L’économie québécoise a beau fonctionner à plein régime, la plus grande capitalisation boursière de la province, le CN, commence à ressentir les effets d’un certain ralentissement économique, ce qui explique son intention d’effectuer jusqu’à 1600 licenciements.

L’entreprise avait laissé présager ce qui se tramait lors de la publication de ses derniers résultats financiers, le 22 octobre dernier, en parlant à quelques occasions « d’ajustements » de ses « ressources », lesquelles incluent à la fois ses équipements et son personnel.

Vendredi, le Globe and Mail confirmait que l’entreprise prévoyait un total d’environ 1600 licenciements, certains ayant déjà été effectués. Un porte-parole de l’entreprise s’est dit hier incapable de chiffrer la proportion des licenciements qui avaient déjà été effectués.

« Les investissements en capitaux des entreprises sont plus faibles, le secteur manufacturier a ralenti, les livraisons de pétrole par rail et le sable servant à la fracturation sont volatils et les échanges commerciaux sont fortement sous pression », a résumé le président et chef de la direction du CN, Jean-Jacques Ruest, lors de la présentation des résultats.

Cela suggère que l’industrie nord-américaine du rail, dont le volume a chuté de 4,5 % au troisième trimestre, va continuer de sous-performer par rapport au PIB.

Jean-Jacques Ruest

Même si le CN performe généralement mieux que le reste de son industrie, le ralentissement va aussi le toucher. Depuis le début du quatrième trimestre, ses volumes ont diminué de 5,9 % par rapport à la même période l’année dernière. Toutes les catégories de fret sont en baisse.

Il s’agit d’une accélération de la baisse par rapport au troisième trimestre, au cours duquel les volumes avaient cédé 1 %. Au total, le CN devrait terminer l’année 2019 avec des revenus tonne-mile en légère baisse, alors qu’on s’attendait à une croissance d’environ 5 %.

Précurseur ?

De là à croire que les résultats du CN sont annonciateurs d’un ralentissement économique plus généralisé, il n’y a qu’un pas, que l’économiste principale chez Desjardins Joëlle Noreau refuse de franchir.

« C’est difficile de se baser seulement sur un seul indicateur », note-t-elle, d’autant que de nombreuses autres données, notamment sur la création d’emplois, sont plutôt positives.

Le ralentissement attendu par le CN est aussi attribuable à des facteurs plus ponctuels que macroéconomiques.

L’industrie forestière en Colombie-Britannique s’est réorganisée et ne fera plus autant appel au rail, a expliqué l’entreprise. Les volumes pétroliers en Alberta sont faibles, mais pourraient reprendre à compter de la deuxième moitié de 2020, espère-t-on.

Réductions de coûts

L’entreprise a déjà mis en place différentes mesures pour réduire ses coûts. À devise constante, ceux-ci n’ont jusqu’ici pas augmenté par rapport à l’année dernière, a indiqué le chef de la direction financière, Ghislain Houle.

Une partie des licenciements toucheront les ateliers mécaniques de l’entreprise, moins occupés en raison du rajeunissement du parc de locomotives. Les employés du siège social, à Montréal, ont aussi été regroupés pour libérer environ 75 000 pieds carrés d’espace. Des mesures opérationnelles ont permis de réduire de 4 % la consommation de carburant.