(Montréal) Tel qu’ils l’avaient annoncé vendredi, les quelque 1125 débardeurs du port de Montréal ont déclenché, lundi matin, une grève de quatre jours qui devrait s’étirer jusqu’à vendredi matin, paralysant ainsi une bonne partie des activités du port.

Il s’agit de la deuxième grève en l’espace de quelques semaines pour ce syndicat affilié au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). La première avait duré 40 heures, entre les 2 et 4 juillet, et n’avait touché que deux terminaux exploités par la Société Terminaux Montréal Gateway (MGT).

Plus long, ce deuxième effort est aussi plus étendu, couvrant l’ensemble des terminaux où il était possible de cesser les activités. Le terminal destiné au vrac liquide — essentiellement des produits pétroliers — n’utilise pas les services des débardeurs. Ceux qui sont destinés aux produits céréaliers ne peuvent faire l’objet d’un arrêt de travail en vertu du Code canadien du travail. Finalement, le syndicat s’est engagé à maintenir les activités pour les navires d’Oceanex, qui approvisionnent Terre-Neuve-et-Labrador en biens essentiels.

Horaires de travail

Les horaires sont « l’un des enjeux fondamentaux » au cœur des discussions entre le syndicat et l’Association des employeurs maritimes (AEM), leur employeur, selon le conseiller syndical Michel Murray.

Depuis de nombreuses années, l’horaire des débardeurs prévoit une disponibilité 19 jours sur 21.

C’est une disponibilité 19 jours sur 21 qui s’est transformée en 19 jours travaillés sur 21 en raison des années record par-dessus record au port de Montréal.

Michel Murray, conseiller syndical au Syndicat canadien de la fonction publique

L’employeur, qui a refusé de commenter les négociations, est d’accord qu’une refonte s’impose, selon lui. De la proposition des syndiqués, il ne retiendrait toutefois que les portions à son avantage, déplore le syndicat.

À l’origine, explique M. Murray, le contrepoids de la grande disponibilité des travailleurs était l’assurance d’être payés pour les jours de semaine non travaillés. Or, ces jours non travaillés n’existent plus en raison du fort achalandage, et l’employeur souhaiterait que la refonte des horaires s’effectue « à coût nul » par rapport à la situation actuelle, ce que n’accepte pas le syndicat.

Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a indiqué lundi s’inquiéter d’une nouvelle grève au terme de ces quatre journées. Même si les volumes sont actuellement réduits, à cause des effets économiques de la pandémie, plusieurs entreprises sont fragilisées et ont besoin de consacrer leurs efforts à autre chose que gérer les conséquences de la grève sur leur chaîne d’approvisionnement, selon lui.

Ce qui nous inquiète, c’est qu’on soit sur une trajectoire où ça va se reproduire et que ça incite certains transporteurs à revoir leurs routes.

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Sept ou huit navires touchés

Quatre navires avaient déjà été touchés par la grève au cours de la journée de lundi, et trois ou quatre autres pourraient l’être un peu plus tard au cours de la semaine, selon une porte-parole du Port de Montréal, Mélanie Nadeau. Le Port n’est pas l’employeur des débardeurs.

Un premier de ces navires est parti rapidement avant le déclenchement de la grève, lundi matin, sans avoir pu charger tout son contenu. Un deuxième, qui devait visiter Montréal puis Halifax, a décidé d’inverser son trajet. Un troisième, un navire de conteneurs du géant MSC provenant de Liverpool, en Angleterre, est à l’ancre au large de Rivière-du-Loup en attendant. Finalement, un navire devant transporter du sucre et amarré derrière l’usine de Sucre Lantic devra probablement y rester plus longtemps que prévu.

L’administration du port attendait par ailleurs de connaître les intentions de trois ou quatre autres navires dont l’arrivée était prévue au cours des prochains jours.

L’un des opérateurs portuaires membres de l’AEM, Termont, a fait appel à des cadres pour déplacer des conteneurs sur des wagons « à des fins de sécurité et pour libérer les voies ferrées », selon un communiqué de l’AEM.

Le syndicat a vivement critiqué cette décision, la qualifiant de provocation « épouvantable » et de « déclaration de guerre ».