Bombardier a subi une perte de 200 millions US au premier trimestre de 2020, comparativement à un gain de 239 millions à pareille date l’an dernier, et a accueilli un nouvel investissement de 386 millions US de la Caisse de dépôt.

Bien que la multinationale québécoise ait vu ses revenus progresser de 5 % pour atteindre 3,7 milliards, une part importante de ces nouvelles entrées de fonds provenait de projets peu ou pas rentables, ce qui a nui à sa marge bénéficiaire, explique-t-elle.

La pandémie a aussi eu son effet sur les résultats financiers du trimestre conclu le 31 mars. Bombardier estime qu’elle a eu un impact négatif de 600 à 800 millions US sur ses liquidités, principalement à cause de son « incapacité à livrer des avions après que le gouvernement a imposé des restrictions de voyage, les interruptions temporaires de la production dans plusieurs installations importantes et une baisse plus importante que prévu des nouvelles commandes attendues à la fois par Aviation et par Transport ».

Concrètement, Bombardier « s’est fait prendre avec quelques avions que nous n’avons pas pu livrer pour des raisons logistiques » liées à la pandémie, a expliqué le chef de la direction John Di Bert. Ceux-ci dorment dans son inventaire en attendant que les clients puissent se déplacer pour en prendre livraison et l’entreprise ignore quand il sera possible de les convertir en chèques.

Par conséquent, ses liquidités ont fondu de 1,6 milliard au cours du trimestre, nettement plus que le milliard du même trimestre en 2019. Le résultat aurait été encore pire, n’eût été la vente des parts restantes dans l’A220, qui a rapporté 531 millions US, et un nouvel investissement de 386 millions US dans la filiale Transport provenant de la Caisse de dépôt, en échange d’actions. Cette division doit être vendue à Alstom.

Cet investissement est assorti des mêmes termes que celui réalisé en 2016, a indiqué la direction de Bombardier. Celui-ci était assorti d’un rendement minimum annuel garanti de 15 %.

Bombardier compte présentement 2,1 milliards US dans ses coffres et 550 millions US provenant de la vente de la division CRJ à Mitsubishi, dont la clôture a été confirmée mercredi soir, s’y ajouteront le 1er juin. En revanche, l’entreprise s’attend à un niveau d’utilisation de ses liquidités « similaire à celui du premier trimestre », soit encore 1,5 milliard, « avant de se rétablir graduellement au cours du second semestre de l’année ».

Baisse de cadence

L’entreprise annonce également son intention de réduire les cadences de production de ses avions d’affaires. L’ampleur de la réduction n’a pas encore été déterminée, mais Bombardier affirme vouloir aligner sa production « sur la demande du marché qui devrait accuser une baisse de 30 % à 35 % par rapport à celle du trimestre correspondant de l’exercice précédent ».

Son modèle le plus récent, le Global 7500, est exclu de ce ralentissement et sa cadence devrait continuer de croître. Le ralentissement touchera donc principalement les modèles Challenger 350 et 650, assemblés à Montréal.

Avant la pandémie, ces avions étaient fabriqués au rythme respectif d’un à tous les 4 jours et 18 jours. L’entreprise n’a pas précisé l’impact que pourraient avoir ces ralentissements sur sa main-d’œuvre.

Le nouveau président et chef de la direction, Éric Martel, a pris la parole publiquement pour la première fois jeudi matin, à l’occasion de la traditionnelle conférence téléphonique avec les analystes financiers.

« J’ai lancé le message de façon très claire à l’intérieur de l’entreprise que nous n’avons pas répondu aux attentes et que nous devons devenir beaucoup plus prévisibles », a-t-il indiqué.