve et nous avons traversé une période trouble, mais je suis très fier de dire que nous avons pris des mesures décisives. »

En plus de déployer une nouvelle stratégie, SNC-Lavalin a effectué une série de changements au sein de sa haute direction ainsi qu’à son conseil d’administration.

Selon l’analyste Chris Murray, d’Altacorp Capital, les probabilités de voir la firme prendre des mesures draconiennes sont maintenant moins élevées avec la dissolution de son comité spécial.

« La direction semble avoir l’impression d’avoir réalisé la restructuration majeure jugée nécessaire », a-t-il expliqué au cours d’un entretien téléphonique, en prenant soin d’ajouter que certaines activités, comme celles du secteur des ressources, pourraient être vendues.

Mieux que prévu

Au quatrième trimestre, SNC-Lavalin a affiché une perte nette d’environ 293 millions, ce qui tient compte d’une charge liée à l’amende qu’elle a accepté de payer afin de tourner la page sur les accusations criminelles qui la visaient.

Pour la période de trois mois terminée le 31 décembre, la perte nette par action s’est chiffrée à 1,67 $. À la même période l’an dernier, la multinationale avait affiché une perte nette de 1,6 milliard, ou 9,11 $ par action, lorsqu’elle avait comptabilisé une charge de dépréciation de 1,2 milliard.

De leur côté, les revenus ont totalisé 2,44 milliards, alors qu’ils avaient été de 2,56 milliards au quatrième trimestre de 2018.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le profit ajusté par action de SNC-Lavalin s’est établi à 56 cents, par rapport à une perte ajustée par action de 1,31 $ à la même période l’an dernier.

Les analystes sondés par la firme Refinitiv tablaient sur un profit ajusté par action de 42 cents et sur un chiffre d’affaires de 2,28 milliards.

En 2020, SNC-Lavalin s’attend à ce que les recettes de ses services d’ingénierie — qui ont représenté environ les deux tiers de ses revenus du quatrième trimestre — affichent une progression inférieure à 5 %.

Le carnet de commandes de la firme totalisait 15,3 milliards à la fin du mois de décembre, en hausse de 2,5 % comparativement à un an plus tôt. Les contrats clés en main, que SNC-Lavalin ne souhaite plus réaliser, représentaient 3 milliards. Dans le secteur des ressources, la majorité des contrats devraient être complétés d’ici la fin de l’année, ce qui marquera la fin de projets dans l’industrie pétrolière et gazière au Moyen-Orient ainsi qu’en Amérique du Nord.

Du côté des infrastructures, les quatre principaux projets d’infrastructure figurant dans le carnet de commandes de la compagnie comprennent trois contrats de transport collectif, soit le Réseau express métropolitain, la ligne Eglinton Crosstown à Toronto et la ligne Trillium à Ottawa.

Pour l’exercice, SNC-Lavalin a engrangé un bénéfice net de 328,2 millions en 2019 alors que la perte nette s’était chiffrée à 1,32 milliard en 2018 ; les revenus ont décliné de 5,5 %, à 9,52 milliards.