(New York) Le géant américain de la distribution Walmart a annoncé mardi des résultats trimestriels décevants, imputés à des ventes de jouets et de vêtements moins bonnes qu’attendu lors de la période cruciale des fêtes de fin d’année et aux troubles politiques au Chili.

L’enseigne, qui dispose d’une chaîne d’approvisionnement importante en Chine comme d’autres multinationales, a fait savoir qu’elle n’avait pas encore pu estimer l’impact financier de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Le groupe « continue à surveiller les événements au Chili et l’épidémie de coronavirus et n’a pas, pour l’instant, inclus de potentiels effets financiers liés à ces événements dans (s) es prévisions », a précisé Walmart.

La veille, Apple avait jeté une ombre sur les marchés en avertissant qu’il n’atteindrait pas son objectif de ventes lors du trimestre en cours, en raison de cette épidémie, provoquée par l’épidémie apparue en Chine, pays crucial pour le fabricant de l’iPhone.

Walmart a fait le choix pour l’instant de ne pas intégrer cette épidémie dans ses prévisions. Le groupe aux 11 500 magasins implantés dans 27 pays à travers le globe avait profité de la guerre commerciale entre États-Unis et la Chine pour réorganiser sa chaîne de fournisseurs pour ne plus trop dépendre d’un seul pays ou d’une zone géographique.  

En attendant, l’enseigne, considérée comme un baromètre des arbitrages financiers des ménages à bas revenus et de la classe moyenne américaine, a fait état d’un ralentissement de ses ventes.

Le chiffre d’affaires n’a augmenté que de 2,1 % à 141,7 milliards de dollars lors du quatrième trimestre de l’exercice fiscal 2019/20 clos le 31 janvier. C’est inférieur aux attentes (142,49 milliards).

Hiver doux

Les ventes à magasins comparables, indicateur très suivi pour mesurer la santé de l’activité, ont progressé de 1,9 % aux États-Unis, contre une hausse de 2,3 % attendue par les analystes. Elles avaient augmenté de 3,2 % trois mois auparavant.

Les recettes générées en ligne ne sont en hausse que de 35 %, contre une progression de 41 % au troisième trimestre, en dépit de plusieurs opérations promotionnelles, comme lors du « Cyber Monday ». Walmart, qui opère aussi les magasins en gros Sam’s Club, multiplie en effet les initiatives sur ce segment pour rattraper Amazon.  

« Les semaines avant Noël, nous avons enregistré une mollesse dans les achats d’articles des catégories classiques » comme les jouets et les vêtements dans les magasins aux États-Unis, a expliqué le directeur financier Brett Biggs.

« Nous avons analysé les facteurs qui ont affecté nos résultats et sommes en train de mettre en place des solutions pour y répondre », a-t-il ajouté.

La performance de Walmart est scrutée par les experts qui veulent prendre le pouls de l’état de la consommation des ménages, qui a été jusque-là un des principaux catalyseurs de la croissance américaine.

Certains observateurs avaient déjà toutefois prévenu que l’hiver doux aux États-Unis allait avoir des conséquences négatives sur les ventes des groupes de la distribution, déjà affectés par des fermetures de magasins, des dépôts de bilan et des incertitudes liées au coronavirus. En janvier, Target, principal rival de Walmart, a accentué les craintes en abaissant nettement ses objectifs de ventes.

Au final, le bénéfice net trimestriel de Walmart a certes bondi de 12,3 % à 4,1 milliards de dollars mais rapporté par action et ajusté des éléments exceptionnels, référence en Amérique du Nord, il est de 1,38 dollar contre 1,43 dollar escompté en moyenne par les analystes.  

À Wall Street, le titre oscillait entre le rouge et le vert, gagnant 0,66 % vers 17 h 05 GMT.

Les troubles politiques au Chili ont continué également à perturber les activités locales du groupe, a indiqué Walmart, expliquant que le manque à gagner était de 110 millions de dollars sur les trois derniers mois.

Walmart a procédé récemment à des changements dans son équipe dirigeante, se séparant de Greg Foran, le patron du groupe aux États-Unis, et d’Andy Dunn, responsable du commerce en ligne.

Lors d’une journée de présentation de l’entreprise aux investisseurs mardi à New York, le PDG Doug McMillon a insisté sur les économies, dont 60 millions par an sur les sacs en plastique.

Walmart anticipe pour l’exercice 2020/21, ayant démarré le 1er février, un bénéfice par action ajusté compris dans une fourchette de 5 à 5,15 dollars et une progression « d’au moins 30 % » des ventes sur ses plateformes en ligne.

En 2019/2020, le bénéfice net a plus que doublé à 14,9 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires annuel de 523,96 milliards, en hausse de 1,9 %.