Bank of America a dépassé les attentes au troisième trimestre, grâce aux économies et surtout aux revenus engrangés dans le courtage dont le bond a confirmé la renaissance des activités spéculatives à la grande joie de Wall Street.

Bank of America a enregistré de solides résultats au troisième trimestre, essentiellement grâce aux revenus engrangés dans le courtage, dont la progression confirme la renaissance des activités spéculatives, à la grande joie de Wall Street.

La deuxième banque américaine en termes d'actifs a annoncé lundi une hausse de 6,6% sur un an à 4,45 milliards de dollars de son bénéfice net entre juillet et septembre. Ce résultat s'est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 41 cents, contre 33 cents attendus en moyenne <par les analystes.

Le chiffre d'affaires a pour sa part progressé de 3,1% sur un an à 21,64 milliards de dollars, contre 20,94 milliards espérés en moyenne.

À Wall Street, l'action prenait 1,13% à 16,18 dollars vers 8h50 dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de la séance.

«Nous avons réussi à accroître nos revenus, à réduire nos coûts et à continuer à bien gérer les risques», s'est félicité le PDG Brian Moynihan, au moment où le débat sur l'intégrité de Wall Street est relancé par l'affaire des comptes fictifs de Wells Fargo.

Comme ses rivales JPMorgan Chase et Citigroup la semaine dernière, Bank of America doit sa solide performance aux activités de courtage, dont le chiffre d'affaires a bondi de 16,2% à 4,36 milliards de dollars pour un bénéfice de 1,1 milliard de dollars (+34,2%).

«C'est le meilleur trimestre du courtage en cinq ans», a souligné le directeur financier Paul Donofrio, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Cette dynamique s'est prolongée au mois d'octobre, a ajouté le responsable, faisant néanmoins remarquer que le quatrième trimestre est traditionnellement moins actif sur les marchés financiers que les trois premiers. En d'autres termes, il n'est pas exclu que l'activité ralentisse en novembre et décembre.

En attendant, le courtage des produits financiers tels que les obligations, les matières premières, les devises et autres produits de crédits, baptisés «revenus fixes» ou «FICC», a vu son chiffre d'affaires bondir de 39%, ce qui a permis de limiter le recul de 17% observé sur les produits financiers liés aux actions.

2000 emplois supprimés

Les recettes des «revenus fixes» avaient flambé de 33% chez JPMorgan et de 16% chez Citigroup.

BofA a aussi enregistré une hausse de 9,5% des commissions versées à ses banquiers d'affaires par les entreprises, les gouvernements et autres municipalités dans des transactions financières, telles des levées de fonds et des fusions-acquisitions.

Ces solides performances du courtage et de la banque d'affaires confortent le choix de la banque de rester un groupe diversifié, notamment en cette période de taux d'intérêt bas rongeant ses marges dans les activités traditionnelles de crédits et de financement des PME.

Bank of America, qui employait 209.000 personnes fin septembre, continue aussi de jouer sur un autre levier: les économies.

L'établissement, qui semble avoir tourné la triste page des crédits «subprime» lui ayant coûté des dizaines de milliards de dollars d'amendes, a diminué de 3% ses dépenses opérationnelles, grâce principalement à des fermetures d'agences et à 2.000 suppressions d'emplois sur le troisième trimestre.

Durant l'été, Brian Moynihan, sous pression des investisseurs pour améliorer la rentabilité du groupe et verser de meilleurs dividendes, a promis de durcir la cure d'austérité, avec un nouveau plan d'économies de 5 milliards de dollars d'ici 2018.

Dans l'attente d'un changement de politique monétaire de la banque centrale (Fed), Bank of America a réussi à augmenter les volumes des dépôts bancaires (+6%) et des crédits (+3%), de sorte que le bénéfice de la banque de détail, dont les principales opérations sont tournées vers les ménages, a crû de 3,2% à 1,81 milliard de dollars mais le chiffre d'affaires a stagné à 7,97 milliards.

L'établissement de Charlotte (Caroline du Nord) compte quelque 47 millions de clients -particuliers, TPE et PME- aux États-Unis et concentre le plus gros volume de dépôts, ce qui le rend particulièrement sensible à l'évolution des taux d'intérêt.