Les membres de Desjardins recevront dès cette semaine un message par l’entremise de la plateforme AccèsD pour leur offrir de s’inscrire au service de surveillance de crédit d’Equifax. Pour l’instant, l’institution cherche ce qui peut être fait pour joindre les membres qui n’utilisent par ses services internet.

L’augmentation du nombre de victimes du vol de données de Desjardins de 2,9 millions à 4,2 millions n’occasionnera pas de hausse du budget consacré par l’entreprise à gérer la crise. « Au deuxième trimestre, on a annoncé qu’on y consacrerait 70 millions de dollars, explique Chantal Corbeil, porte-parole, relations publiques, du Mouvement Desjardins. Il n’en faudra pas plus. » Quant au plan mis en place il y a quelques mois pour gérer la crise – on pense aux appels des membres, aux messages qui leur sont envoyés, à l’aide pour l’enregistrement au service d’alerte d’Equifax –, il demeure le même. « C’est une continuité du plan de crise, précise Chantal Corbeil. On avait déjà prévu offrir de la surveillance Equifax à tous, il y a six ou sept semaines, à la demande de nos membres. »

Depuis lundi, ceux qui utilisent le service en ligne AccèsD reçoivent donc dans leur boîte un message pour leur offrir de s’inscrire à Equifax. Ils recevront éventuellement un nouveau code.

L’envoi des codes se fera graduellement pour ne pas engorger le système. Tous les membres recevront un code d’ici au 31 janvier 2020. Et ils auront jusqu’à avril pour activer le service.

Chantal Corbeil

Depuis le début de l’été, au déclenchement de la crise, 1,08 million de membres se sont inscrits au système d’alerte d’Equifax (pour recevoir une alerte quand une demande de crédit est faite), soit 40 % des personnes qui ont obtenu le code d’activation. Et depuis juillet, Desjardins offre aussi à ses membres une protection qui comprend un service d’accompagnement (par un psychologue, un avocat…), une couverture des actifs et jusqu’à 50 000 $ pour couvrir les frais déboursés pour retrouver son identité en cas de fraude.

La nouvelle vague de membres touchés par la fuite de données ne doit pas s’attendre à recevoir une lettre de Desjardins, mais bien à être jointe par l’entremise d’AccèsD. « Si on n’a pas de réponse d’un membre par la suite, on enverra une lettre, dit Chantal Corbeil. On est en train de réfléchir sur ce qu’on doit faire pour ceux qui ne sont ni sur internet ni sur AccèsD. »

« Pas acceptable », selon le ministre Fitzgibbon

Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, juge inacceptable le fait que tous les membres de Desjardins soient touchés par la fuite de données. « C’est préoccupant pour le Québec, 4,2 millions de clients, ce n’est pas acceptable. On est très, très, très soucieux de ça », a-t-il dit lundi, interrogé après un discours devant le Cercle canadien. « C’est [le ministre des Finances] Eric Girard qui a le dossier [et qui a déjà parlé d’un système de verrou de crédit]. Il va passer un projet de loi bientôt. On est en train de négocier avec TransUnion et Equifax pour qu’il y ait un système d’alerte plus élevé et si on réussit, on va être la seule province à faire ça. »

Le nombre de nouveaux membres maintenu

Malgré la crise des derniers mois, le Mouvement Desjardins affirme avoir 35 000 nouveaux membres depuis le début de 2019, dont 15 000 nouveaux depuis juin. Un chiffre qui se maintient par rapport à 2018 (40 000 membres).

Et comment se portent les employés et gestionnaires de Desjardins ? L’été dernier, ils ont notamment eu droit à de la massothérapie sur chaise « pour faire descendre le stress, explique la porte-parole. Comme les gens n’ont pas vraiment eu de vacances, à l’été, on a été très flexibles pour la prise de vacances. Les employés pouvaient reporter sans problème leurs jours de congé. Il y a aussi eu beaucoup de temps compensé ».

« [Ce nouveau chiffre annoncé] est une mauvaise nouvelle, ajoute Chantal Corbeil. Il faut faire face à la musique. Mais notre plan de match demeure le même. On pense qu’on est sur la bonne voie. »

Depuis vendredi dernier, Desjardins affirme toutefois ne pas avoir constaté de hausse d’appels liés aux membres qui se savent désormais touchés par la fraude. Selon Chantal Corbeil, le temps d’attente moyen au téléphone est d’environ cinq minutes.

— Avec la collaboration d’Hélène Baril, La Presse