Alstom a annoncé mercredi une très forte progression de ses résultats au premier semestre de son exercice décalé 2018-2019, avec un carnet de commandes très rempli, quelques mois avant sa fusion prévue avec les activités ferroviaires de l'allemand Siemens.

Le constructeur ferroviaire français a publié un bénéfice net plus que triplé pour le semestre, à 563 millions d'euros (un euro = 1,49$ CAD), contre 177 millions un an plus tôt.

Le chiffre d'affaires est en hausse de 20 % à 4,01 milliards d'euros, tandis que les prises de commandes ont plus que doublé à 7,12 milliards, a indiqué dans un communiqué le groupe dont le carnet de commandes atteignait au 30 septembre le niveau record de 38,1 milliards d'euros (en hausse de 9 % sur un an).

Le semestre a été particulièrement faste, avec notamment la commande de 100 « TGV du futur » passée par la SNCF en France pour 2,7 milliards d'euros, mais aussi un métro léger automatique pour Montréal, des trains pendulaires en Italie, un système de signalisation embarqué des trains en Norvège, des métros à Bombay, Taipei et Sydney, des locomotives au Maroc...

L'Europe représentait sur le semestre 50 % du chiffre d'affaires, 60 % des commandes nouvelles et 44 % du carnet de commandes. Par types de produits, le matériel roulant - plus spectaculaire que les services ou la signalisation - représentait 43 % du chiffre d'affaires et 56 % des commandes, passant la barre de la moitié du carnet de commandes.  

Alstom, qui se félicite d'« excellents résultats » et note en particulier que le résultat net « exceptionnellement élevé », a adapté ses chiffres à la nouvelle norme comptable IFRS15 depuis l'an dernier. Il avait au premier semestre 2017 publié un résultat net de 213 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 3,7 milliards.

La nouvelle norme prend en compte dans le chiffre d'affaires les coûts encourus au fil de la progression des projets, et non plus simplement les grands jalons de ces projets.

Dividendes exceptionnels

« Le carnet de commandes à un nouveau niveau record fournit une visibilité importante sur les ventes à venir et notre performance opérationnelle remarquable reflète l'exécution solide des projets », a commenté le PDG Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué.

Pour l'ensemble de l'exercice, Alstom attend un chiffre d'affaires d'environ 8 milliards d'euros, contre 7,35 milliards en 2017/18 - mais 7,95 milliards publiés alors -, avec une marge d'exploitation ajustée d'« environ 7 % » (contre 5,4 % sur l'exercice précédent et « jusqu'à 7 % » jusqu'à présent).  

« À moyen terme, Alstom devrait continuer à "surperformer" la croissance du marché, à améliorer graduellement sa profitabilité, et à améliorer sa génération de liquidités, avec une volatilité possible sur de courtes périodes », ajoute le PDG.

Concernant la fusion avec Siemens Mobility, dont la finalisation est attendue au premier semestre 2019, Alstom note que les deux groupes « vont maintenant discuter des préoccupations détaillées de la Commission » européenne, qui leur a communiqué ses « griefs » fin octobre.

Bruxelles craint notamment que la fusion « ne réduise la concurrence pour la fourniture de plusieurs types de trains et de systèmes de signalisation », et pourrait exiger des cessions d'actifs.

« Toutes les étapes sont franchies, exactement comme nous l'attendions », a indiqué M. Poupart-Lafarge à des analystes.

En attendant, Alstom prépare l'opération, annonçant que ses actionnaires existants à la clôture du jour ouvré précédant la date de réalisation de la transaction recevront des dividendes exceptionnels.

Alstom veut également mettre en place un programme de rachat d'actions qui permettra d'annuler le nombre de titres nécessaire pour assurer au groupe Siemens un peu plus de 50 % du capital du français au moment de la fusion.