(Montréal) Les pilotes d’Air Canada ont ratifié des changements à leur convention collective qui permettront à la ligne aérienne de faire croître ses activités de fret, alors que les lignes aériennes tentent de minimiser les coûts de la pandémie sur leurs résultats.

Le transporteur montréalais a indiqué vendredi qu’il convertirait en avions-cargos plusieurs de ses appareils, des 767-300er de Boeing récemment retirés du service de passagers, et a annoncé la nomination d’un nouveau dirigeant, Jason Berry, pour superviser sa division du transport de fret.

« Air Canada et Air Canada Cargo ont rapidement saisi de nouvelles occasions commerciales uniques en réponse à l’évolution du marché au cours des 11 derniers mois », a affirmé dans un communiqué la vice-présidente générale et chef des affaires commerciales d’Air Canada, Lucie Guillemette.

La ligne aérienne s’est tournée vers le transport de fret pour saisir une occasion en cette année autrement difficile.

En mai, Air Canada a ajouté des vols à destination de Bogota, Lima, Amsterdam, Dublin et Madrid pour son service de fret, qui comprend jusqu’à 100 vols internationaux tout cargo par semaine.

La demande de passagers étant faible, d’autres grandes compagnies aériennes, comme American Airlines et United Airlines, ont commencé à exploiter des vols de fret cette année, dans l’espoir d’endiguer leurs pertes. Au troisième trimestre de 2020, les revenus de fret de United ont bondi de près de 50 % par rapport à l’année précédente.

Mais la décision d’Air Canada de convertir plusieurs avions pour transporter du fret nécessitera un investissement plus important dans ses activités de fret qu’auparavant, lorsqu’elle transportait des marchandises sur des avions de passagers vides ou des avions dont les sièges avaient été retirés, a souligné John Gradek, chargé de cours à l’Université McGill et responsable d’un programme de certificat en leadership en aviation. Reste à voir si la baisse de la demande du côté des passagers durera suffisamment longtemps pour que ce pari porte ses fruits, a-t-il ajouté.

La conversion d’avions de passagers en avions-cargos implique de couper le fuselage de l’avion pour créer des portes pouvant être utilisées pour charger du fret, et d’installer des rouleaux sur le plancher de l’avion, un effort qui peut coûter des dizaines de millions de dollars par avion, selon M. Gradek.

« L’avion doit être littéralement reconstruit pour fonctionner comme un cargo », a expliqué M. Gradek. « Ce n’est pas comme si vous retiriez simplement des sièges avant de partir. »

Les compagnies aériennes canadiennes attendent toujours une décision d’Ottawa au sujet d’un soutien financier propre à leur industrie. Le gouvernement s’est engagé en septembre à soutenir les entreprises durement touchées dans les secteurs du voyage et du tourisme, mais il n’a pas encore annoncé de plan détaillé.

Les changements apportés à la convention collective des pilotes permettront au transporteur de procéder à une exploitation concurrentielle dans le marché du fret aérien, a fait valoir le transporteur.

Le président du conseil de gouvernance de l’Association des pilotes d’Air Canada, Michael McKay, a indiqué que les membres de l’organisation avaient voté sur les modifications de la convention collective plus tôt ce mois-ci. Les avions Boeing, qui ont été cloués au sol et préparaient leur sortie de la flotte d’Air Canada, formeront une nouvelle flotte une fois convertis en configuration cargo, a précisé M. McKay.

M. Berry, qui entrera en fonction le 1er janvier, était précédemment président de McGee Air Services, filiale en propriété exclusive d’Alaska Airlines. Il a été responsable des activités de fret d’Alaska Airlines de 2012 à juin 2019.